« Il est plus facile de se rendormir après un rêve où on est assassiné, qu'après un rêve où on est un assassin. »
Eugène Ionesco

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Françoise Lalande

Françoise LALANDE

La séduction des hommes tristes
Luce Wilquin

1 | 140 pages | 21-11-2010 | 14€

Deux personnages principaux incarnent ce roman qui se déroule au Mexique, un homme déjà âgé et exilé et une femme plus jeune, indienne, qui appartient au monde des humiliés, des pauvres à l’avenir plus qu’obscurci. L’homme se fond dans une ambiance triste et sereine, triste et douce, après moult voyages, toujours chassé, il est venu là, au bord d’une plage, attendre calmement et avec philosophie la mort. Sa rencontre avec la jeune Alegria n’y changera rien. Il revient sur son passé, sur ses rêves d’enfant, notamment celui de venger l’empereur Maximilien qui après avoir pris une jeune maîtresse indienne fut exécuté ce que décrivit Manet dans son superbe tableau « L’exécution de l’empereur Maximilien », sur les femmes qui ont partagé son existence toujours temporairement, et explique pourquoi il a choisi de s’installer, là, auprès des exploités. Il ressent une tendresse différente et inhabituelle pour cette jeune indienne qui fait renaître l’espoir dans ce cœur épuisé. Mais nous sommes cependant au Mexique et le jour de la fête des morts, il n’y a pas que des pétards qui éclatent… Un beau texte sous la forme de courts chapitres, d’une écriture précipitée et réaliste qui aborde sans larmoiement et toujours en finesse l’exil, la douleur, la pauvreté, l’abandon, le malheur…

« … il avait expérimenté le bonheur d’être son unique guide, son propre maître, sans que rien ni personne ne se dresse devant lui pour le vaincre, jusqu’au jour où il était tombé éperdument amoureux d’une femme qui lui avait enseigné l’art de souffrir comme un damné, il avait continué de l’aimer, en dépit de cette souffrance, ou, qui sait ?, grâce à elle, aussi avait-il rejoint la cohorte des hommes tristes, séducteurs pas le mystère même de cette blessure d’amour, que les femmes devinent, attirées par la tristesse comme des abeilles butineuses, dans le défi qu’elles se lancent d’en guérir l’homme jusqu’à détruire le souvenir de celle qui avait planté cela dans son cœur… »

Fiche #868
Thème(s) : Littérature française