« Finalement grandir c’est ça : c’est perdre des morceaux de soi. »
Olivier Dorchamps

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Kéthévane Davrichewy

Kéthévane DAVRICHEWY

Nous nous aimions
Sabine Wespieser

5 | 150 pages | 25-07-2022 | 19€

Chaque été, Daredjane met un point d’honneur à emmener ses filles dans son pays d’origine, la Géorgie. Moments de tendres retrouvailles avec ses parents et son pays, sans trop analyser ce désir, c’est un passage obligé malgré les difficultés notamment l’escale russe toujours tendue et dévalorisante. Daredjane a quitté la Géorgie suite à un coup de foudre avec Tamaz. Elle venait danser à Paris, il était étudiant en architecture. Ils ne se quitteront plus, leur amour ne faiblira pas et vivront ensemble l’exil et la naissance de leurs deux filles, Kessané et Tina. Ils vivent chichement mais dans un certain bonheur, une famille unie, soudée, les deux filles sont très liées et construisent ensemble une vraie palette de tendres souvenirs. Jusqu’à la mort du père. Quelque chose se brise, un mur prend place au cœur de la famille, le trio féminin va prendre ses distances, des tensions vont apparaître, les reproches couvent puis jaillissent, les jardins secrets de chacune les éloignent les unes des autres pour finalement se retrouver dans une certaine solitude les condamnant à ne plus partager leurs chagrins et leurs bonheurs.

Ecouter la lecture de la première page de "Nous nous aimions"

Fiche #2864
Thème(s) : Littérature française


Kéthévane DAVRICHEWY

L'autre Joseph
Sabine Wespieser

4 | 278 pages | 17-04-2016 | 21€

A la fin du XIX ème, en Géorgie, deux gamins, deux Joseph, partagent les mêmes airs de jeux dans les rues de Gori. L’un est l’arrière-grand-père de Kéthévane Davrichewy et l’autre, que l’on surnomme Sosso, deviendra Staline. Les deux gosses se ressemblent, amis un jour, rivaux le lendemain, affrontements physiques comme intellectuels. L’auteur dresse le portrait de ce duo mais aussi de la Géorgie d’alors. Les gamins grandissent et prennent des chemins différents, Sosso part au séminaire et Joseph au collège où il rencontrera son premier véritable ami Lev Rosenfeld futur membre du triumvirat soviétique avec Staline. L’aventure de la vie mènera Joseph, qui continuera d’espèrer en une Géorgie indépendante, jusqu’en France où il refusera toujours de rejoindre Staline. Des questions restent sans réponse : qui était vraiment Joseph pour Sosso ? Qu’aurait accompli Joseph aux côtés de Sosso ? Le portrait de cet homme seul, incapable de se livrer, courageux, doutant toujours, fidèle à ses premiers engagements et convictions (« Moi je voudrais simplement faire quelque chose pour la Géorgie, qu’on y vive mieux, qu’on nous laisse être Géorgiens. ») permet aussi à l’auteur d’établir un pont entre ce grand-père et son père. Kéthévane Davrichewy plonge dans son histoire personnelle en mêlant avec succès la petite et la grande histoire ; elle dresse avec sa belle écriture un portrait attachant, nous parle de transmission et de non-dits dans une enquête aussi intime qu’historique.

« L’héroïsme se transforme en crime, et le crime en héroïsme selon la comédie que jouent les hommes… »

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Fiche #1770
Thème(s) : Littérature française


