« D’une façon générale, il trouvait les riches admirables : ils n’ont pas besoin d’armes à feu pour tenir à distance les indésirables et défendent leur entre soi avec tact et diplomatie. »
Pascale Dietrich

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Didier Castino

Didier CASTINO

Rue Monsieur-le-Prince
Liana Levi

2 | 202 pages | 22-05-2017 | 17.5€

1986 serait-elle une année charnière, un tournant ? Comment ont grandi, vieilli, les étudiants de l’époque qui participaient aux manifestations contre la loi Devaquet ? Qu’ont-ils accepté ? Renoncements ou continuité ? Ils ne peuvent avoir oublié Malik Oussekine et sa course, sa fuite, lui qui ne manifestait pas, simplement mis en mouvement par la peur (« On court parce que les forces ne sont pas égales, on court parce qu’il y a un déséquilibre, l’un veut s’enfuir, d’autres veulent l’atteindre, le soumettre. ») qui le mènera derrière une porte d’immeuble où les voltigeurs le retrouveront, le tabasseront et le tueront. 20 rue Monsieur-le-Prince. Ils ne peuvent oublier les commentaires affligeants après sa mort. Ils ne peuvent oublier les discours de haine du Front National qui poussait la porte médiatique. 1961, 1968, 1986, on peut énumérer les années où l’état et son bras armé ont choisi la violence pour étouffer des convictions, des engagements, des désaccords, des luttes et des vies. Quelle évolution depuis ? A partir de la vie de Hervé et de ses questionnements et des courses infinies et pour le plaisir de son frère Victor, Didier Castino rend un hommage, une dignité à toutes les victimes de la violence d’état. Il revient sur l’Histoire, les luttes, les engagements, incite chaque lecteur à réfléchir, à se souvenir, à se questionner sans jamais donner de leçon. Un livre indispensable pour replacer définitivement Malik Oussekine au cœur de l’Histoire, de notre Histoire.

Ecouter la lecture de la première page de "Rue Monsieur-le-Prince"

Fiche #1954
Thème(s) : Littérature française


Didier CASTINO

Après le silence
Liana Levi

1 | 223 pages | 16-08-2015 | 18€

Louis Catella est un homme emblématique. Communiste catholique, lui et l’usine (Fonderies et Aciéries du Midi) ne font qu’un. Si l’on parle de lui, on parle de l’usine, réciproquement et nécessairement et le temps de la confession est venu. Louis se raconte dans un monologue destiné à son plus jeune fils qui avait sept ans au moment de sa mort. Il raconte son métier, l’usine, le syndicat, ses engagements et ses luttes, mais aussi la famille, son amour pour Rose et pour ses enfants, la lutte pour la vie et pour les quelques instants de bonheur volés. Louis et ses enfants forment une famille de gauche, la vraie gauche, « Même les enfants ne connaissent que la bonté et la ferveur de la gauche, c’est grave de ne pas être de gauche, c’est un principe, tous les gens qui viennent à la maison sont de gauche. Et même dans la gauche, il y a la gauche gauche et la gauche un peu moins. Tonton Henri, il est un peu moins, il est socialiste, mais il est à gauche quand même, notre ami Alexandre, c’est pareil, à gauche mais un peu moins. ». Les enfants comme Louis ont un chemin tracé, tout d’abord parce que c’est comme ça (« Très tôt on comprend que certaines choses nous sont étrangères, tout s’organise entre ceux qui peuvent et ceux qui ne peuvent pas, ceux qui vont à l’école et ceux qui travaillent, c’est l’un ou l’autre. ») mais aussi pour des raisons pécuniaires (« L’école s’impose comme une fausse route, pleine de dangers, et qui ne permettra pas ni à ma mère ni à mon frère ni à personne de vivre. Il faut très vite gagner de l’argent. »). Puis en 1974, Louis meurt et il faut continuer la route. Le fantôme de ce père observe la vie de la famille sans lui, dialogue avec ce plus jeune fils, avec tendresse et douleur mais aussi regrets, doute et culpabilité. En effet, la tradition a été rompue, le fils est devenu prof abandonnant l’usine, le PC et la CGT, et tente de justifier ses choix auprès de ce père modèle. Tableau sensible et poignant de la condition ouvrière des années 70, une époque révolue où le Nous (« Nous existons, même sans rien, même estropiés. ») avait encore un sens et portait espoir et rêve. Portrait vivant sans concession, sans misérabilisme, dans la vérité et le réalisme, à la construction particulièrement accomplie.

Premier roman

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Fiche #1681
Thème(s) : Littérature française