« Combien de Voltaire finissent mécaniciens parce qu’ils sont nés plus près d’un garage que d’une école ? »
Olivier Dorchamps

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Beata Umubyeyi Mairesse

Beata Umubyeyi MAIRESSE

Consolée
Autrement

1 | 369 pages | 04-09-2022 | 21€

Ramata, française d’origine sénégalaise, est en voie de reconversion professionnelle. Elle effectue un stage d’art thérapie dans un Ehpad et se retrouve face à Astrida, une vieille femme métisse atteinte de la maladie d’Alzheimer, qui a abandonné le français pour une langue inconnue : une langue disparaît à l’approche de la mort, une autre renaît. Intriguée, Ramata part sur les traces d’Astrida, à la recherche de cette langue mystérieuse, une remontée dans l’histoire coloniale belge avec évidemment des résonances avec sa propre histoire. Astrida est originaire du Rwanda, née, à une époque où le Rwanda était sous tutelle belge, d’un Blanc et d’une Rwandaise. Petite fille métisse, elle s’appelait Consolée, elle sera enlevée à sa famille, placée en institution gérée par des religieuses très appliquées sur leur mission « civilisatrice », puis expédiée en Belgique (les enfants rwandais en Belgique, les enfants réunionnais en France, les enfants amérindiens au Canada, les enfants indiens aux Etats-Unis… différents pays, différentes époques, toujours les hommes et toujours la même horreur et la même folie), on changera son prénom puis elle sera adoptée. Ses premières années la marquent à jamais, notamment les moments apaisés et tendres partagés avec son grand-père, elle attendra d’ailleurs toute sa vie, Sakabaka, le milan noir que son grand-père lui avait annoncé. En miroir de ce destin figure l’histoire de Ramata et de sa fille, deux générations issues de la même Histoire mais qui semble l’appréhender différemment, en tous cas les deux ne peuvent en faire abstraction, doivent en parler, s’y confronter, sans l’oublier, sans la nier, pour simplement pouvoir se construire et vivre. La rencontre de Ramata avec Astrida et Consolée l’incitera à s’interroger sur son histoire, sa place dans la société française, son passé et son avenir, sa fille lui rappellera que, « Tourner une page, je veux bien mais après l’avoir écrite. », il est peut-être enfin temps de tous s’y mettre... Avec délicatesse, douceur et humanité, Beata Umubyeyi Mairesse nous parle pourtant de préoccupations majeures et parfois violentes de nos sociétés, l’exil, le racisme, les conséquences de l’histoire coloniale à travers les générations sur les destins individuels, l’importance de la parole et des langues.

Ecouter la lecture de la première page de "Consolée"

Fiche #2911
Thème(s) : Littérature étrangère