« On mange tôt dans les maisons de retraite : les serviteurs ont pris le pas sur les maîtres. Quand vient la marche à la mort, il faudrait donc avancer sa montre ? »
Héléna Marienské

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Robert Seethaler

Robert SEETHALER

Le café sans nom
Sabine Wespieser

4 | 246 pages | 22-07-2023 | 23€

en stock

C’est toujours avec bonheur que l’on retrouve les atmosphères légèrement surannées de Robert Seethaler, ses personnages et leur humanité : Simon, l’homme qui reprend ce café sans nom rapidement épaulé par Mila, une jeune femme volontaire fraîchement licenciée de son usine, est à cette image : discret, réservé, débordant d’empathie envers toutes ces personnes qui vont franchir la porte de son café : qui pour discuter, qui pour rêver, qui pour ragoter, qui pour observer en silence, qui pour nouer connaissance, qui pour partager ses espoirs et ses drames… Malgré parfois quelques discussions enflammées, tous viennent chercher une forme d’apaisement alors que Vienne est en pleine reconstruction. Comme dans un village, les deux associés vont créer un espace particulier, d’écoute et d’attention et chacun se plait à retrouver l’autre et ce lieu particulier, chaque lecteur prendra place discrètement parmi eux avec un grand bonheur.

« Quand je ne comprenais pas un homme, je me contentais de sourire. Je crois que j’ai passé la moitié de ma vie à sourire. »

« … les souffrances ne sont que les petits coups de griffe de la vie. Là où ça devient grave, c’est quand on cesse de les ressentir. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le café sans nom"

Fiche #3047
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Elisabeth Landes, Herbert Wolf


Robert SEETHALER

Le dernier mouvement
Sabine Wespieser

3 | 122 pages | 13-02-2022 | 15€

Gustav Mahler est assis sur le pont du paquebot l’Amerika pour certainement son « dernier mouvement », il revient d’une tournée américaine. Seul, emmitouflé dans une couverture, dans le froid et le vent, il observe la mer, l’horizon, le ciel, les odeurs et les bruits. Le musicien continue de créer avec la même envie et la même fougue, mais le corps peine à suivre, un monstre de travail dans un corps chétif. A cinquante ans, il est déjà fatigué. De cette contemplation naissent les souvenirs, ses rêveries n'étant interrompues que par un jeune garçon de cabine chargé de le surveiller, de le protéger. Alors il se retourne sur son passé, son enfance, son amour pour Alma, son amour pour ses filles, le décès de sa fille aînée... Mais évidemment il revient également sur son art, son exigence, son travail incessant (« Tout était toujours en chantier. Et lui toujours sur la brèche. Travailler signifiait toujours retravailler. »), son succès. Une vie d’homme, une vie d’artiste et de créateur passionné décrites avec tact, sensibilité, délicatesse, intensité et profondeur avec un style ciselé, tout en suggestion.

« J’ai l’impression d’avoir à peine commencé, et voilà que c’est déjà fini. C’est donc comme ça, mourir, se dit-il. Se tenir tranquille et attendre. »

« La musique n’avait besoin de rien ni de personne, elle était là tout simplement. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le dernier mouvement"

Fiche #2809
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Elisabeth Landes


Robert SEETHALER

Le champ
Sabine Wespieser

2 | 280 pages | 16-12-2019 | 21€

L’homme vient dès qu’il le peut dans ce lieu particulier : le cimetière de Paulstadt. Depuis la seconde guerre, il a connu la plupart de ceux qui sont enterrés là. Et il les entend parler, paroles d’hier mais encore aujourd’hui depuis ce banc qu’il s’est accaparé. Alors il devient le passeur de mots, le passeur d’histoires. Chacun va se raconter pour dresser le portrait d’une petite ville par ses habitants, leur destin, des moments de vie furtifs ou pas, leurs aventures, leurs mésaventures, leurs rencontres, leurs vies et leurs morts. Ce collectif simple, modeste, qui fleure bon la douce mélancolie nous démontre que ce qu’il reste d’une vie n'est souvent qu’un instant fugitif, une étincelle de bonheur, un visage croisé, une larme qui peine à tomber, un paysage lumineux, un arbre qui nous attire, un flocon de neige qui s’égare… Robert Seethaler nous émeut dans la simplicité et la modestie, avec sensibilité il met toujours l’homme, l’humanité et la vie au cœur de ses romans, sans artifice, loin des palais et des richesses amassées, notre bonheur n’est pas là, et ses romans font partie des rencontres qui éclairent une vie.

Ecouter la lecture de la première page de "Le champ"

Fiche #2456
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Elisabeth Landes


Robert SEETHALER

Une vie entière
Sabine Wespieser

1 | 158 pages | 16-08-2015 | 18€

Robert Seethaler nous emmène à la rencontre d’Andreas Egger dont nous allons suivre pas à pas la vie entière. Andreas est un homme que l’on n’oublie pas. De la lenteur, peu de mots, et pourtant ! Pas de long discours pour le décrire, seulement un regard, un regard sur ses mains, Andreas fait en effet partie des hommes que leurs mains décrivent, une vie de labeur sans plainte, éprouvante et acceptée, mais qui n’empêche pas quelques espoirs et quelques instants de bonheur. Portrait bouleversant et attachant, tout en retenue, débordant d’émotion qui se lit d’une traite.

« Les cicatrices sont comme les années, se disait-il, elles s’accumulent petit à petit, et tout ça finit par faire un être humain. »

« Alors qu’un homme selon lui devait élever son regard, pour voir plus loin que son petit bout de terre, le plus loin possible. »

Ecouter la lecture de la première page de "Une vie entière"

Fiche #1676
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Elisabeth Landes