« Comme tous les pauvres, je savais me montrer modeste dans mes aspirations. »
Martial Cavatz
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Née en Irak, Zeina fuit adolescente vers les USA avec ses parents, son père, présentateur de télévision sans histoire, ayant pourtant été accusé de conspiration contre le régime de Saddam Hussein et donc torturé. Ses grands parents maternels auxquels elle était très liée restent vivre quant à eux à Bagdad. Ecartelée entre les deux pays, les deux cultures, Zeina est cependant bien intégrée dans la société américaine, a un ami américain, tout en restant fière d’avoir su conserver sa langue maternelle, grâce à la lecture de poésies irakiennes et à la fréquentation d’un groupe d’amis irakiens, libanais et syriens. Reconnaissante aux USA d’avoir accueilli sa famille, elle se souvient avec fierté du jour de l’obtention de sa nationalité américaine, au contraire de sa mère, qui elle, a pleuré de tristesse ce jour là.
Le lendemain du 11 septembre, hébétée, elle postule à un poste d’interprète arabe mais elle n’est pas retenue.
A la déclaration de guerre contre l’Irak, elle renouvelle sa candidature. Encore Irakienne mais déjà Américaine, elle part à la fois dans l’idée de rembourser une dette qu'elle aurait envers les USA mais aussi pour aider les habitants du pays de ses racines.
Elle débarque dans des conditions rocambolesques à Tikrit, dans un ancien palais de Saddam Hussein investi par les américains. Là elle va traduire des documents saisis, renseigner les militaires sur les habitudes de vie des habitants et servir d’interprète pour des interrogatoires de suspects, interrogatoires parfois musclés ou absurdes. Elle décrit le quotidien et les dangers de cette vie et surtout sa prise de conscience qu’elle « n’est pas dans la même tranchée que les habitants de ce pays » qui la regarde avec hostilité. Elle retrouve avec émotion sa grand-mère qui vit toujours à Bagdad, à qui elle aura honte d’avouer qu’elle travaille pour l’armée américaine. Celle-ci, très attachée à sa petite fille mais enrageant de son engagement, ne va pas hésiter à lui présenter les fils de son ancienne nourrice, pour essayer de la ramener dans le droit chemin, de « refaire son éducation ». Mais de prise de conscience du rôle ambigu de son armée, en chagrins de deuils elle rentre avec « un chagrin pareil à du miel raffiné - épais, poisseux et translucide », avec lequel il lui faudra apprendre à vivre.
Un beau portrait d’un pays lacéré et d’une femme déchirée (le portrait de la grand-mère vaut aussi le détour) entre deux identités qui rend compte de la vie des Irakiens expatriés en Amérique, de leur relation fusionnelle avec la mère-patrie, une femme qui, sur le terrain, réalise l’impasse dans lequel se sont engagés les USA mais incrimine aussi les Irakiens qui n’ont pas su profiter de l’opportunité qui leur était offerte.
Premier roman
Fiche #610
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Khaled Osman,
Ola Mehanna