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Agnès Desarthe - Mangez-moi

Agnès DESARTHE

Mangez-moi
L'Olivier

308 pages | 21-08-2006 | 20.3€

Myriam décide d'ouvrir un restaurant "Chez Moi" pour donner de l'amour mais se heurte rapidement à moult difficultés : le restaurant est très petit et sera aussi son logement, problèmes d'argent et de banquier... Il faut pourtant tout endurer : les courses, la cuisine, les clients rares au début, les factures, les formalités administratives et surtout peut-être le passé qui la hante et l'avenir qu'elle redoute. On apprend progressivement qu'elle a été bannie par sa famille suite à une faute puis qu'elle fut cuisinière pour un cirque dont les membres sont aussi rejetés par la société et qui devront reprendre la route sans pouvoir l'emmener. Elle rencontre pendant ce séjour Ali un fermier atypique respectueux des plantes et des animaux avec "quelque chose de solitaire dans son regard, une flamme ancienne, ternie par l'expression, ou plutôt l'absence d'expression du reste de son visage". Le restaurant se remplit petit à petit de clients qui pour la plupart l'aideront : un fleuriste amoureux, des lycéennes apprenties philosophes, des enfants du quartier et notamment Ben qui prendra une grande part dans la mise en valeur du restaurant et dans la reconstruction de Myriam. La cuisine est prétexte à des descriptions de mets, d'idées de cuisine originales, d'alliances culinaires inattendues. Tout au long du livre, parallèlement à sa nouvelle vie, le passé de Myriam nous est dévoilé : la naissance de son fils, son mari Rainer puis la première rupture avec sa sensation de la perte définitive d'amour pour son fils. Ce manque d'amour maternel la pousuivra jusqu'à en devenir une obsession. Sensation de culpabilité encore accrue après sa faute qu'elle ne comprend même plus. Peut-elle encore espérer le retour des disparus, parents, frère et surtout fils ?

Beau texte enlevé entre rêve et réalité, entre passé et avenir, sur la recherche d'amour, la difficulté d'être, la culpabilité et le besoin d'être aimé.

"A quel genre de fil me suis-je retenue ? On croit toujours qu'il y a un fil, jusqu'au jour où l'on rencontre le vrai bon magicien, le vrai bon acrobate. Parfois, il n'y a pas de truc, parfois, c'est seulement une question d'entraînement. Il faut croire que j'avais un bon entraînement à survivre.".

"Comme se fait-il que l'on a plusieurs vies ? Peut-être ai-je tendance à généraliser... Je ne mourrai qu'une fois et pourtant, au cours du temps qui m'aura été imparti, j'aurai vécu une série d'existences contingües et distinctes". "Mon frère est un voilier, moi, je suis un paquebot, mais dont la quille est trop courte et le gouvernail trop long. Le moindre mouvement de barre m'entraîne à des milliers de milles de la destination prévue. J'ai l'inertie d'un grand navire... Mon existence, bien que lente et peu spectaculaire, a causé d'énormes dégâts. J'ai pourtant aperçu, au loin, le signal angoissé du phare. J'ai reçu son message d'avertissement et je disais, oui, oui, je sais, je vais tout casser ; mais il était trop tard"

Fiche #128
Thème(s) : Littérature française


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