« Tu peux venir d’un pays sans lui appartenir, suppose Ifren. Il y a des choses qui se perdent… On peut perdre un pays. »
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Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Gabrielle Tuloup

Gabrielle TULOUP

Sauf que c'étaient des enfants
Philippe Rey

1 | 170 pages | 22-12-2019 | 16€

M. Lusnel, principal du collège André-Breton de Stains, malgré les difficultés quotidiennes rencontrées ne se serait jamais douté qu’un matin le premier appel viendrait de la police afin de l’avertir que huit garçons du collège étaient soupçonnés de viol. Tous les âges sont représentés. Fatima soutenue par sa mère a eu le courage de la parole, de briser la loi du silence et de ne pas cacher cette agression, de porter plainte au risque de devenir la paria du quartier, certains assurant même qu’elle l’avait bien cherché ! La communauté pédagogique, enseignants, surveillants… semble soudée, motivée et attentive à ses élèves, ses petits, ses tout petits, presque bébés à leur entrée en sixième mais comment va-t-elle réagir ? Sept vies broyées dès l’enfance, sept enfances achevées dans l’horreur et l’incompréhension : « Lusnel se dit que ces enfants ne savent qu’ils sont coupables. Il repense à Fatima. Elle savait à peine qu’elle était victime, ces garçons ne comprennent pas qu’ils sont bourreaux. » Ce traumatisme va révéler chacun d’eux, les interroger sur leur responsabilité éventuelle et sur la faillite de leur mission (« On ne choisit pas d’être éducateur si on n’espère pas réécrire la fin. »), réveiller d’anciens traumatismes, mettre en lumière leur solitude, leur appréhension de la hiérarchie et de la justice. Emma, l’une des professeurs, d’habitude si calme et mesurée, réagit vertement face aux positions compréhensives de certains élèves vis-à-vis des violeurs et face à l’apathie de certains de ses collègues. Elle semble au bord de la rupture puis ressentira une culpabilité profonde d’immiscer sa douleur dans celle de Fatima, il faudra bien néanmoins qu’elle affronte ses angoisses pour espérer reprendre sa place auprès de ses petits protégés et peut-être rencontrer à nouveau l'amour. Gabrielle Tuloup nous offre un deuxième roman brillant et émouvant qui en se plaçant singulièrement au cœur d’une équipe pédagogique aborde avec sensibilité, justesse et maîtrise les conséquences violentes des abus sexuels. Aucun jugement, aucune recherche d'excuses, aucun manichéisme, juste observer et comprendre. Un deuxième roman, et on le sait déjà, Gabrielle Tuloup est en train de construire une œuvre, aucun doute possible.

« Ces gosses sont des enfants de la rupture. »

« L’enfance a une date de péremption, pas la même que celle indiquée sur les paquets. Elle pensait qu’elle avait le temps de voir venir. On ne voit jamais rien venir. »

Ecouter la lecture de la première page de "Sauf que c'étaient des enfants"

Fiche #2457
Thème(s) : Littérature française