« A vingt ans, Bonaria avait assez vécu pour savoir que le mot ``héros’’ constitue le masculin singulier du mot ``veuves’’... »
Michela Murgia

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Nancy Huston

Nancy HUSTON

Guy OBERSON

In Deo
Editions du Chemin de Fer

4 | 60 pages | 04-04-2019 | 13.5€

Court texte percutant et puissant qui donne la parole alternativement à l’indien et à l’homme blanc. Chacun scande ses certitudes, son savoir. Ils sont face à face et avec peut-être l’impression que le fossé est trop large pour qu’ils puissent se rejoindre, voire même se comprendre. Un même monde, une même nature mais deux appréhensions, deux humanités, deux philosophies et deux prises en compte de l’individualité si différentes.

Fiche #2313
Thème(s) : Littérature étrangère


Nancy HUSTON

Le club des miracles relatifs
Actes Sud

3 | 300 pages | 05-06-2016 | 21€

Varian est né prématuré et dès son plus jeune âge sera différent. Aussi doué que fragile, il est rejeté des autres, même si ses parents, bon vivants et amoureux de la vie, l’épaulent au mieux. Son père marin pêcheur perd son boulot à cause de la sur-pêche, les poissons se font rares ! Il dépérit et choisit de partir où se trouve le travail et de l’argent à gagner. Les hommes y sont bien payés mais sont devenus, ont muté en machine, ils extraient sans discontinuité et en masse de l’ambroisie, ils travaillent, détruisent la terre tout en se détruisant eux-mêmes, dorment, mangent, boivent, violent voire assassinent une autochtone un soir comme les autres... Lorsque son père cesse de donner des nouvelles, Varian part à sa recherche. Il se retrouve en prison où l’on cherche, par tous les moyens, à le faire avouer ce qu'il manigançait avec son ami le Dr Luka. Seule échappatoire, le club des miracles relatifs qu’il fonde avec Luka et sa soeur et qui lui permet de lire de la poésie de Vyssotski et notamment ses poèmes de résistance. Un roman âpre et éprouvant sur notre monde d’aujourd’hui et de demain qui nous place sans artifice face aux monstruosités et à l’inhumanité assumée de nos sociétés.

« Etre une bernacle ! La vie d’une bernacle voilà la belle vie On n’aurait pas à aller constamment de-ci de-là à s’agiter à faire la conversation ou le plein d’essence à jouer avec les mômes Non on s’accrocherait à sa roche et basta »

Ecouter la lecture de la première page de "Le club des miracles relatifs"

Fiche #1791
Thème(s) : Littérature étrangère


Nancy HUSTON

Danse noire
Actes sud

2 | 21 pages | 15-09-2013 | 21€

Milo est en train de mourir sur un lit d’hôpital avec, à ses côtés, son ami Paul Schwarz. Réalisateur new-yorkais d’origine argentine, Paul lui parle de son projet de film narrant la vie de Milo, ce qui a fait sa vie, ses fondements, sa généalogie. Nancy Huston excelle pour passer d’un continent à l’autre, remonter le temps et une généalogie heurtée et multiple, dévoiler les liens cachés et l’héritage familial assumé ou non, disséquer le quotidien de l’exil qui « ramène de force à l’enfance » et témoigner de la violence qui accompagne nos vies. Sur le rythme de la capoeira, elle nous entraîne cette fois à Montréal, à Dublin, en passant par Rio en suivant les lignes brisées d’une chaîne familiale. Une nouvelle fresque d’ampleur dont le rythme est hélas parfois rompu par les longs paragraphes en Anglais (voire en Joual) traduits en bas de page.

Ecouter la lecture de la première page de "Danse noire"

Fiche #1356
Thème(s) : Littérature étrangère


Nancy HUSTON

Lignes de faille
Actes Sud

1 | 487 pages | 21-08-2006 | 21.9€

Quatre générations d'une famille racontent leur histoires à des époques différentes. Le déroulement commence en 2006 et s'achève en 1945. L'histoire de chaque personnage débute à six ans et marque la fin de l'innocence : Solomon en 2004, Randall son père en 1982, Sadie sa grand-mère en 1962 et Kristina son arrière grand-mère en 1944. Sol est un petit américain de six ans conscient qu'il vit dans l'Etat le plus riche du pays le plus riche du monde doté du système le plus perfectionné capable d'anéantir l'espèce humaine en un clin d'oeil. Il est stupéfiant de suffisance, nourri par Google et s'identifiant à Bush et à Dieu. On ne connaîtra pas son devenir d'adulte mais le lecteur le quitte avec inquiétude... Son père Randall se souvient des absences de sa mère Sadie s'occupant toujours des autres et qui l'a emmené vivre à Haïfa pour étudier les archives afin de déterminer les antécédents de ses grands-parents dont sa mère ne lui parlait que très peu. Sadie fut élevée par ses grands-parents sans tendresse au Canada et l'absence initiale de sa mère lui fut lourde ("chaque jour a son parfum de tristesse bien à lui"). Elle se réfugie dans la lecture : "lire est mon seul et unique talent, si on me disait que je n'ai plus droit de lire, j'aurais une crise d'apoplexie et j'en mourrais". Elle vivra pourtant avec sa mère Erra et son beau père de brefs moments de bonheur entachés par les révélations d'Erra. Ne connaissant pas ses origines réelles, juive, allemande ou canadienne, elle n'aura de cesse de chercher la vérité sur sa mère et nous découvrirons avec elle ce qu'a été la vie d'Erra. Un des points communs entre les quatre personnages est un grain de beauté visible ou non, talisman pour les uns ou souillure pour les autres. Sol marquera une rupture puisqu'il fera extraire ce grain de beauté.
Ce roman qui traverse le vingtième siècle est cruellement d'actualité puisqu'on y croise : Abou Ghraïb, le 11 septembre, les Irakiens et Saddam Hussein, Bush et Dieu, Israël et la Palestine, les Allemands et les Lebensborn, les guerres, toutes les guerres... Sur la construction des hommes et la famille qui nous façonne : ces enfants changeront de pays, de langues, de religions. Mémoire, fidélité, culpabilité et Histoire traversent cette fresque qui nous tient en haleine du début à la fin.

Fiche #125
Thème(s) : Littérature étrangère