« Il poste la vidéo. Puis il attend qu’on l’aime. »
Natyot
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Dans son dernier roman, Alice Ferney dissèque l’intimité de ses personnages, des personnages bien ancrés dans leur époque : le couple, la maternité, la filiation, l’amour, le désir d’enfant, la sexualité, la gestation, enfant naturel, enfant fabriqué… Et naturellement la science et la médecine (voire l’économie) ont aujourd’hui leur mot à dire et percute souvent ces thématiques. Alice Ferney expose tous les possibles, tous les poins de vue, les pour, les contre, les hommes, les femmes... Pour incarner cette plongée dans l’intime, le récit débute avec un accouchement tragique puisque Ada, déjà mère de Nicolas, meurt en accouchant de sa fille, Sophie. Alexandre, le nouveau père, se retrouve seul et restera toujours très lié à Sandra, une célibataire féministe, nullipare volontaire et assumée qui gardait Nicolas pendant l’accouchement. Ils sauront dialoguer et débattre de leur intimité. Alexandre reprendra pied progressivement et grâce à un site rencontrera Alba, une femme libre, une femme qui se construit, se décide. Avant de se marier, il saura qu’elle refuse toute relation sexuelle, « Elle ne voulait pas d’un mâle ni davantage être femelle. ». Mais ce mariage, Nicolas et Sophie vont réveiller chez Alba son désir d’enfant sans abandonner son refus de rapport sexuel, et aujourd’hui, la loi et la science peuvent satisfaire ce désir intime et puissant. Alors Alexandre acceptera à nouveau de l’accompagner. Alice Ferney explore avec précision et clairvoyance (et parfois humour) l’intimité d’un couple hétérosexuel en 2020 et l’impact de la science et du savoir médical sur cette intimité et la maternité.
Ecouter la lecture de la première page de "L'intimité"Fiche #2586
Thème(s) : Littérature française
Alice Ferney dans son dernier roman a choisi de nous faire suivre le destin au XX ème siècle d’une grande famille française bourgeoise, les bien nommés Bourgeois. Cette famille nombreuse naturellement, 10 enfants et la grand-mère aura 24 petits-enfants (ce qui implique quelques difficultés pour le lecteur), reste inféodée au vieux triptyque famille, patrie et religion (« Le drapeau, l’armée, l’honneur, Dieu, voilà qui vous tenait un homme. »). Dans le même temps, Alice Ferney nous parle d’un siècle de l’histoire française et prouve ainsi qu’il n’y a évidemment pas une seule et unique histoire française mais des histoires. En effet, ce prisme, ce choix délibéré de famille qui expose leurs avis, leurs croyances, leurs comportements, voire leurs erreurs est emblématique d’une certaine France et malgré le talent de l’auteur, certains lecteurs risquent de demeurer devant le porche de l’église se contentant de regarder de loin cette famille...
« Il y a trois façons de vivre avec le passé : le contempler à l’instant où il est le présent, l’oublier quand il est perdu, en conserver à jamais le souvenir. »
Fiche #2024
Thème(s) : Littérature française
Gérald Asmussen, caméraman, nous raconte « le règne du vivant ». Il monte à bord de l’Arrowhead qui part pour sa septième campagne arctique avec à son bord une poignée de militants soudés et décidés à s’opposer farouchement à la pêche illégale. Magnus Wallace, Don Quichotte moderne (ressemblant furieusement à Paul Watson) dirige avec peu de moyens mais beaucoup d’efficacité cette nouvelle mission. Gérald Asmussen se retrouve totalement impliqué dans cette lutte, et confronté au drame d’un homme qu’il admire, au drame des « océans sans loi », au drame des « eaux vivantes », au drame des espèces vivantes et évidemment des hommes ! Il filme, se pose en témoin mais choisit d’écrire : « Avant de consigner par écrit cette histoire, je l’ai filmée, close et tragique : les patiences et les attentes, les longs appareillages, la peine et l’ennui, la quête et le découragement, la bataille et la victoire, le danger, la peur et la chute… Je serai dans mes phrases, je choisirai chaque mot, tandis que les films ne capturent que le fait visible et le présent. Je remonterai le cours des choses, je révélerai les corruptions, les infamies. J’éclairerai la prédation du monde, l’arrogance et la cruauté des hommes, leur insatiable cupidité. » Il retrace le destin de Magnus Wallace amoureux depuis toujours de la nature et insoumis, engagé pour la vie (« Il y a quinze ans, je suis entré en dissidence. J’ai cessé de respecter la propriété plutôt que la vie ! »). Gérald Asmussen partage avec l’équipe la vie à bord, leurs espoirs, les rencontres avec les pilleurs, les négociations, les violences, la mort des baleines… L’époque de Moby Dick est bien loin, la lutte est définitivement inégale aujourd’hui, la place de l’homme a bien changé, et sa prédation totale. Magnus Wallace demeure constamment attentif, combatif, radical, déterminé et jamais fatigué, il ne craint personne, ne doit rien à personne et prône la désobéissance. Il ira jusqu’au bout de sa lutte, il dérange les puissants et bouscule le système, ils n’hésiteront pas, ce terroriste comme ils se plaisent à le qualifier les gêne... Vibrant et émouvant hommage à un Héros, à l’engagement, à la vie, à la mer et à la nature.
