« Que toutes nos vies, malgré leur incroyable linéarité de façade, n’étaient qu’accidents, hasards, croisements et rendez-vous manqués. Nos vies étaient remplies de foultitude de riens, qui selon leur agencement nous feraient rois du monde ou taulards. »
Laurent Petitmangin
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« Mariette nous abandonna un dimanche après la messe ». La Réunion, 1974 : quatre enfants quittent leur mère. Elle avait bien du mal à les élever seule, et la France de la Vème République, celle de de Gaulle et de Michel Debré, celle du Bumidom de triste mémoire, lui propose de l’aide. On promet à ses enfants des vies et des carrières brillantes, de celles qui ne peuvent exister qu’en métropole.
Les campagnes françaises manquent de bras. Les deux aînés trouvent « preneurs » les premiers. Et puis un jour les Brouillet, Thénardier modernes, emmènent Marie-Thérèse et Joseph à la ferme… Une chance ! C’est rare que deux enfants d’une même fratrie soient accueillis ensemble. Le lendemain même de leur arrivée commence le travail et il en faut peu pour que René Brouillet perde patience… Aux « rassin anler » (déracinés), il est interdit de parler créole, de communiquer avec sa famille biologique. Ainsi Mariette, malgré ses demandes, n’aura pas de nouvelles de ses enfants. Michel, Patricia, Marie-Thérèse et Joseph, devenus Frédéric, Magalie, Marie et Florent, n’auront pas davantage de nouvelles de leur mère. C’est Marie-Thérèse, la narratrice qui fait le récit à la première personne, depuis l’enfance en Creuse où elle et Joseph sont en famille d’accueil, jusqu’au retour à Saint-Denis de la Réunion, en 2018. On retrouve alors la fratrie réunie autour d’une commémoration : le 25è anniversaire de la mort tragique de Joseph. On lit ses poèmes publiés désormais avec succès.
Comme ceux du roman, fictifs mais si réels, plus de 2000 enfants réunionnais, seront transplantés (car dire « déportés » reste difficile, même aujourd’hui), entre les années 1960 et le début des années 1980 dans 83 départements de métropole. Leurs souffrances sont à nouveau dévoilées avec ce récit sensible.
Christine J.
Premier roman
« Quel type de stylo utilise-t-on pour vendre une vie ? Un stylo Bic ? Un feutre noir ? Je me demande si ce stylo existe encore quelque part. »
« La rancœur est un manteau dont on ne se défait jamais tout à fait. J’ai essayé de le retirer, mais ses manches me sont restées aux poignets, comme des menottes desquelles je ne pouvais me libérer. En relatant ces chapitres de ma vie, j’espère être soulagée du poids de cet habit. »
Fiche #3260
Thème(s) : Littérature française