« L’homme, c’est un singe ! Un singe plus doué que les autres mais doué pour quoi ? La violence et la prétention ! Rien de plus... »
Hector Mathis

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Dima Abdallah

Dima ABDALLAH

Mauvaises herbes
Sabine Wespieser

1 | 238 pages | 26-07-2020 | 20€

Avoir six ans à Beyrouth en pleine guerre civile, une main d’homme pour la maintenir du côté de la vie. La main d’un géant, son père. Dima témoigne de son amour total pour son géant, aux mains protectrices, aux mains qui l’emportent, qui la guident. Ces deux là, même s’ils ne savent pas se le dire, s’aiment profondément avec cette toile de fond terrible. Toujours sur le point de déménager, la famille est en mouvement, presque nomade. Ce père, colosse fragile, est inclassable, étranger aux religions, aux partis, mauvaise herbe dans ce monde qui se déchire donc à la marge, ne pouvant choisir son camp et préférant reconstruire son pays par les mots, en tentant d’estomper les maux, de se rassurer, affirmant toujours que tout va bien. A côté des mots, son seul refuge : les plantes et les arbres. Il lui fait découvrir leur douceur, le lien que l’on peut tisser avec le monde végétal, l’apaisement possible, un monde bien ancré dans la terre, mauvaises herbes ou pas, toujours à protéger, voire les aider à pousser, à grandir vers le ciel, à trouver leur espace de liberté, de vie. Mais la petite sait, sait qu’ils vont être séparés, ressent la souffrance et les angoisses de ses parents. A douze ans, c’est l’exil, la famille, sans le père, rejoint la France, d’autres arbres, une autre vie, une autre langue... L’homme libre les laisse partir pour une nouvelle vie mais ne peut se résoudre à quitter le Liban. Une séparation qui sème la graine de l’écriture de ce superbe roman qui magnifie une relation père-fille avec un arrière plan angoissant, une émouvante histoire d’amour mais aussi de perte.

Premier roman

« La poésie, c’est peut-être ce qu’on écrit quand on n’arrive pas à pleurer comme les autres. »

« Il faut que je mette au point une technique de l’oubli bien plus performante la nuit. »

« On sait que tout est mort quand la colère meurt. Quand la révolte meurt. On sait qu’il n’y a plus rien à faire quand on ne réagit plus, quand il n’y a plus de rage, quand la révolte dépose les armes au pied de la résignation. »

Ecouter la lecture de la première page de "Mauvaises herbes"

Fiche #2559
Thème(s) : Littérature française