« Je suis un minoritaire-né. Les plus forts, je suis contre. »
Romain Gary
Vous appréciez nos comptes-rendus, vous souhaitez nous soutenir mais vous n'avez pas la chance d'habiter aux alentours de Vaux-le-Pénil, tout n'est pas perdu ! Vous pouvez commander l'ouvrage de votre choix sur le site LesLibraires et choisir Vaux Livres comme librairie indépendante. Nous nous ferons un plaisir de vous livrer au plus vite. Nous comptons sur vous. |
Le père de Paul Sorensen vient de mourir au Canada. Paul rapatrie le corps et à son arrivée, son premier acte est inattendu : il tue à nouveau son père déjà mort de deux balles ! Jugement et obligation de soin. Un an chez un psy, Frédéric Guzman. Un an pour confier ses histoires au milieu de l’eau : ses larmes, les larmes du psy atteint d’un épiphora, les larmes de la Garonne qui en 2031 n’arrive plus à évacuer les pluies (les larmes de Gaïa ?) incessantes. Le destin de Paul est initié par sa naissance : sa mère et son jumeau n’y survivront pas : « L’origine des larmes se trouve là, au fond du ventre de ma mère. ». Il se retrouvera alors seul avec son père, Lanski, manipulateur, pervers, violent. La haine pour Lanski ne le quittera plus et éclaire sa vie, son destin. Avec son humour noir et ses digressions habituels (et un zeste d'érudition supplémentaire), Jean-Paul Dubois, sa tondeuse, son chien et son Paul dressent un portrait qui trouvera son paroxysme dans une vengeance explosive et inattendue.
Ecouter la lecture de la première page de "L'origine des larmes"Fiche #3167
Thème(s) : Littérature française
Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon
L'Olivier
5 | 250 pages | 25-08-2019 | 19€
Paul Hansen et Patrick Horton (Hells Angel tatoué et violent) se partagent depuis quelques années un espace restreint, une cellule de prison canadienne ! Les deux hommes sont différents, abordent l’emprisonnement et la promiscuité avec des sentiments parfois opposés mais une confiance et un respect se sont installés au fil du temps. Dans cet univers clos, propice à la réflexion, chacun pense à ce qu’il a été, au chemin suivi pour arriver dans cette cellule et principalement Paul, cet exilé franco-danois toulousain fils de pasteur. Ses rêves invitent son passé et ses proches à ses côtés derrière les barreaux infranchissables. Il était superintendant à l’Excelsior, une résidence pour riches, où il était devenu homme à tout faire et savait aider les résidents et répondre à toutes leurs demandes. Entre deux services, il parcourait le ciel avec sa compagne indienne qui pilotait un avion. Jusqu’à l’arrivée d’un nouveau gérant. Nouveau management, nouvelles relations, nouvelle hiérarchie, les conflits jaillissent et Paul et son chien ne sont pas prêts à tout accepter. On continue de retrouver avec bonheur les Paul et leur chien de Jean-Paul Dubois, un nouveau portrait attachant débordant d’humanité, de sensibilité et tendresse qui nous parle aussi de notre société capable de faire dérailler certains face aux humiliations répétées et à l’injustice. Mais Jean-Paul Dubois conserve son humour et tout en étant réaliste, et une forme d'optimisme, puisqu’il continue de situer ses héros et les autres dans un même monde.
« Les inégalités de la vie sont généralement reconduites et confirmées par voie de justice jusque dans notre mort. »
« La vie c’est comme les canassons, fils : si elle t’éjecte, tu fermes ta gueule et tu lui remontes dessus tout de suite. »
Fiche #2397
Thème(s) : Littérature française
Paul Katrakilis a fait des études de médecine, comme son père, mais n’a jamais exercé (« J’avais passé mon enfance à travailler, étudier, apprendre les choses inutiles et insensées sous le regard étrange d’une famille restreinte de quatre personnes totalement déroutantes, déboussolées et parfois même terrifiantes. »). Il a préféré s’éloigner, mettre de la distance entre lui et sa famille, « … loin de ceux qui m’avaient mis au monde par des voies naturelles, m’avaient élevé, éduqué, détraqué et sans aucun doute transmis le pire de leurs gènes, la lie de leurs chromosomes » et partir à Miami, où il assouvit sa passion, le sport et la cesta punta. Mais la famille rattrape souvent les brebis égarées… Il apprend par le consulat la mort de son père. Comme sa mère, comme son oncle, il a choisi de se suicider « sans un mot pour son enfant », malédiction familiale ou maladie héréditaire ? Paul reviendra en France et deviendra enfin médecin. Il découvrira son père mais aussi ses pratiques et la place que le médecin peut prendre lors de la fin de vie de ses patients (« Personne ne nous avait appris à éteindre des vies, à voir quelqu’un s’en aller sur notre injonction. »). Son nouveau métier l’isole, l’épuise, le plonge dans une solitude pesante, « Peut-être mon père était-il lui aussi reclus dans une forme de solitude, enfermé dans une prison familiale avec des détenus dont il ne parlait pas la langue. », Paul échappera-t-il au destin familial et saura-t-il trouver sa place ? Jean-Paul Dubois propose un questionnement déchirant et émouvant sur la famille et la mort donc sur la vie avec son ton habituel entre gravité et ironie, sérieux et légèreté mais toujours avec grande humanité.