« Parce que dans ce moment de notre civilisation, le profit est devenu plus précieux que la vie. Nous ne l’avouons jamais, nous faisons mine de l’ignorer, nous professons le contraire, mais toutes les décisions de nos gouvernants en témoignent. »
« L’homme est une sale bête autant qu’une bête sale. »
« Exhiber ces clichés n’est pas indécent, c’est obligatoire. »
« L’homme est le seul prédateur qui ne prévient pas de ses intentions. »
« Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion. »
Fiche #1502
Thème(s) : Littérature française
Alice Ferney propose au lecteur de monter dans un manège, montagne russe qu’est la vie de couple. On pense y monter à deux, un long parcours chaotique, où certains, s’ils n’ont pas refusé auparavant de prendre place, peuvent souhaiter descendre avant la destination. L’histoire de couples (deux couples de deux générations successives), de leur naissance où chacun arrive avec son vécu, son enfance, ses parents et leurs empreintes indélébiles, son origine sociale, ses différences, à leur épanouissement, mais aussi à leur usure voire à leur déchirure, aimer ne suffisant pas parfois pour vivre et vieillir ensemble. Alice Ferney montre qu’un couple passe aussi par la découverte de l’autre et dissèque les différents états des couples, entre épanouissement et enfermement, les déséquilibres, petits égoïsmes et autres jalousies, les illusions, les extases, leur complexité mais aussi et peut-être surtout l’implication évidente ou non du passé personnel ou commun. Une plongée dans l’intime toujours aussi passionnante.
« … preuve s’il en faut que le mariage unit deux familles et deux styles, et qu’on le traverse non pas en tête à tête mais en lignée, non pas à deux mais à six. »
Fiche #1278
Thème(s) : Littérature française
Passé sous silence revient sur un fait historique de la seconde moitié du vingtième siècle mais tous les noms, lieux et dates ont été changés. Ce moment historique implique deux hommes, le chef de l’état Jean de Grandberger et le lieutenant colonel Paul Donadieu. L’un juge et partie condamnera l’autre après qu’il a organisé un attentat. Les deux hommes reflètent deux visions différentes du pouvoir, de l’honneur, du respect. Bastien Thiry qui l’a pourtant admiré ne peut accepter la trahison de De GrandBerger. Manipulé, il montera cet attentat voué à l’échec et après un procès expéditif, sans la grâce de De GrandBerger, il sera exécuté. Alice Ferney plonge au plus profond de la psychologie de ces deux personnages et en ces temps commémoratifs, elle éclaire à bon escient et au bon moment ces épisodes encore très présents dans notre quotidien.
Fiche #816
Thème(s) : Littérature française
Une maison, trois générations d'une famille et quelques proches et un jeu "Personnages et caractères". Ce jeu, "susceptibles s'abstenir", offert par Niels à son frère Théo entraîne la famille et ses proches dans une véritable et terrible introspection et analyse : la tension devant la vérité ira croissante, ce jeu est une machine à révélations. Toute famille recèle ses secrets et ses non-dits que le jeu fera voler violemment en éclats : les révélations se succèdent et l'analyse psychologique et comportementale des protagonistes sera impitoyable : connaît-on ses proches ? quelle image ont-ils de nous ? comment nous jugent-ils ? comment pensons-nous que les autres nous apprécient ? De quoi nous jugent-ils capables ? ... Tant de questions rarement posées que le jeu énoncera pourtant.
Alice Ferney décrit la même soirée selon trois modes ou éclairages :
- "Choses pensées" : suite de courts chapitres présentant alternativement le ressenti d'un acteur du vécu de la soirée et ses réflexions
- "Choses dites" : déroulement complet et collectif du jeu
- "Choses rapportées" : un narrateur neutre reprend la partie et éclaire certains faits, comportements, ou dialogues par de nouvelles informations.
Alice Ferney réussit parfaitement cette analyse psychologique familiale collective et a l'art d'explorer les failles de chacun. Ses personnages sont toujours aussi humains, sensibles, vulnérables et attachants. Reste à savoir si vous appliquerez ou non ce jeu en famille !
"Je regarde le journal télévisé. Comme si je pouvais par là m'acquitter de ma présence au monde, mais c'est peine perdue. A mon âge on ne résiste plus aux clameurs mondiales de la violence : on éteint le poste et on pleurt."
"Niels est fier comme un enfant. Il croit que son idée plaît. Pauvre Niels ! Qui se croit si intelligent et irrésistible, et qui a tout sous les yeux pour le croire. Ce qu'il ignore fait de lui un imbécile, mais justement il l'ignore."
"Depuis quand croyons-nous que notre perception du monde est le monde ? Depuis quand sommes-nous si sûrs que la réalité telle qu'elle existe pour nous existe identique pour les autres ?"
"On se tue avec des phrases. On cesse d'exister sous les yeux de celui qui a prononcé les paroles irréparables. Puis on cesse de l'aimer parce qu'il vous a fait disparaître en vous parlant si mal. Tout cela sans un mot après trop de mots."
Fiche #124
Thème(s) : Littérature française