« On n’oublie jamais rien ; on escamote ou on enfouit. »
Ingrid Thobois
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Alaa El Aswany dans « Au soir d’Alexandrie » revient sur l’Egypte des années 50 avec comme personnage principal Alexandrie, ville multiple (« Cette ville te prend dans ses bras sans égard pour ta langue, ta religion ou ton origine. ») adulée par un groupe d’hommes et de femmes, Caucus, qui se retrouvent dans un café pour de longues discussions. Refaire le monde, parler de liberté, de la dictature mise en place par Nasser, révolutionnaire devenu dictateur. Comment vivre dans cette dictature : Chantal, une Française libraire, Tony Kazzan d’origine grecque dirigeant d’une fabrique de chocolat, Albas avocat opposé au régime, Anas un peintre singulier, Lyda une propriétaire de restaurant, Carlo Sabatini, italien d’origine et maître d’hôtel et évidemment une palette de personnages secondaires dressent le portrait précis de la diversité de la société égyptienne d’alors. Chacun a ses convictions, certains plieront devant la dictature (« Le peuple égyptien est heureux de la dictature. ») et ses services secrets omniprésents et omnipotents, d’autres non. La prise en main absolue de la société par Nasser, la mise en place de sa dictature puis son quotidien sont disséqués. Un nouveau cri d’Alaa El Aswany (qui reste sans concession), cri d’attachement et d'amour pour l’Egypte et Alexandrie mais aussi de dépit et de dégoût pour la dictature et ses acteurs.
« La religion vous fait accepter l’oppression et attendre la justice pour l’autre vie. La religion vous entraîne à obéir. »
« Le mensonge est causé par l’oppression. »
« Dans un régime dictatorial vous n’avez aucune valeur. Vous n’êtes rien. Vous avez beau vouloir ignorer cette réalité ou vous fabriquer un monde à vous pour vous isoler des évènements extérieurs, vous avez beau vous évader dans l’art, dans la boisson, dans le haschich ou dans les soirées entre amis, ce ne sont là que des leurres qui éloignent le moment où vous devrez affronter la réalité. A un moment donné, comme maintenant, vous vous trouverez face à votre écrasement et à votre honteuse défaite. »
Fiche #3273
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Gilles Gauthier
Un recueil de dix nouvelles dont la première est la plus étoffée. A l’exception de l’une d’elles, la vision d’El Aswany de la société égyptienne dans sa globalité semble assez noire. Une société assez désespérée et largement corrompue. El Aswany se préoccupent des gens simples et vrais, du peuple qui survit tant bien que mal, sans illusion ni espoir. Il s’intéresse aux relations humaines (donc universelles et non spécifiques à l’Egypte), souvent déviantes et intéressées, trahison, mépris et autres sentiments noirs ne sont jamais loin.
Fiche #550
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Gilles Gauthier
Après l’inoubliable immeuble Yacoubian, Alaa El Aswany nous emmène à la rencontre des Egyptiens résidant à Chicago. Férocité, tendresse et humanité éclairent la description de ses congénères. Les chapitres se succèdent en donnant la parole aux personnages qui appartiennent à plusieurs générations : exilés dans les années 60 ou installés après les attentats du 11 septembre… des exils qui traversent les générations mais dont les causes n’évoluent guère. Chaque personnage est lié à l’Université de Chicago, ville omniprésente dans le livre et leur vie quotidienne reste marquée par les douleurs de l’exil, jamais l’Egypte ne les quittera, les Américains étant aussi là pour la leur rappeler (ils ne seront jamais vraiment américains, exil et sérénité sont-ils compatibles ?), cette Amérique disparate entre amie et ennemie… Comme dans l’immeuble Yacoubian, la religion est évidemment présente, pesante, biaise les relations et hante les couloirs de l’Université autant les esprits de la diaspora égyptienne que les relations américano-égyptiennes. Fresque magistrale aux multiples facettes qui prolonge avec brio l’immeuble de Yacoubian.
Fiche #331
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Gilles Gauthier