« On est ce qu’on peut. Mais de le savoir, rien ne nous console... »
Olivier Adam
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Trois jeunes japonais se rencontrent lors de petits boulots et ne se quitteront plus. Les trois ont un lien privilégié avec l’art et la musique. Ren et Yuki peignent et se marieront. Bin, boiteux (ce qui lui évitera les champs de bataille) est musicien. Connu pour sa peinture, Ren est mobilisé en tant que peintre mais ses tableaux ne plaisant pas aux militaires, suggérant plus la souffrance que l’engagement, il est envoyé au front et revient rapidement brûlé et mutilé. Sans mains, pourra-t-il continuer à peindre et à vivre avec Yuki ? Leur nuit de noces inoubliable en apportera la preuve. Ren, avec ses pieds, avec sa bouche, se lance alors dans un vaste projet artistique, la forêt de flammes et d’ombres, série de quinze gigantesques tableaux exposant ce qu’il a vécu, la violence de la guerre, la responsabilité d’un pouvoir aveugle : « ... toute la douleur du peintre qui se confondait avec celle du monde. » Il a finalement « décidé de vivre pour peindre ou de peindre pour vivre. » Bin ne les a pas oubliés, ni Ren, ni Yuki, et devenu violoniste virtuose, parcourt le monde et les visitera et découvrira les œuvres de Ren. Après la mort de Ren, Yuki, restée seule avec leur chien, protègera ses œuvres et rejoignant sa fille à Paris, elle créera un musée les présentant. Bien plus tard, Yuki et Bin se retrouveront et Bin, à la mort de Yuki, continuera le chemin de la vie avec la fille et la petite-fille de Yuki avec la musique comme point d’ancrage. Le style d’Akira Mizubayashi excelle pour décrire la violence absolue avec une douceur troublante et ses récits pourfendent efficacement l’absurdité des pouvoirs autoritaires, la violence de la guerre et placent en opposition radicale et salvatrice, l'amour, la beauté, l’art et la musique avec au milieu du chaos, une humanité qui survit et se protège.
« Personne, aucun peintre, même Picasso avec son Guernica, n’a exprimé la guerre avec autant de puissance, ce fol effort de destruction massive qu’aucun autre animal n’exerce sur ses semblables... »
Fiche #3341
Thème(s) : Littérature étrangère
Autour d’un remarquagble violoncelle, un Goffriller, Suite inoubliable démêle les destins croisés d’une palette de personnages de 1945 à 2020 partageant une passion pour la musique et les instruments, entre le Japon et la France, des destins percutés par les guerres et l’oppression de pouvoirs absolus. Hortense est une luthière exilée au Japon qui rencontra un prodige, Ken, primé au célèbre concours de Lausanne en jouant l’œuvre de Edgar musicien anglais engagé contre la guerre 14. Ken s’évadait de l’oppression continue de son pays par la musique et le français mais mobilisé dans la guerre sino japonaise, il mourra rapidement participant à l'hécatombe. Hortense reviendra alors en France enceinte. Sa petite-fille Pamina est aujourd’hui employée par un luthier parisien réputé (cf. Âme brisée) Jacques Maillard. A partir de documents découverts au hasard de la réparation d'instruments, Akira Mizubayashi dévoile les liens entre les générations de ses personnages. L’écriture est aussi délicate et douce que le réquisitoire contre la guerre, le fanatisme et l’obéissance aveugle est évident, la musique peut réunir, l’oppression et la guerre divisent, opposent, tourmentent, violentent et tuent et Akira Mizubayashi à l’évidence a choisi son camp.
Ecouter la lecture de la première page de "Suite inoubliable"Fiche #3096
Thème(s) : Littérature étrangère
En 1938, les relations entre la Chine et le Japon sont plus que tendues. A Tokyo, Yu, professeur d’anglais, continue néanmoins de partager sa passion pour la musique avec trois étudiants chinois. Jusqu’au jour où leur répétition est interrompue par des militaires. Ils les accusent de complot, les arrêtent et brisent le violon de Yu. Le lieutenant Kurokami trouve Rei, le fils de Yu, caché dans un placard mais choisit le silence et lui confie même le violon brisé de son père. Rei ne reverra jamais plus son père. Cet instant restera à jamais figé dans sa mémoire. Fondement d’une nouvelle vie, il sera adopté par un journaliste français et partira vivre en France où il deviendra luthier. Il souhaitera évidemment redonner vie au violon de son père. L’histoire de son père et de son violon resteront le fil unique de sa vie, guideront ses choix, orienteront ses rencontres. Akira Mizubayashi avec une immense délicatesse et une maîtrise absolue excelle à émouvoir le lecteur, à lui faire ressentir la puissance de la musique et des mots, l’art face à la violence et l’oubli, la douleur de la perte du père. Beau, profond et émouvant.
Ecouter la lecture de la première page de "Âme brisée"Fiche #2424
Thème(s) : Littérature étrangère