« Car être humain, c’est être frappé de cette effrayante malédiction, le besoin méthodique de détruire la Nature et sa propre nature. Seule une conscience animale semble capable d’apaiser l’humain. »
Daniel Besace

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Philippe Claudel - Le rapport de Brodeck

Philippe CLAUDEL

Le rapport de Brodeck
Stock

401 pages | 19-08-2007 | 21.85€

Un village de l’est de la France (ou d'ailleurs) où l’on parle un patois proche de l’allemand se réveille au lendemain de la guerre avec ses secrets. Brodeck est revenu des camps et a connu l'innommable et le degré zéro de l'humanité ce qui bouleversera à jamais son appréhension de l'Homme. Il n’est pas né au village, il y est arrivé enfant avec Fédorine, sa mère adoptive, s’y est installé et a réussi à se faire accepter par ce village isolé (« C’était un temps où personne encore n’avait peur des étrangers même lorsqu’ils étaient les plus pauvres des pauvres »). Il fut même envoyé par le village à la capitale pour ses études mais revint en catastrophe suite à la montée du fanatisme et à une première nuit sanglante d’épuration. Et puis, un jour, avec son cheval et son âne, un homme arrive de nulle part et trouble la quiétude du village. L’autre (« Der Anderer ») semble connaître sa destination et s’installe à l’auberge du village. Il est si différent : il s’habille différemment, il est érudit, il parle à son cheval et à son âne, il prend des notes et en plus il sourit... Quelles sont ses intentions ? Que veut-il ? Que cache-t-il ? Espèce de fantôme du passé, les habitants se persuadent qu’il connaît leurs secrets ou qu’il est venu pour les découvrir. La tension croît jusqu’à sa disparition le soir de l’Ereigniës (« la chose qui s’est passée ») comme si le village avait peur de dévoiler de lourds secrets partagés mais tus par tous. Brodeck, le seul qui maîtrise les mots (« Je préfère écrire. Il me semble alors que les mots deviennent très dociles, à venir me manger dans la main comme des petits oiseaux, et j’en fais presque ce que j’en veux, tandis que lorsque j’essaie de les assembler dans l’air, ils se dérobent »), est chargé de rédiger le rapport rendant compte de cette apparition furtive. Il rédigera en réalité deux rapports qui vont se mêler (entremêlement traduit également dans la construction du roman) celui de l’Anderer et celui de sa vie (« Il faut que je raconte l’arrivée de l’Anderer, chez nous, mais j’ai peur : peur d’agiter des fantômes, et peur des autres »). Ces deux vies ne se rejoignent-elles pas ? Deux destins tragiques, destin de l’humanité ? Au péril de sa vie, il cherchera à comprendre cette énigme qui est aussi la sienne tout en témoignant de la Shoah. Un roman grave, sur la peur (éternelle ?) de l’Autre mais aussi sur l’histoire chaotique de l’humanité donc l’histoire de chacun de nous. Dense, puissant, implacable, universel, intemporel et superbe !

Fiche #267
Thème(s) : Littérature française


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