« Nus nous entrons, nus nous sortons. Entre temps que de déguisement à soi-même... »
Sophie Tessier
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Il est le Roi, elle est sa princesse. Il est le Roi de l’Archipel Loin-Confins et Tanah, sa fille, lui voue une confiance absolue, l’écoute avec passion et partage son imaginaire, ses histoires extraordinaires vécues comme réalité par la petite princesse : « Tanah ne cherche pas à savoir si ce que raconte son père est réel ou pas, vrai de vérité vraie ou simple pacotille. Il raconte, elle écoute, elle ne s’en lasse pas. Elle est pétrie de foi. ». Ces histoires, ce monde extraordinaire, l’amour partagé entre un père et sa fille, leur relation privilégiée marqueront à jamais Tanah et seront le ciment de sa vie d’adulte. Pourtant, assez jeune, une crise plus marquée, les rois sont parfois fragiles, et la petite fille se confrontera à la réalité de son père. Mais jamais elle n’oubliera complètement Loin-Confins, son Roi, ses rêves. Le Roi vieillira, la Princesse grandira mais restera toujours à ses côtés. Un conte avec une tendre relation entre un père et sa fille qui démontre la puissance de l’imaginaire et la place prépondérante de l’enfance dans notre vie d’adulte.
Ecouter la lecture de la première page de "Loin-Confins"Fiche #2585
Thème(s) : Littérature française
Prune et Merlin viennent de s’installer à la campagne, ils ont trouvé la maison de leur rêve, le bonheur les attend après quelques travaux naturellement. Merlin est dessinateur de BD, une série de treize volumes dont le personnage principal est inspiré de son meilleur ami, Laurent et qui a rencontré son public et le succès, et illustrateur de la grande encyclopédie des oiseaux. Et puis, première tuile, Laurent, son pote, son inspirateur, meurt,. Au-delà de la tristesse, cette disparition l’interroge sur son art, son œuvre. Quel avenir pour Jim Oregon, le héros de sa série ? Et si en outre, Laurent, de manière posthume, s’en mêle, tout se complique, « Je n’ai jamais pu bosser sous la contrainte… ». Marie-Sabine Roger nous entraîne avec bonheur à la rencontre de sa nouvelle tribu avec comme héros principal, Merlin, cet enchanteur moderne qui nous fait partager, entre fiction et réalité, avec sa gouaille, sa verve, son humour et sa sensibilité, le quotidien d’un écrivain qui sait « changer la vie des gens ». Sans détour, il nous confie ses réflexions intimes sur la création, sur l’écriture et l’imaginaire, sur les personnages de fiction leur liberté et leur force, sur le pouvoir de l’écrivain, sa relation avec ses personnages, sur les lecteurs et les éditeurs... Drôle, vif et vivant, et toujours aussi humain, Marie-Sabine Roger aime clairement ses personnages et nous aussi !
« Les morts ne sont pas tristes, il n’y a pas de raison que les vivants le soient. »
« Ca fait toujours du bien d’arrêter d’être con. »
« On peut croire que le temps passe mais c’est nous qui passons, pour ne plus revenir. »
« Ils font encore confiance aux hommes politiques. Cons comme des poussins qui voteraient Renard. »
« Les lecteurs… Mettez une apostropher, on entend ‘‘l’électeur’’. Ce n’est pas un simple jeu de langue, une pirouette. On est lu parce qu’on est élu. C’est le lecteur qui fait l’auteur, et pas uniquement l’inverse. »
Fiche #1794
Thème(s) : Littérature française
Dans une vallée tranquille, la population vit heureuse, paisiblement. Et puis, un jour, le terrible Effaceur s’installe. Il impose sa loi avec sa gomme comme arme terrifiante. Les habitants sont terrorisés, se cachent, se taisent. Plus de rires, plus de joies, plus de couleurs, plus de vie donc. Jusqu’à ce qu’une petite fille sache affronter l’Effaceur et ramener vie et couleurs dans la vallée. Un joli texte poétique et bourré d’espoir (collection « Petite Poche », de courts textes non illustrés à partir de sept ans).
