« La mort ne respecte rien, ni l’ordre des choses, ni la vie qui s’éveille, ni les rêves inachevés. »
Nathalie Aumont

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Sarah Marty - Soixante jours

Sarah MARTY

Soixante jours
Denoël

288 pages | 15-04-2018 | 20€

Un mur s’écroule dans une propriété fatiguée des Yvelines et la propriétaire découvrira le périple exceptionnel de Yoldas, un maçon kurde qui a choisi ou subi l’exil, et qui lui propose son aide. Yoldas va se confier et Sarah Marty nous livre son témoignage qui donne corps et visage aux migrants, une incarnation absolue. L’exil du peuple kurde est singulier, ces apatrides quittent un pays qui n’est pas le leur et pourtant, la décision est douloureuse, abandonner son histoire, abandonner les siens, un sacrifice, une lourde culpabilité à surmonter. Ils vont se retrouver à quatorze. Progressivement le groupe va se former, se connaître, s’unir et ne former plus qu’un (« Il n’y a pas de victoire individuelle… »). Chacun a sa propre histoire, son vécu, ses souvenirs, les évoquera timidement alors que ses compagnons ne poseront que peu de questions, accepteront les silences ou les confidences. Une solidarité et une fraternité sans faille jaillira dans l’adversité des chemins de l’exil. Ils ont décidé de fuir la peur (« Il veut vivre dans un pays où les mots ne font pas peur, où ils ont le droit d’être écrits, d’être lus, d’être aimés comme d’être détestés. Il ne veut plus être muselé. »), de s’en éloigner et néanmoins durant ce périple, elle sera là, omniprésente, de tous les instants, dans tous les lieux, étouffante et inquiétante. Chacun aidera son compagnon à la supporter, à l’oublier pour quelques brefs instants, voire à rêver ensemble d’un futur souriant. Ces surhumains continueront, résisteront (« Dans quelles ressources a-t-il puisé pour échapper à sa peur ? »), face à l’inhumanité de ce voyage, face à la brutalité et l’avidité insatiable des passeurs. Ils côtoieront la mort, la peur, la faim, la violence mais le groupe toujours se dressera pour tenter de rattraper les épuisés, les exténués prêts à renoncer. Un récit puissant, haletant et terriblement émouvant pour ne pas oublier que chaque jour, sur les chemins européens, au bout de notre jardin, dans les mers qui bordent nos côtes, des hommes, nos frères, subissent un exil contraint et périlleux et perdent toujours un bout de leur histoire et parfois leur vie.

Premier roman

« Je veux aller dans un pays où le soleil se lève, je vais où les rires sont permis et où les couvre-feux n’existent plus. »

« … on ne reconstruit pas sur des ruines, sur des corps de femmes, d’enfants, d’hommes. On ne peut pas rebâtir sur des âmes sans être persécuté par leurs cris. Il faut fuir. Oui, s’offrir un autre destin. Yusuf aime l’idée de poser quelque part des fondations sur une terre qui n’a pas été nourrie de sang. »

Ecouter la lecture de la première page de "Soixante jours"

Fiche #2126
Thème(s) : Littérature française


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