« L’homme meurt si on le prive de pain, mais il dépérit et se fane en l’absence de rêves. »
Jon Kalman Stefansson
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Lorsque Tano reçoit un appel téléphonique de Carmen, la fiancée de Manolo son ami de toujours, lui apprenant sa disparition, il décide immédiatement de repartir vers le Guatemala et le lac Atitlán. Il suit ses traces, place ses pas dans les siens, dans un pays où l’armée et les guérilleros s’affrontent. Manolo instituteur photographe s’est fondu dans ce paysage et dans la population pour mieux ressentir et faire ressentir le quotidien des populations indigènes. Une lutte sans merci et sans règles les oppose de longue date à l’armée au service du pouvoir et des grands propriétaires terriens décidés à récupérer leurs terres. Comme un parcours initiatique, Tano retrouve ces paysages et cette nature extraordinaires qui l’avaient déjà tant ému et bouleversé, ce lac qui vous aspire fatalement. Néanmoins, face à cette splendeur, il marche vers son destin et appréhende les injustices, violences, massacres, trahisons et autres manipulations subis par la population. Il n’a pas oublié les motivations profondes de son ami ("Jusqu'à ce que mes yeux soient remplis de terre, je veux voir et montrer ce qui se passe.") mais il se sent obligé malgré tous les dangers à savoir ce qu’il est advenu. Irrémédiablement. Le lecteur suit ce périple avec angoisse et espoir, entend avec émotion la voix des indigènes lucides qui sont conscients que leur monde s'achève. Après « Noir Toscan », Anna Luisa Pignatelli et sa prose poétique confirme son talent à aussi bien décrire avec précision la nature dans tous ses états et à y immerger le lecteur qu'à dresser des portraits d’une grande humanité.
"... les perdants étaient les seules personnes qu'il valait la peine de connaître."
Fiche #1183
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Geneviève Alvaro
Un homme venu du sud s’installe dans un village du nord de l’Italie. Les habitants surnomment cet étranger, « Noir ». A la mort de sa femme et après le départ de son fils, « Noir » tel un loup solitaire ne trouve son bonheur que dans la nature. C’est un homme sauvage et attachant qui voue une admiration sans limite à la nature, aux animaux, aux arbres, à une sorte de vie qui disparaît peu à peu sous les coups répétés des hommes et de leur violence (« Noir aimait cette campagne, les arbres qui y poussaient : c’était surtout cet amour qui le séparait des autres. Les gens d’ici maltraitaient la nature comme si elle pouvait tout supporter. Ils se vengeaient sur elle de leurs instincts violents, de leurs échecs, de leurs rancoeurs accumulées »). Par un dur labeur, il a remis en état une propriété devenue un havre de paix pour la faune et la flore qu’il défend corps et âme notamment contre les chasseurs avides de gibiers. Ainsi quand une louve arrive dans la région, elle aussi traquée, il tente de la protéger mais ces deux solitaires qui effraient tant les autres par leurs différences pourront-ils survivre à la violence des hommes… La très belle écriture d’Anna Luisa Pignatelli fait ressentir parfaitement l’anxiété et l’inquiétude latentes de « Noir » et la violence envers cet homme solitaire et amoureux fou de la nature. Un superbe portrait d’un homme emblématique mais aussi extinction d’un certain type d’hommes et d’un mode de vie respectueux des autres et de la nature.
Fiche #659
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Alain Adaken