Ecouter la lecture de la première page de "La succession"Fiche #1841
Thème(s) : Littérature française
Lorsque Paul Sneidjer sort du coma, il apprend qu’il est le seul survivant après un accident d’ascenseur, accident inédit dans une tour de Montréal qui l’incite à se questionner : les raisons de cette chute d’ascenseur, du décès de sa fille. Un monde s'écroule, un second s'ouvre, différent, deux mondes face à face qui ne se comprennent pas. Approcher la mort bouleverse sa vision de la vie, de sa vie. Il repart avec indifférence vers une nouvelle vie, un nouveau métier avec toujours au centre de ses préoccupations ces monstres technologiques que sont ces ascenseurs que nous croyons maîtriser comme notre vie. Paul devrait être mort et sa mémoire lui rappelle tous les évènements de son existence mais cette mémoire n’est-elle pas plus mortifère qu’un ascenseur ? Jean-Paul Dubois nous offre à nouveau une nouvelle comédie grinçante à l’humour noir dévastateur.
« Mais quelle que soit l’ampleur de nos coupes, année après année, telle un lierre têtu et dévorant, lentement, notre mémoire nous tue. »
Fiche #1033
Thème(s) : Littérature française
Le roman est le récit d’un an de la vie du narrateur Paul Stern. Il s’ouvre avec l’enterrement de Charles Stern, son oncle, mort subitement et de manière inédite... Son père, Alexandre, 78 ans, et son oncle ne vivaient « que dans l’exécration et le conflit ». Alexandre hérite pourtant de la fortune de son frère. Paul voit alors son père changer et abandonner ses convictions, son mode de vie, il s’aperçoit que celui-ci n’est pas l’homme qu’il croyait et qu’il a toujours simulé... On croit connaître ses proches, mais les simulations et autres petits accommodements biaisent bien souvent nos relations. Dans le même temps, sa femme Anna est en pleine dépression et lui qui revoit des scenarii (il est script-doctor) est impuissant devant cet état. Il saute donc sur une proposition qui lui est faite : partir à Hollywood travailler pour les studios de la Paramount et nous présente son arrivée dans cet univers entièrement factice. L’organisation folle de ce monde de stars et d’anonymes est décryptée par Paul. Ses journées (ou plutôt ses nuits) sont entrecoupées par les appels de son père qui lui parle principalement de l’actualité politique française (élections 2007). Un jour, il rencontre sur son lieu de travail Selma une jeune femme sosie parfait d’Anna mais à 30 ans et « baiser son double, ce n’est pas tromper sa femme » ! Arrivera ce qui devait arriver. Cependant Selma a une vie éprouvante pour son entourage… Après une overdose, il l’aide à se soigner et la quitte alors qu’elle débute sa cure de désintoxication. Son travail terminé, il décide de repartir à Toulouse où sa femme a achevé sa cure et l’attend à l’aéroport. Après cette année de bouleversements, « les accommodements raisonnables tacitement conclus nous mettaient pour un temps à l’abri d’un nouveau séisme, mais le mal était toujours là, tapi en chacun de nous, derrière chaque porte, prêt à resurgir ». Jean-Paul Dubois excelle pour présenter avec humour et réalisme nos doutes, les remous de l’existence humaine sans oublier les réalités sociales de notre monde.
Fiche #447
Thème(s) : Littérature française
Après le léger mais excellent « Vous plaisantez Monsieur Tanner », Jean-Paul Dubois revient avec une tragédie digne des tragédies antiques, duel épique entre deux hommes qui n’auraient jamais dû se rencontrer tellement leurs différences sont flagrantes et leurs lieux de résidence éloignés. Paul Hasselbank, toulousain, atteint d'une maladie incurable, n'attend plus rien de la vie et survit comme il le peut. Pourtant il espère en une ultime rencontre avec Anna, la femme qui l'a quitté. Une carte postée depuis le grand nord canadien, l’amène à entreprendre un long périple vers une petite bourgade de l'Ontario. Dès son arrivée, Hasselbank va être confronté à la violence, la brutalité voire l’animalité : il assiste avec Edouard Thyssen le premier homme ayant accueilli Anna à un combat d’Ultimate Fighting qui le révulse. Cette rencontre le mène ensuite chez Floyd Paterson, célibataire greffé du coeur, qui a également partagé la vie d’Anna. Floyd Paterson chasseur aguerri, bestial, colosse croquant la vie à pleines dents vit en osmose avec la nature. Une tempête de neige va piéger les deux hommes qui devront cohabiter dans un chalet isolé. Un face-à-face tendu et dramatique avec un final troublant qui vous remuera. Récit brutal sur l’homme ou du moins une part essentiel de l’homme, récit quelque peu désespéré ou désabusé sur la nature humaine (Anna écrivait dans sa carte « Pourquoi n’avons-nous jamais su nous comporter comme des êtres humains ? »).
« Je crois qu’il ne faut jamais regarder trop longtemps en soi. C’est là que se trouve notre pire visage, celui que nous essayons de dissimuler pendant tout une vie. »
« Mon père m’a toujours dit qu’il rêvait de devenir un animal sauvage »
« On ne connaît jamais la personne avec laquelle on vit »
« Les Indiens disent que la seule chose que l’on ait à craindre pendant le blizzard, c’est que le vent soulève la mauvaise part que chacun porte en soi et que, lorsque tout s’apaise, apparaisse à la lumière ce que l’on a parfois essayé d’enfouir tout au long d’un vie »
Fiche #230
Thème(s) : Littérature française