« C'est un malheur que de naître, et aussi longtemps que nous vivons, nous ne faisons que prolonger ce malheur. »
Thomas Bernhard
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« Nul besoin de prophétie pour savoir que le premier voyageur apporte toujours avec lui d'innombrables calamités » et jusqu’à aujourd’hui les habitants de « Nord Sentinelle » (d’où le titre) une île du golfe du Bengale l’ont bien compris : ils tuent en effet tout ceux qui se risquent à poser un pied sur leur terre. Le roman n’est pas situé mais pourrait bien se dérouler en Corse où comme parfois un fait divers déclenche un récit, une histoire, une retour dans le passé avec une violence latente. Pour une broutille, le jeune Alexandre Romani poignarde Alban Genevey au milieu d’un amas de touristes. Alexandre, l’autochtone, et Alexandre, le touriste, se connaissent pourtant depuis l’enfance. Le narrateur, un prof revenu depuis peu au bercail et proche des Romani, remonte l’histoire d’une dynastie, d’un lieu et souvent de la bêtise. Il y eut les explorateurs, les colonisateurs, il y a les voyageurs, les touristes. Jérôme Ferrari en décortiquant avec son ironie, son ton et son humour corrosifs, la sacro-sainte idée, l’histoire et la tentation du voyage, sorte de péché originel, nous fait ressentir avec une pointe d’amertume, une profonde détestation des valeurs actuelles (profit, pouvoir…), une critique acerbe du tourisme de masse, la vision d’un avenir très embrumé et un portrait aiguisé de la bêtise humaine.
Ecouter la lecture de la première page de "Nord sentinelle"Fiche #3270
Thème(s) : Littérature française
« Le démiurge n’est pas le Dieu créateur. Il ne sait même pas qu’il construit un monde, il fait une œuvre d’homme, pierre après pierre, et bientôt sa création lui échappe et le dépasse et s’il ne la détruit pas, c’est elle qui le détruit. » et l’échelle de ce monde varie selon ses auteurs. Un petit village corse se meurt gentiment lorsque deux de ses enfants, étudiants en philosophie, décide de reprendre le débit de boisson qui va à vau-l’eau depuis quelques années. Ils sont unis par une amitié indéfectible, portent ce projet et s’y consacrent sans retenue aucune. A la surprise de tous, le commerce prend son essor et beaucoup du village et d’ailleurs viennent y prendre part et apportent leur pierre à l’édifice maintenant soutenu par une équipe entretenant ce rêve collectif. Jérôme Ferrari dresse ainsi le portrait de ce microcosme en le recadrant naturellement dans une perspective beaucoup plus large puisque mythologique ! L’écriture est précise, le roman ample, les personnages puissants, la tragédie saisissante, à découvrir « sur-le-champ » !
Ecouter la lecture de la première page de "Le sermon de la chute de Rome"Fiche #1166
Thème(s) : Littérature française
Deux hommes se retrouvent en 1957 à Alger. Deux militaires. Deux anciens prisonniers d’Indochine. Un vécu, une histoire, les lient à jamais. Le capitaine Degorce a protégé voire épaulé le lieutenant Horace Andreani en Indochine et ils se « partagent » maintenant les prisonniers sur ce nouveau continent. Ils ont été victimes, ils se retrouvent bourreaux ; ils demeurent et demeureront toujours des militaires, répondant aux ordres quoiqu’ils arrivent. Mais les âmes sont différentes et le degré d’acceptation des hommes de l’horreur peut différer… Et lorsque le capitaine Degorce arrête enfin le « rebelle » Tahar si recherché, la victoire provoquera la fin. Celui-ci révèlera aux deux hommes leurs sentiments les plus profonds, au cœur de leur intimité et de leur personne. Jérôme Ferrari en s’appuyant sur de longs monologues de ces deux hommes interrompus par les questions et les observations de Tahar dissèque littéralement la psychologie de ces deux militaires que l’enfer et les ténéèbres de la guerre annihileront.
Fiche #799
Thème(s) : Littérature française