« Le tiers-monde est là pour sauver les européens de l’ennui. »
Juan Villoro
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Le compagnon idéal une chimère, un rêve ? A-t-on le droit d’y croire ? Eva est en manque d’amour, alors elle l’imagine (« Je préférais imaginer. »), le rêve. Elle vit seule, éclipsée, presque isolée, un sentiment et une situation renforcés par les derniers confinements et les contraintes les accompagnant. Elle a un travail intéressant et motivant, elle est très disponible pour sa patronne Cloé qui le sait et en abuse. Invitée à l’anniversaire de Cloé, elle y rencontre son frère Jimmy ou Jeff selon les situations et le compagnon idéal est peut-être enfin là. En tous cas, Eva est transformée par cette rencontre, ils vont vivre heureux et cachés. Un confinement presque heureux, ils créent une bulle autour d’eux, s’y installent, s’y complaisent et savourent leurs moments de bonheur, ils s’inventent chaque jour, chaque instant. Mais le monde extérieur, notamment la mère et la sœur, s’en inquiètent… Continuer le rêve lui (leur) sera-t-il permis ? Avec sa sensibilité et son humanité habituelle, Isabelle Minière nous délivre le portrait d’une jeune femme à part, solitaire et rêveuse, qui a besoin d’être aimé, que l’on soit délicat avec elle, attentif à elle, et pour cela, elle est prête à aller au bout de ses rêves en ignorant les injonctions du monde extérieur et continuant d’espérer en la rencontre qui changera sa vie, « et que si c’est pas sûr c’est quand même peut-être. »
Ecouter la lecture de la première page de "Le compagnon idéal"Fiche #2829
Thème(s) : Littérature française
J'ai dix-huit ans, tous les âges à la fois, et j'ai un papa
Serge Safran
5 | 186 pages | 23-05-2021 | 17.9€
en stockAlbertine a vécu son enfance avec sa mère. Enfin, vivre n’est peut-être pas le terme idoine tant son enfance fut douloureuse avec la sorcière, violente, méchante, égoïste, manipulatrice… une enfance faite de souffrances et de manque d’amour. La sorcière ne se préoccupe en effet que de ses amants et de son métier de traductrice de romans à l'eau de rose. Impossible de fuir devant le chantage au suicide alors les histoires qu’Albertine s’invente et écrit forment son seul espace de liberté. A peine majeure, sa mère la met dehors avec trois sacs IKEA et l’adresse de son père duquel elle ne connaît rien. Une rencontre inattendue, et un homme qui lui raconte une autre histoire, un homme qui la soutient, l’aide à apprendre à ne plus avoir peur de la sorcière et l’invite à devenir raconteuse d’histoire, vivre sa vie dans l'imaginaire. Isabelle Minière avec sa justesse, sa sensibilité et son humanité habituelles continue d’explorer nos fragilités en abordant une multitude de thèmes essentiels traversant nos vies, la filiation, la paternité et maternité, les violences physiques et psychologiques sur une enfant ou une ado, les manipulations et mensonges, la construction de son identité…
« Les confidences, ça se mérite. »
« Ou bien on est tous un peu dérangés, dès l’instant qu’on a une mère ? »
Fiche #2692
Thème(s) : Littérature française
Ils vivent l'un à côté de l'autre, pas vraiment ensemble, mais un peu quand même. Une mère et son fils, toujours attentifs l'un à l'autre. Chaque soir, un rituel, la mère, avant de diner, passe chez lui et sort les chiens. Mais à chaque fois, les chiens sont différents, des noms différents, des races différentes... Le fils ne s'en inquiète pas, bien au contraire. En effet, c'est plutôt le jour où sa mère stoppe sans explication ses sorties, qu'il commence de s'interroger et que la peur le gagne. Il n'ose questionner sa mère et ses interrogations impactent ses dessins. Comment pourra-t-il continuer de protéger sa mère et l'aider à reprendre ses promenades avec ses chiens singuliers ? Un plaisir de retrouver la sensibilité et l'humanité d'Isabelle Minière et ses personnages.