Fiche #1654
Thème(s) : Jeunesse
Mortimer Decime appartient à une famille touchée par une terrible malédiction. En effet, les hommes de cette famille meurt tous les uns après les autres à 36 ans à onze heures du matin. Mortimer a donc construit sa vie avec ce compte à rebours précis ou plutôt n’a pas construit sa vie, comment vivre, envisager l’avenir, faire des projets, quand, définitivement, l’horizon final se situe à 36 ans ! D’un autre côté, tout est permis jusqu’à 36 ans, puisque la mort patientera, alors Morty ne se gêne pas ! Il a pourtant préparé minutieusement ce moment et est maintenant allongé sur son lit dans son beau costume de deuil avec ses belles chaussettes colorées, et attend tranquillement la faucheuse. Mais il l’attendra peut-être plus longtemps que prévu… Un roman avec de beaux personnages et débordant d'humanité (comme d’habitude chez M-S Roger), optimiste, vivant, plein d’humour, qui peut paraître léger voire loufoque, mais qui derrière ce masque peut aussi susciter une réflexion profonde sur la mort et surtout sur la connaissance précoce et précise de l’instant de notre mort.
« Décéder fait partie de ces moments intimes qui supportent assez mal les témoins importuns. »
Fiche #1503
Thème(s) : Littérature française
La chambre 28 d’un hôpital est occupée par le « repêché de la Seine ». Jean-Pierre Fabre ne se souvient plus des causes de sa chute dans le fleuve. Ces longues journées vont être propices à se remémorer la vie de ce vieux loup solitaire, ours mal léché (« Décidemment, je suis un vrai sauvage, un ours insensible. Tout glisse sur mon poil sans me faire un épi. ») au langage fleuri. Dans sa chambre, seul son portable lui permet d’égayer son quotidien par l’écriture de ses souvenirs. Son passé comme son présent est marqué par son caractère entier, l’homme n’est guère indulgent, ni avec son entourage, ni avec lui-même. Pourtant quelques visites éclairent sa personnalité : le jeune flic qui tente de comprendre les raisons de sa chute, Camille le jeune étudiant homosexuel qui l’a sauvé de la noyade et Maëva une gamine tout en rondeurs qui apprécie semble-t-il autant sa compagnie que celle de son portable ! Tout en décrivant avec sensibilité éclairée par un sens critique le quotidien d’un hôpital, de son personnel, des malades, de leurs relations, les rencontres façonnent, dévoilent ces personnages. Jean-Pierre est seul, tente de se convaincre que son cœur est sec, « un constipé du cœur », mais apprend à leur contact, les émotions sauront fendiller l’armure derrière laquelle il se croyait protéger : Jean-Pierre Fabre, une grande gueule qui a souvent voulu faire le malin mais qui finalement a grand coeur. Marie-Sabine Roger nous offre à nouveau un panel de personnages simples, vrais, humains, écorchés par la vie mais le propos aidé par des expressions souvent très imagées, comme d'habitude, n’est jamais pesant, seulement réaliste et on sent l’amour qu’elle porte à ses personnages donc à l’humanité.
