« La compassion se nourrit de pitié et je déteste la pitié à cause de tout le mépris et de la suffisance qu’elle contient. »
Catherine Gucher
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« La douceur de nos champs de bataille » est le récit poignant (presque philosophique) d’une mère (l’auteure) dialoguant avec son enfant bien-aimé qui a choisi le suicide à seize ans. Elle est écrivaine et dès l’âge de dix ans, elle s’est totalement dévouée aux mots, alors elle continue, même dans cette disparition, dans cette mort inattendue. Elle réussit à convoquer son fils et à établir un dialogue : « Nikolai … et sa chère mère se rencontrent dans un monde à l’espace-temps indéterminé. Ce n’est pas un monde de dieux ou d’esprit. Ce n’est pas un monde rêvé par moi… C’est un monde créé par les mots, et par eux seuls. Pas d’images, pas de sons. » Mais derrière les mots, il y a les questions, et elles sont multiples, simples ou complexes, et surtout sans fin. Trouver un sens, à chaque mot, à chaque acte, chaque seconde. Avec une grande poésie, de la pudeur et de la retenue, sans jamais juger et remettre en cause le choix définitif de Nikolai (on ne saura rien de ses raisons), Yiyun Li progresse dans son deuil face au harcèlement de ces questions qui s’enchaînent et pour les réponses, la mère aimante a parfois encore besoin de lui. Sur un sujet difficile et bouleversant, Yiyun Li réussit un récit intense, questionnant mais aussi apaisant.
« Fondamentalement, devenir adulte, c’est jouer à cache-cache avec sa mère et gagner… »
« Mais qualifier d’inexplicable le geste de Nikolai, c’était comme qualifier de perdu un oiseau migrateur se retrouvant sur un nouveau continent. Qui peut dire que l’oiseau vagabond n’a pas une bonne raison de modifier le cours de son vol ? »
« Les mots ne sont pas à la hauteur, oui, mais parfois leurs ombres peuvent toucher l’inexprimable… »
Fiche #2400
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Clément Baude