« On ne peut pas changer le monde Ben, mais il faut tout faire pour qu’il ne te change pas. »
Rouda

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Anne Révah

Anne RÉVAH

L'enfant sans visage
Mercure de France

4 | 147 pages | 15-07-2015 | 15€

C'était il y a dix ans, dix ans pour pouvoir enfin se confier à une journaliste, même si elle ne parlera pas directement d'elle mais préférera raconter l'histoire de Bénédicte et Guillaume. A la fin des années 90, ils formaient un couple parfait avec leur petite fille Emilie âgée de deux ans. Bénédicte achevait alors ses études et devait obtenir un boulot à la fin de l'année. Le couple n'envisage alors pas de deuxième enfant. Ils partent en vacances dans la joie, « Ils étaient bien tous ensemble. La petite était resplendissante, … Guillaume et Bénédicte formaient un joli couple avec une jolie petite fille, des amis charmants, dans une maison sans défaut, pour des congés mérités. ». Néanmoins, Bénédicte ressent lassitude et fatigue et, en rentrant de vacances, ce qu'elle a occulté depuis avril devient évident, elle est enceinte. Alors qu'elle s'interroge sur ce déni et que Guillaume se félicite de cette bonne nouvelle, « une grossesse, rien qu'une bonne nouvelle », elle se lance avec un sentiment de culpabilité et retard dans les examens habituels. Des examens qui révèlent qu'elle a eu deux maladies qui peuvent s'avérer dangereuse pour le foetus. Il faut attendre. Le couple est ébranlé, chacun attend de son côté, le silence s'instaure, l'éloignement s'opère. Les rapports avec le monde médical se compliquent. Et puis, la terrible nouvelle tombe, il y a peu de chance que le nouveau né n'ait pas de graves séquelles. Anne Révah aborde l'interruption thérapeutique de grossesse avec beaucoup de pudeur et de retenue, explore avec sensibilité les réactions du couple et de chacun de ses membres, les conséquences partagées ou non, le comportement du corps médical et fouille par petite touche cette blessure qui ne cicatrisera jamais.

Ecouter la lecture de la première page de "L'enfant sans visage"

Fiche #1661
Thème(s) : Littérature française


Anne RÉVAH

Quitter Venise
Mercure de France

3 | 132 pages | 21-09-2014 | 14.5€

Le personnage principal de « Quitter Venise » a choisi la musique, le violon, après le constat qu’il ne pourrait satisfaire sa famille. Sa grand-mère lui a en effet raconté, et raconté encore leur histoire familiale lourdement liée à la déportation. Ce personnage était donc désigné pour se souvenir, vivre avec ces souvenirs pour mieux les transmettre mais la mémoire s’estompe et il ne s'en sentait pas capable : « Je sus à l’instant de la mort de ma grand-mère que je ne pourrais que la trahir, que rien en moi n’était à la hauteur de l’attente, ou de la consolation. » Evidemment la culpabilité le ronge, « J’étais indigne de cette histoire. » Alors il choisit une autre vie. Et aujourd'hui il part, il part à Venise, rejoindre une riche famille pour enseigner le violon au gamin surdoué. Le lecteur suit ses pas dans cette ville si singulière qui facilite son introspection et l’observe épier, interroger, découvrir un couple étrange qui lui dévoile une autre histoire et il faudra attendre la dernière page pour que le lecteur connaisse véritablement le personnage qu’il a pourtant accompagné dans ses pérégrinations.

Ecouter la lecture de la première page de "Quitter Venise"

Fiche #1520
Thème(s) : Littérature française


Anne RÉVAH

Pôles magnétiques
Arléa

2 | 196 pages | 17-06-2012 | 18€

Pour régler l’héritage d’une vieille et riche cousine éloignée dont a bénéficié son père, Clarisse part au fin fond du désert de l’Arizona quittant son fils et son mari. Comme à son habitude, elle égare son téléphone au moment du départ, mais cette fois, ce détail la plonge dans une angoisse paralysante, elle se sent seule, isolée, perdue. Pour tromper sa peur, elle s’adresse au passager assis à ses côtés. Le dialogue se noue, l’homme est attentif, calme. L’échange demeure pourtant léger, ils ne se regardent qu’à peine et pourtant, sans le savoir, une attirance irraisonnée est née, cette discussion les marque définitivement, moment fondateur d’une rencontre sans avenir. A l’arrivée, Léonard lui donne quelques feuillets qu’il a écrits et sa carte de visite. La peur s’estompe, mais les questions subsistent. Ce voyage et cette rencontre en ouvrant « les yeux sur sa propre vie » plongent Clarisse dans une analyse intime et profonde de sa vie partagée entre son petit et son mari complice, quelques fissures apparaissent. En outre, heure après heure, la présence de Léonard s’impose : « Bien sûr, il y avait des raisons, des morts, des fantômes, des erreurs, mais il ne fallait pas commencer par là. Ils avaient leurs corps, leurs souffles, leurs voix posées, sincères, par là où tout était vrai » mais « Ils avaient si peu de temps ». Ecoutant ses intuitions, Clarisse décide alors d’entreprendre un autre voyage vers Léonard, vers la vie, vers sa vie. Après "Manhattan", à travers cette rencontre bouleversant le destin de deux individus, Anne Révah propose à nouveau un récit intime avec une écriture fine et sensible et revient sur ses instants où, de manière inattendue, les vies installées basculent inexorablement.

Ecouter la lecture de la première page de "Pôles magnétiques"

Fiche #1142
Thème(s) : Littérature française


Anne RÉVAH

Manhattan
Arléa

1 | 90 pages | 22-05-2009 | 13.5€

La narratrice a une vie bien remplie, parfaite, attendue : des enfants, un mari, un métier. La réussite. Pourtant, il ne suffira que d’un déclic pour révéler l’artificiel de la situation, une façade construite jour après jour, un voile masquant une terrible vacuité. Devant ce trouble, elle prend la fuite pour se retourner et faire un bilan voire régler quelques comptes avec elle-même et son interlocutrice. Elle la juge responsable de ce parcours marqué irrémédiablement par son enfance (« Je n’ai pas pu devenir moi. J’ai fui la petite fille que j’ai été… ») que sa réussite n’aura pas réussi à effacer, on croit le passé disparu, mais il demeure présent, tapi dans l’ombre d’une vie superficielle. Elle voit enfin clair dans le rôle qu’elle a tenté de jouer pendant toutes ces années et sans concession, lucide, froide (« L’évidence d’être vivante, je ne l’ai jamais eue »), crie son désespoir enfin seule et libérée.

Premier roman

Fiche #576
Thème(s) : Littérature française