Ecouter la lecture de la première page de "Bon rétablissement"Fiche #1062
Thème(s) : Littérature française
Une petite ville du nord, triste, pèse lourdement sur le présent et l'avenir des personnages principaux de "Vivement l'avenir". Alex jeune femme au physique masculin travaille depuis peu à l'usine et vient poser ses sacs dans ce coin pourtant déprimant. Elle est hébergée par un couple, Marlène et Bernard, que la rancoeur et les regrets éternels épuisent et aveuglent. Ils hébergent également Gérard, le frère de Bernard. Gérard est handicapé et Marlène le supporte de moins en moins. Alex se rapproche de Gérard, sans jugement, avec une acceptation totale de l'autre mais avec lucidité (elle le surnomme Roswell… "Il est comme les orchidées, il vit dans une serre, il ne ressemble à rien de connu. On peut éventuellement l'aimer, si on aime ce qui est bizarre"), ne sont-ils pas tous les deux différents... Lors d'une promenade au bord du canal, point d'ancrage de ces jeunes, ils rencontreront Cédric qui a enchaîné les petits boulots mais ne peut digérer sa séparation récente avec Lola. Décu de ne pas réaliser ses rêves, son copain Olivier dit le Mérou a choisi son amie pour la vie : la cirrhose. La vie de ces quatre trentenaires est décryptée chapitre après chapitre, on les sent ancrés dans ce lieu désespéré qui les étouffe et annihile tout projet de bonheur. Quelle rencontre, quel évènement motivera suffisamment ces pauvres hères pour sortir de l'impasse ("Si un jour je trouve ma voie, ce sera sûrement une impasse"), pousser la porte et découvrir un autre monde et y trouver sa place. Marie-Sabine Roger nous offre à nouveau un roman réaliste avec de vrais personnages, roman particulièrement contemporain, éclairé avec tendresse, humour et humanité par de jeunes personnages qui peinent à trouver leur place dans une société a contrario de plus en plus inhumaine. Le langage imagé et les multiples percutantes formules renforcent sa vivacité, l'hommage appuyé à la différence et une nostalgie certaine de l'enfance. Marie-Sabine Roger a vraiment l'art de tisser des liens forts entre ses personnages eux-mêmes et avec le lecteur.
Fiche #788
Thème(s) : Littérature française
Germain Cazes, 45 ans, 110 kilos de muscles, presque illettré, raconte son histoire et sa rencontre avec une vieille dame particulièrement cultivée. Il vit de petits boulots et dans une caravane. Une rencontre dans le jardin public bouleversera sa vie ; Margueritte, 86 ans, très cultivée, réservée mais attentive et respectueuse des autres. Ils observent tous les deux les pigeons, lient connaissance et deviennent rapidement complices et amis. Margueritte ouvre les portes d’un nouveau monde à Germain : le monde des lettres et des livres. Elle saura le guider, ne pas l’apeurer, le prendre par la main en le respectant, et lui fait découvrir l’émotion ou la peur que peuvent susciter les lectures comme les voyages qu'elles permettent. Germain change et ses copains de comptoir ne le reconnaissent plus. Le dictionnaire devient son plus grand ami ! ("Je planquais ce dico comme un livre de cul tellement j’avais honte") Un vrai hommage aux livres et à la lecture, des portraits succulents, un livre populaire dans le sens noble du terme, très humain, optimiste, émouvant, souvent drôle et imagé.
Fiche #430
Thème(s) : Littérature française
Marie-Sabine Roger nous livre sept nouvelles très différentes mais toutes émouvantes sur "les vieux" : le « compagnon » d’Eliette que sa famille intéressée ne visite que très rarement ne partage pas son excitation à l’annonce de leur arrivée, une garde de nuit intraitable et méprisante, une fille impuissante et qui culpabilise devant la dégradation de la santé de son père placé en maison, la célébration de l’anniversaire d’une nouvelle centenaire et le spectacle organisé par les médias et les politiques, une femme qui revient sur les lieux de son enfance et rencontre un vieux luthier désorienté, un vieux râleur à qui l’on a proposé de remplacer sa femme par un chien, une femme âgée pleine de vie qui croit en sa nouvelle rencontre. Sept tableaux différents car toutes les vieillesses sont exposées et le propos nous touche au plus profond de nous-mêmes que la vieillesse soit là, proche ou lointaine : notre destin nous est rappelé en filigrane. Les portraits sont variés et montrent l’universalité des caractères : les vieux décrits peuvent être drôles, vifs, touchants, charmeurs, râleurs, aigris, désagréables... Les comportements et les réactions de leurs entourages sont également multiples : douceur, patience, culpabilité, reproche, dédain, mépris voire méchanceté... Un livre si humain que l'on n'en sort pas indemne...
Fiche #209
Thème(s) : Littérature française