« Personne ne sait quand exactement les fissures deviennent des failles, puis se muent en gouffres infranchissables. »
Olivier Adam

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Hélène Gestern - L'odeur de la forêt

Hélène GESTERN

L'odeur de la forêt
Arléa

700 pages | 26-09-2016 | 18€

Elisabeth Bathori, une historienne de la photographie, travaille à l’Institut pour la Mémoire Photographique du siècle, on ne sera donc pas surpris de retrouver d’emblée deux mots chers à Hélène Gestern : mémoire et photographie. Elisabeth Bathori est naturellement une vraie enquêtrice, elle ne peut lire un extrait de correspondances sans réagir. Alors quand elle se retrouve en possession des lettres qu’Albert Willecot mort pendant la première guerre a écrit à son ami Anatole Massis où il n’hésite pas à parler de l’horreur de la guerre qui fait oublier jusqu’à l’odeur de la forêt sans oublier sa passion pour la poésie d’Anatole, elle ne peut que partir à la recherche des réponses d’Anatole. Photos après photos, cartes postales de propagande, lettres après lettres, Elisabeth remonte le temps et la mémoire pour suivre les traces des deux hommes et retranscrire leurs vies, la petite histoire au cœur de la grande. La narration mêle cette enquête au quotidien d’Elisabeth, à son intimité, une vie en marche vers une reconstruction et plus de sérénité. Comme à son habitude, Hélène Gestern multiplie les sources d’information pour construire une enquête efficace qui nous parle de mémoire, d’identités et de lignées, d’histoire, de guerres, de destins, dans un texte construit, dense, riche et ample, avec une intrigue qui tient en haleine. Du grand art !

« J’empruntais la vie d’une autre, je mettais mes pas dans les siens, j’adoptais son histoire. Etait-ce malsain, morbide, immoral ? Je ne le savais pas et je n’avais pas voulu me poser la question, me laissant guider par une mémoire qui ne m’appartenait pas, mais dont j’épousais sans discuter les méandres. Parce que, à la faveur de cette enquête sur les lettres centenaires d’un soldat dont j’ignorais l’existence quelques mois plus tôt, quelque chose d’infiniment lent avait commencé à remuer à l’intérieur de moi, quelque chose qui n’avait pas encore ni forme ni nom, mais qui poussait obscurément les parois du chagrin pour réclamer l’énoncé de la lumière. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'odeur de la forêt"

Fiche #1849
Thème(s) : Littérature française


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