« Etre vulnérable, c’est pas un vice, une perversion ! C’est la condition humaine, non ? »
Dominique Celis
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« Une fratrie » a été édité une première fois en RDA dans une version édulcorée… Voici enfin l’édition intégrale et non censurée de ce roman devenu un classique de la littérature est-allemande : une déchirure familiale au cœur de l’affrontement idéologique est-ouest. Elisabeth et Uli, frère et sœur, ont vécu une enfance soudée et aujourd’hui Elisabeth apprend qu’Uli a décidé de partir à l’Ouest. Elle n’a que quelques jours pour tenter de le convaincre d’abandonner ce départ. Deux idées du monde, deux idées de vie, deux croyances vont s’affronter. Elle a la charge d’amener la culture dans les usines et continue de croire en la construction d’un monde socialiste et collectif mettant en souffrance les désirs individuels et la liberté selon Uli. Deux visions, deux vérités opposées (« … nos façons d’envisager le concept de liberté sont trop éloignées l’une de l’autre. ») qui ne peuvent se rejoindre, la rupture était inévitable, division d’une famille, division d’un pays.
Ecouter la lecture de la première page de "Une fratrie"Fiche #3310
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Françoise Toraille
Premier roman extrêmement ambitieux, fresque remarquable qui nous entraîne dans l’histoire de la Yougoslavie à travers celle du jeune Aleksandar, de sa famille et de ses proches. Nous sommes à l’époque où la Yougoslavie est encore unie (« l’époque où tout était bien ») et Aleksandar qui vit à Visegrad est particulièrement attaché à Slavko son grand-père membre du parti. Slavko a fait de lui un magicien révolutionnaire et Aleksandar ne manque pas de motivations (« Je suis contre la fin, la destruction ! Il faut suspendre l’achèvement. Je suis le camarade en chef de ce qui continue pour toujours et je soutiens ce qui va ainsi de suite ! »). Il garde toujours en mémoire les récits enflammés de son grand-père et sa mort (« …Slavko était assis au moment où, à Tokyo, Carl Lewis battait le record du monde, Grand-père Slavko est mort en 9 secondes 86, son cœur a couru au coude à coude avec Carl Lewis… ») marque définitivement Aleksandar. Puis la guerre civile provoquera l’exil de la famille vers l’Allemagne, intégration ardue dans une Allemagne en cours de réunification. Aleksandar grandit et écrit, encore et toujours (« Nous nous étions fait une promesse d’histoires, maman, …une promesse toute simple : ne jamais arrêter de raconter »), sur son quotidien, son exil, mais surtout sur l’histoire de son pays et de la guerre qui l’a achevé (on apprendra que Tito est mort trois fois), de la guerre qui remet en cause les fondements des individus et d'un pays, un pays perdu où tous vivaient ensemble et qui connut une forme de bonheur. Mais l’histoire de la Yougoslavie ne peut être déconnectée du reste du monde et même si les Européens furent longs à être concernés par cette guerre, cette histoire est aussi la nôtre et ce roman en témoigne brillamment. Un roman inventif dans le fond et la forme, fou, exubérant, ancré dans notre quotidien, vivant, vif, parfois cru, parfois burlesque (l’inauguration des nouveaux cabinets est une scène digne de Kusturica, il faudrait presque lire en écoutant la musique de Bregovic !). A découvrir.
« Plus tard, dans le livre qui parle du bon vieux temps, j’écris : On devrait inventer un rabot honnête qui saurait débarrasser les histoires de leurs copeaux de mensonges et les souvenirs de l’illusion. Je serais un collectionneur de copeaux »
Premier roman
Fiche #416
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Françoise Toraille