Ecouter la lecture de la première page de "Sortir les chiens"Fiche #2682
Thème(s) : Littérature française
Elle l’appelait Tintin. Elle s’appelait Flora. Il l’aimait. Et puis un jour, « Ce n’était plus comme avant, en tous cas. Avant quoi ? Je ne savais pas. Juste ce constat : ce n’était plus comme avant ». Alors elle prend deux sacs, lui dit au revoir et s’en va. Rejoindre l’autre. Séisme, tremblement de terre violent. Tintin s’effondre, pourra-t-il retrouver son prénom ? Pour lui-même. Pour les autres. Renaître après cette petite mort qu’il avait rêvée dans ce cauchemar qui l’avait tant bouleversé. Mais rien ne sera possible s’il ne retrouve pas sa voix disparue avec le départ de Flora : « J’avais remarqué qu’on se porte beaucoup mieux quand on ne pense plus. Et quand on ne parle plus ? » Avec sa sensibilité habituelle, Isabelle Minière nous place au cœur d’une rupture et d’une reconstruction et dresse à nouveau le portrait attendrissant d’un homme sensible.
Ecouter la lecture de la première page de "Bouche cousue"Fiche #2530
Thème(s) : Littérature française
Arthur raconte sa vie, une vie de bébé laid (« On n’a pas idée d’être aussi un laid pour un bébé ! », quel désarroi pour les parents), d’enfant laid, d’adolescent laid, d’étudiant laid, de jeune homme laid, « j’étais laid, c’était ça ma différence. ». Il découvre que tant de choses restent interdites aux laids qui restent isolés et seuls et peuvent parfois ne se sauver que par l’humour et la dérision. Il voudrait tant être comme les autres, passer inaperçu, être simplement accepté mais ses relations sont à jamais marquées par son visage et notamment avec les femmes. L’art peut représenter, reconnaître et aduler le laid (« Que la laideur inspire la beauté ça restait un mystère pour moi. »), pas la vie. Alors pourquoi ne pas recourir à la chirurgie esthétique ? Mais un autre visage créera-t-il réellement un autre homme ? L’adoption par ses proches de son nouveau visage sera-t-elle possible ? « Je suis né laid » par ce portrait tendre, émouvant et parfois drôle, démontre que l’aspect physique reste au cœur des relations humaines et guide notre rapport au monde quel que soit l’amour que l’on peut rencontrer.
« On n'est pas responsable de ce qui nous passe par la tête, on est seulement responsable de ce qu'on en fait. »
« Vous êtes un homme normal, sauf que les autres ne le savent pas. Ils généralisent, à partir de votre physique. Comme si une personne laide ne pouvait pas être une belle personne. »
Fiche #2346
Thème(s) : Littérature française
Grégoire semble heureux. Heureux au boulot, heureux d’aller au cinéma admirer les beaux paysages, heureux de partager sa vie avec Agathe prof de philo, heureux de l’écouter parler et se questionner lui qui n’a que peu d’avis. Gentil et sensible, parfois naïf, toujours décalé, elle l’a choisi pour sa différence. Il ne se souciait pas des autres, de leurs regards. Il est vrai et néanmoins ailleurs. Dans sa bulle. Mais la bulle va croître et Grégoire s’éloignera, progressivement, gentiment, innocemment (quoique), sans s’en rendre compte et sans qu’Agathe puisse l’aider. Trois faits viendront finalement bouleverser son quotidien routinier, la mort inattendue du président, un nouveau film annoncé très violent et l’arrivée de Vivien le gentil collègue souriant d’Agathe. La prose d’Isabelle Minière et le ton adopté réussissent parfaitement à nous immerger dans le psychisme singulier de Grégoire et à susciter notre émotion et notre empathie.
Ecouter la lecture de la première page de "Je suis très sensible"Fiche #1482
Thème(s) : Littérature française