« Rien n'est plus vertigineux qu'une photo d'enfance, s'y miroiter devant l'être que l'on ne sera plus et qui sommeille en nous revient à tenter de voir un fantôme en plein jour. »
Hafid Aggoune
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Bernard Carvalho nous propose un portrait douloureux de Saint-Pétersbourg et des femmes, ou plutôt des mères, qui l’habitent. On est loin du superbe Saint-Pétersbourg loué par les touristes à leur retour : « C’est la ville la plus artificielle de toutes. En trois siècles on a essayé vainement de la nommer trois fois. Un nom par siècle. On a construit trois cents ponts, un pour chaque année, mais aucune ne mène nulle part. Personne ne sortira jamais d’ici ». Alors que la ville prépare les manifestations de son tricentenaire, la guerre en Tchétchénie gronde et les fils du peuple, sans argent, sans appui, sans certificat médical ne peuvent y échapper. Les mères se sentent impuissantes mais ne peuvent accepter l’inexorable destin de leurs fils. Un combat à mort : « Les mères ont davantage à voir avec les guerres qu’elles n’imaginent. C’est le contraire de ce que tout le monde pense. Il ne peut y avoir de guerre sans mères. Plus que quiconque, les mères ont horreur de perdre. Nous sommes capables de tout pour éviter la mort d’un fils. ». Les mères se retrouvent au centre de cet immense gâchis où certains hommes se jouent de la vie des autres tels des marionnettistes cruels. Les histoires s’entrelacent, les points de vue s’opposent, se rejoignent avec comme toile de fond la guerre et la lutte de mères pour leurs fils, contre leur désespoir et leur sacrifice.
Fiche #831
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Geneviève Leibrich