« Je rêve d’une colère montgolfière qui s’élèverait dans le ciel en soulevant le poids du monde, une colère montgolfière qui ferait s’envoler un à un nos fardeaux, nos croix, nos boulets et tous nos maudits héritages. »
Douna Loup
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Angelo ARANCIO
Un fils
L'échelle du temps
1 | 198 pages | 30-07-2022 | 18€
Son père est mort il y a déjà de longues années, sa mère avait trente et un ans et lui sept ans. Ses quatre frères et sœurs avaient à peu près le même âge. Il est maintenant père de trois enfants à quarante-trois ans et il est peut-être enfin temps de se retourner sur son passé (« Déjà que j’avais du mal à être fils, voilà que j’étais père, maintenant. ») et principalement sur sa relation avec sa mère. Une mère silencieuse, enfant, il n’a jamais ressenti amour, attention, affection, protection, « Je ne voulais te recevoir que comme je le désirais... Ma frustration m’a empêché de te reconnaître. ». La mort du père, un vrai Sicilien, renforce ce malaise, pas d’explications, pas de consolations, l’impression d’être seul face à son chagrin (« Seulement à tant t’oublier tu as fini par nous oublier.) alors qu’elle se retrouve seule à Saint-Etienne pour tout assumer, elle qui n’a jamais eu un emploi rémunéré. Aujourd’hui seulement, il peut reconnaître l’ampleur de la tâche et que même en silence et à distance, la louve sicilienne restait à ses côtés. Même quand des années plus tard, elle semble enfin profiter de la vie, ce n’est pas la mère qu’il espérait. Mais cette vision de la mère, ce rêve, ne peut être décorrélée de la vie du fils, alors il nous la relate longuement, sans artifice, avec franchise, une trajectoire chaotique, faite d’échecs, de peurs, d’hésitations, de complexes. Quarante trois ans pour le reconnaître, pour faire la part des choses, « Il était tellement plus simple et facile de t’accuser de tous mes maux plutôt que reconnaître que je me plantais... Tout occupé à ma douleur et à ma colère, je ne pouvais voir les preuves d’amour dans lesquelles je butais. », quarante trois ans pour comprendre que « la meilleure des solutions c’était de nous aimer sans aucune forme de démonstration. » Une émouvante confession frisant avec le mea culpa, un puissant (mais peut-être tardif) cri d’amour pour une mère courage.
Premier roman
« Patrick Dewaere m’a carrément sonné. Je voulais être comme lui. On aurait dit un verre de cristal fendu, impossible à toucher sans risque de le casser. »
« La passion c’est se faire croire qu’on se construit à travers l’autre, alors qu’on passe son temps à se détruire. »
Fiche #2876
Thème(s) : Littérature française