Kéthévane DAVRICHEWY

Quatre murs
Sabine Wespieser

3 | 185 pages | 16-02-2014 | 18€

Après une longue période d'éloignement, une fratrie de quatre se retrouve entre les murs de leur enfance, « Ils se tiennent aux quatre coins de la pièce. » « Ces murs nous ont façonnés, nourris, portés. Tu imagines parfois notre vie, sans Somanges ? Je repense à nos rires, notre complicité, nos disputes, ces petits riens du quotidien qui ne laissent de trace qu’à l’intérieur. ». La mère les a convaincus de venir, il faut débarrasser, vider la maison, elle ne peut y demeurer seule. Chacun se retrouve, la parole évoque le passé, discrètement, avec moult sous-entendus. L’héritage futur est même évoqué. Pourtant, deux ans plus tard, rien n’a évolué, ils se retrouvent en Grèce, chez l’aîné revenu dans leur pays d’origine. Chacun prendra la parole, l’objectif le fixera, le dévoilera petit à petit : sa relation aux autres, les souvenirs, comment s’est-il construit sur l’histoire de cette famille, ses différences, sa fragilité, sa colère. Entre douceur et violence, l’image de chacun se construit page après page, devient nette malgré une tension permanente, il y eut connivence et fusion puis rupture, le lien s’est brisé et le passé demeure inscrit en eux (« Tu l’as dit, c’est inscrit en nous, on ne se débarrasse pas de son passé. ») mais si la parole se délie, ils repartiront peut-être plus libres et légers… Ce court roman choral au style parfait se lit d’une traite et aborde avec justesse le poids de la famille qui impose souvent à chacun sa place (« J’ai tenu le rôle qu’on m’avait assigné. »), sa manière d’être (« Les habitudes familiales doivent-elles cesser à un certain point de notre existence ? Le peuvent-elles ? Ou faut-il renoncer, prendre de la distance au risque de se perdre ? »), le poids et le venin des silences, et glisse quelques vérités sur la culpabilité, l’enfance, l’éloignement, la solitude et l’émancipation.

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Fiche #1411
Thème(s) : Littérature française


Kéthévane DAVRICHEWY

Les séparées
Sabine Wespieser

2 | 185 pages | 24-03-2013 | 18.25€

Elles ont seize ans en 1981. Elles ne se quittent pas (« Ton amitié faisait rempart. La mienne te suffisait »), partagent tout de leur vie autocentrée, les larmes, les rires, les pleurs, les amours, la musique, la littérature... Amies pour toujours ? Cécile et Alice, trente ans plus tard, reviennent sur ces moments qui marquent la fin de l’enfance et l’adolescence et le passage dans le monde des adultes. La relation fusionnelle a pris fin, maintenant éloignée l’une de l’autre, chacune présente son parcours. Même très liées, même si l’on croit tout pouvoir dire, des silences et non-dits persistent et ont en effet participé à leur séparation. Mais l’amitié ne s’oublie pas et ces moments demeurent gravés à jamais. Peut-être espèrent-elles les retrouver à l’âge adulte ? Ces instants de complicité, « la sensation de pouvoir tout dire », ces confidences intimes, à qui les confier maintenant ? Kethévane Davrichewy place l’amitié au centre du roman et dissèque à la perfection avec une écriture précise et musicale la fin de l’adolescence mais aussi les effets du temps qui passe.

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Fiche #1271
Thème(s) : Littérature française


Kéthévane DAVRICHEWY

Tout ira bien
Arléa

1 | 95 pages | 22-03-2013 | 12.15€

Abel a dix-sept ans lorsqu’il se retrouve poussé dans un train. Départ contraint loin de son ami Antoine et de Lou seule figure féminine qui a cru en lui. Il part loin de ses repères et de toute tendresse pour l’Arche, un centre de désintoxication. La drogue l’a broyé et l’Arche continue d’une autre façon, sevrage, isolement, violence. Il convoque son passé et revient sur son parcours chaotique, sentiment de solitude, d’inutilité, quel sens donner à sa vie, une seule passion le dessin, mais à part Lou, personne n’y prête attention. Abel hésite, se rebelle, plie, se replie, s’accorde parfois quelques respirations et laisse la vie pointée d’abord timidement, en espérant que tout ira bien pour cet adolescent en danger. Un livre vif, tendu, rythmé tant par le style que par l’alternance entre passé et présent d’Abel. Un superbe premier roman qui annonçait en effet les suivants parus chez Sabine Wespieser. Tout ira bien est maintenant disponible à l’Ecole des Loisirs.

Premier roman

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Fiche #1270
Thème(s) : Jeunesse Littérature française