« Où vont les larmes des hommes qui ne pleurent pas ? »
Hafid Aggoune

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Violaine Bérot - Comme des bêtes

Violaine BÉROT

Comme des bêtes
Buchet-Chastel

148 pages | 03-05-2021 | 16€

Ils sont venus témoigner un à un, subir un interrogatoire, parler de l’Ours, donner leurs impressions parfois leur jugement. Il vient d'être arrêté, c’était un gamin différent, sans père, alors, c’est la tradition dans la vallée, on l’a surnommé l’Ours. Ce surnom lui allait comme un gant, tant il était grand, trapu, costaud, silencieux, grognant parfois. Souffre douleur de la cour d’école, il suscitait autant l’attirance que la répulsion dans cette vallée où certains se retirent, sans se cacher, juste à la marge, vivant de pas grand-chose, continuant d’être surnommés les hippies, pour oublier leur passé, leurs origines dans cette terre vierge, peut-être « terre d’expérimentation » d’une autre société, d’autres relations humaines et avec la terre. L’antre de l’Ours était encore plus isolé, au fin fond de cette vallée, sur les hauteurs, là où personne ne passe. Il y vivait avec Mariette, sa mère, une louve protectrice, dévouée et aimante. L’Ours, sorte d'enfant sauvage, passait beaucoup de temps dans la nature, éprouvant son don de soigner et celui mystérieux de détecter le mal chez ces animaux, et alors il devenait agneau, doux et protecteur. Son repaire était une grotte partagée avec les fées observant les déviances des hommes et protégeant les enfants. La cohabitation avec le village et les autres habitants de la vallée suivait son cours, « mais les brav’s gens n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux », alors le jour où un évènement singulier se produit, les véritables sentiments, peurs et haines jaillissent et lorsque l’Ours sera découvert avec une petite fille inconnue, venue de nulle part (l’Ours est-il le père ? L’a-t-il enlevée ? Mariette serait-elle la mère ?...) vivant dans la grotte de l’Ours et des fées, la bonne société se doit d'agir, sa mère et lui l’éprouveront violemment et douloureusement. Ce texte sous forme d’une suite de témoignages entrecoupés de poèmes féeriques implique nécessairement le lecteur qui se crispe page à page sentant aux travers des témoignages le mécanisme froid et inhumain de la machine à exclure et à juger ceux qui sont pas dans la norme. Il tremblera jusqu'à la fin redoutant la catastrophe finale. Violaine Bérot complète brillamment sa description précise et directe de la violence des relations humaines par un opus ou conte aussi beau que brutal.

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Fiche #2683
Thème(s) : Littérature française


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