« Quand nous oublions, c’est que nous avons perdu moins la mémoire que le désir. »
Juan José Saer
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Emma Fulconis est originaire de l’Escarène dans l’arrière-pays niçois. Dès qu’elle le put (« Toujours, on l’a connue qui courait. »), elle se mit à courir, un véritable petit cabri, aérien, fou, libre : « Elle va comme le vent, elle file comme une flèche, c’est ça, elle est une flèche. Athlète. Zèbre. Flèche. ». Véritable athlète (on la surnomme l’athlète), en dehors du monde, au-dessus du monde et le bonheur de courir, loin de toute compétition, aucune envie d’être première : « Elle ne courait pas relativement, mais absolument… elle était ailleurs… elle courait de tout son cœur. ». Jusqu’au jour de bascule : elle s’arrête chez son ami Stéphane, et dès la porte franchie, un molosse se jette sur elle, lui lacère la jambe, déchire les chairs, atteint le péroné appelé aussi l’agrafe. Hôpital, douleurs, rééducation… Emma a alors du temps pour penser aux paroles du père de Stéphane : « Mon chien n’aime pas les Arabes. ». Comme le chien blanc de Romain Gary, ni excuse, ni justification, juste une terrible réalité. Alors Emma, volontaire comme toujours, veut comprendre, passer outre les silences, remonter l’histoire, son histoire, l’histoire de la France, et de l’Algérie. Les faits, rien que les faits : l’histoire d’Emma et des siens, des habitants de l’Escarène, l’accueil des Harkis et « l’agrafe » qui n’existera pas entre eux et les autochtones. La blessure d’Emma met à jour celles de la région, en acceptant la sienne, sans la nier, elle fera tout pour qu’elle cicatrise, mais qu’en sera-t-il pour la seconde ? Un texte aérien tout en maîtrise, sans parti pris, juste une réalité à hauteur d’homme.
« Les chansons déhanchent les mots, les font boiter, divaguer. »
Fiche #3210
Thème(s) : Littérature française