« Avec le temps, on s’attendrit. On oublie. On cherche à gommer les aspérités... Et puis, un jour, ça remonte. Comme un geyser. On se rend compte que non, la blessure, le chagrin, la violence, le manque d’amour sont restés imprimés sur le disque dur. Prêt à ressurgir. »
Françoise Colley

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Rabih Alameddine

Rabih ALAMEDDINE

Les vies de papier
Les Escales

1 | 340 pages | 05-09-2016 | 20.9€

L’héroïne Aaliya Saleh est une vieille Libanaise (« J’ai atteint l’âge où la vie est devenue une série de défaites acceptées. ») qui habite Beyrouth, ville belle et désespérée, qui continue de vivre malgré les tragédies qui s’y déroulent depuis si longtemps, « l’Elizabeth Taylor des villes : démente, magnifique, vulgaire, croulante, vieillissante et toujours chargée de drames. Elle épousera n’importe quel prétendant énamouré lui promettant une vie plus confortable, aussi mal choisi soit-il ». Elle, comme ses habitants, résiste, plie, mais ne rompt pas, et vole quelques instants d’apaisement. Aaliya Saleh, dans sa solitude qu’elle apprécie, en fait de même dans son appartement, son petit cocon protecteur. Elle a été libraire pendant cinquante ans mais a surtout passé sa vie sans que quiconque ne s’en doute, à traduire les auteurs étrangers qu’elle adore et ils sont nombreux ! « Les vies de papier » parcourt sa vie personnelle gouvernée par son caractère entier, ses passions absolues pour la littérature et la musique, « Je me suis glissée dans l’art pour échapper à la vie. Je me suis enfuie en littérature. », sa solitude malgré son mari, « l’insecte impuissant », et sa rencontre avec ses voisines, ces « trois sorcières », qui l’aideront à prendre du recul et gagner en sérénité. Roman dense et riche sans être pédant qui constitue un remarquable et magnifique hommage aux livres, à la littérature et à Beyrouth accompagné d’un portrait attachant d’une vieille femme libanaise libre et de caractère.

« Nulle nostalgie n’est vécue avec autant d’intensité que la nostalgie de ce qui n’a pas eu lieu. »

« Quiconque prétend que le stylo est plus fort que l’épée ne s’est jamais retrouvé nez à nez avec un pistolet. »

« Essayer de connaître un autre être humain me semble aussi impossible, et aussi ridicule, qu’essayer d’attraper l’ombre d’une hirondelle. »

Ecouter la lecture de la première page de "Les vies de papier"

Fiche #1842
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Nicolas Richard