« Les enfants commencent par aimer leurs parents ; devenus grands ils les jugent ; quelquefois ils leur pardonnent. »
Oscar Wilde

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Héléna Marienské

Héléna MARIENSKÉ

Rhésus
POL

1 | 316 pages | 17-09-2006 | 19.25€

Une vieille dame, Raphaëlle, est accueillie pour son plus grand malheur dans une maison de retraite où chacun tente de survivre. Raphaëlle accrochée à la vie, est déterminée à continuer de vivre coûte que coûte. Elle hait sa fille qui l’a poussée dans ce lieu. Elle deviendra bisexuelle après sa rencontre avec Céleste écrivain homosexuelle (« le genre qui continue à vivre rien que pour le plaisir de vous cracher sa haine ») et Hector ancien militant communiste devenu riche grâce au hasard et que sa fortune et le viagra aident à oublier la mort. Raphaëlle ne peut choisir entre ses deux amours qui la comblent de bonheur, au grand dam de l’entourage quelque peu perturbé par ces liaisons inhabituelles : le scandale ne demande qu’à éclater... Autour de ses personnages principaux gravitent évidemment le personnel de la maison, directrice, médecins, aides-soignants, personne ne manque. Si, une « personne » : un bonobo, un chimpanzé mais qu’est-il exactement ? … débarque et l’extraordinaire (au premier sens du terme) s’installe… La scandale éclate et la révolte gronde, les vieux entrent en résistance, le RAID s’impatiente pour intervenir et même les dirigeants du pays s’impliqueront dans cette crise : on suivra Sinusy, petit Ministre de l’Intérieur sans scrupule et Philippe de la Cour du Pin, Premier Ministre bronzé cherchant à lui nuire…
Chaque chapitre propose la vision d’un personnage des évènements en cours : selon Raphaëlle, selon Céleste, selon Ludovic (infirmier), selon Dhorlac (écrivain invité chargé d’écrire le déroulement de l’histoire), selon Witold (journaliste) et « selon moi » pour conclure. Ces témoignages éclairent différemment l’affaire, nous déroutent, mélangent rêve et réalité et laissent le lecteur maître de son et/ou de leur histoire. Les deux derniers chapitres seront salvateurs pour le lecteur dérouté.

Texte ambitieux et original, un roman (mais est-ce un roman ?) inclassable, incomparable, qui aborde notamment les tabous de la vieillesse de plein fouet : la mort, le sexe, la vie, la drogue, tout y passe ! Récit grotesque, absurde parfois loufoque, parfois émouvant, triste, hilarant, parfois cru, mais toujours décalé. Un livre à ne pas confier aux lecteurs TGV comme les définit Céleste : « Et j’emmerde le lecteur pressé, inculte, dont l’empan intellectuel et linguistique ne dépasse pas trois syllabes et dont le souci majeur est de faire coïncider le temps du livre et son trajet en TGV. »

« On mange tôt dans les maisons de retraite : les serviteurs ont pris le pas sur les maîtres. Quand vient la marche à la mort, il faudrait donc avancer sa montre ? »

« Elle radote un peu, c’est vrai. Et comme elle parle comme un livre, j’ai l’impression de revenir à la même page. »

Fiche #152
Thème(s) : Littérature française