« La nature est un fantôme. Une chose que nous avons idéalisée, qui nous échappe et nous nargue, comme un rêve sans cesse recommencé et dont nous ne pouvons jamais reconstituer la trame exacte. »
Jérôme Lafargue
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Hiver 1748, parti depuis un an accompagné par son chien féroce au sang de loup, Reathel, devenu un voyageur après la mort de sa femme et de son enfant, arrive dans les Crazy Jack Mountains (ouest de la Virginie) non loin de Bannock. En plein territoire shawnee. Tout le monde cohabite dans cette « …terre pleine de ténèbres, de danger et de sang… » : quelques meurtres et massacres, quelques scalps, quelques ventes d’humains et d’enfants… A Bannock, le médecin et l’aumônier font leur loi. Les Shawnees sont encore craints mais leur chef Black Tooth sait que son peuple vit ses derniers jours : « L’homme blanc ne quittera pas ma terre. Il n’est pas de quantité d’or suffisante pour lui… L’or est comme un dieu à ses yeux. Il n’en a jamais assez. » Avant de mourir, il exige un dernier enfant blanc. Il veut l’enfant que Della, « une beauté de sang-mêlé », est en train de porter. Or, celle-ci a disparu avec un Allemand dans la montagne. Les deux frères Bertram, avec son œil de verre, et Elijah, ne quittant jamais sa pipette de laudanum, partent à leur recherche. Mais Reathel les a déjà croisés par hasard et la vision de cette femme enceinte réveille chez lui des sentiments disparus depuis longtemps. « Le sang ne suffit pas » décrit donc la traque autour de cette femme et de son enfant, des hommes prêts à tout, mais aussi en compétition avec une ourse solitaire en quête de sang et de chair humaine. Un western brut, âpre, violent où Alex Taylor décrit aussi parfaitement les sentiments (ou ressentiments), la psychologie de ses personnages que leurs actions et comportements, les images défilent comme dans un film et plongent le lecteur au plus profond des périlleuses montagnes enneigées et de la noirceur humaine.
« Si l’homme tirait une fierté quelconque, ce n’était pas de son travail, mais de sa férocité. »
« Et les hommes paient pour les mensonges qui chantent une douce musique à leur oreille. »
« On ne connaît jamais la force d’attraction de la vie jusqu’à être confronté à la mort. »
« … car en chaque homme existe une vaste contrée où les mots sont bannis et le monde interdit de séjour, une contrée bien-aimée quand bien même c’est une contrée de désolation. »
« Quoi d’autres, sinon des cicatrices, pouvait rendre la mesure d’un homme et de ce que son âme avait enduré ? A quelle autre aune que la souffrance pouvait-on juger une vie ? »
« La seule richesse à tirer de la douleur, si richesse il y avait, était une capacité à supporter une douleur plus grande. »
« … le chagrin était une chose dont un homme pouvait faire des réserves, l’entasser comme de l’or au creux de son âme, même si c’était un trésor amer. Il y avait une sorte d’égoïsme à se croire seul dans le secret des neiges cruelles de la souffrance. »
Fiche #2527
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Anatole Pons
Jesse Pelham est très proche de son père Richie, un solitaire (« Mais je plains les gens qui ne supportent pas d’être seuls. ») qui intrigue son entourage. Il le partage avec Grace sa belle-mère et Abbie Lee sa demi-sœur. Ils vivent heureux dans leur domaine du sud de la Géorgie. Ils partagent leur passion pour la chasse et la faune avec bonheur. Son père lui construit en cachette un mirador pour mettre en pratique ce qu’il lui apprend. Mais peu de jours avant de lui faire la surprise, il fait une chute mortelle alors qu’il voulait y apporter la dernière touche. Jesse est désespéré, erre dans ses bois, ses champs, n’a plus goût à rien et rencontre par hasard un vagabond amaigri, sale et affamé qui dans un premier temps lui fait peur. Mais Jesse est curieux et lie connaissance avec Billy, un fugitif, ancien militaire désespéré (« C’est la guerre, c’est plus facile de tuer quand tu considères que l’ennemi vaut pas plus que du bétail. »), pourchassé depuis des années par le FBI. L’homme lui apprend que son père n’est peut-être pas mort accidentellement et Jesse plonge dans le monde adulte où l’on ne peut plus se fier à personne : « On peut plus faire confiance à personne, on peut plus croire en rien. Plus aujourd’hui. » A sa belle-mère et son frère prêcheur charismatique sorti de nulle part, au shérif aux relations douteuses... Mais le gamin est entêté et veut savoir les causes de la mort de son père propriétaire de ce vaste domaine au gisement de kaolin aiguisant l’appétit de certains... « ... quand toutes les lumières s’éteindront pour de bon, c’est là qu’on verra le pire des gens. », les lumières ne sont pas encore éteintes, alors que sera le pire ! Et encore une pépite chez Gallmeister, ça devient une habitude ! Le récit se joue avec maitrise de la chronologie et de deux trames qui s’entremêlent à la perfection pour construire dans une tension permanente un roman noir autour de Jesse et Billy deux personnages inoubliables.
« Ca t’arrive jamais de penser qu’on est tous des victimes ? »
Fiche #2393
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Anatole Pons
Beam Sheetmire, dix-sept ans, Derna sa mère et Clem son père, assure le passage de la Gasping River dans le Kentucky par un bac ancien modèle. Les clients se font rares, un soir où c’est Beam qui dirige le bac, un type louche au comportement et questions bizarres souhaite passer la rivière. La discussion dégénère, et Beam tue le passager sans savoir qu’il est le fils de Loat Duncan, le caïd local craint de tous. Et il ignore aussi beaucoup d’autres faits du passé que va réveiller cet assassinat. En particulier les liens dangereux et haineux entre son père, sa mère, Loat et Daryl qui a perdu ses deux bras très jeune. Clem ordonne immédiatement à Beam de fuir, de quitter la région avec à ses trousses le passé et le shérif local. Un premier roman puissant, âpre, diabolique, le goût du sang affleure chaque page, et l’intrigue tendue du début à la fin.
Premier roman
« Tu es jeune, ça se voit. Un type de ton âge, il croit que le monde va se briser s’il tape assez fort. Il croit qu’il peut tenir tête, mais c’est pas comme ça que ça marche… Le monde peut pas se briser. Le mieux qu’on puisse faire, c’est s’écarter de son chemin et espérer passer inaperçu. »
Fiche #1828
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction :
Anatole Pons