« Je suis comme l’aquarelle qui s’efface à l’eau. »
Audur Ava Olafsdottir
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Jean Echenoz raconte sans raconter, décrit sans décrire. Chaque mot est pesé, dans la sobriété et la simplicité, subtile contraste entre la délicatesse de l'écriture et le thème abordé. En effet, il s'agit de la première guerre mondiale, de cette boucherie mais s'agit-il seulement de cela ? Cinq hommes sont mobilisés et partent, presque joyeux, en tous cas unis et certains de revenir rapidement. Mais vont-ils vraiment revenir et dans quel état ? Du grand art !
Ecouter la lecture de la première page de "14"Fiche #1149
Thème(s) : Littérature française
Après la musique de Ravel, Jean Echenoz adopte un autre rythme, d’autres notes, une autre musique, la musique des pas, de la course à pied, mais toujours avec sa musique des mots. Emile habite la Moravie lorsque les Allemands s’y installent. Jeune adolescent, son temps est occupé par un travail pénible afin d’épauler sa famille. Il n’aime pas courir ni le sport et pourtant il est obligé de participer à une course. Ce n’est pas une révélation mais il termine second et surpasse nombre de coureurs surentraînés… L’entraînement aidant, il commence d’y prendre plaisir, et ne s’arrête plus. Il court, il court et court encore. Vite, plus vite, encore plus vite, sur toutes les distances. Ce stakhanoviste de la course à pied qui travailla pour l’entreprise Bata usera quelques paires sur les stades ! Ses méthodes personnelles d’entraînement sont inédites, comme son allure et son rythme, loin de répondre aux modèles d’efficacité déjà prônés à l’époque. Qui a vu une fois, Emile Zatopek courir s’en souvient, visage marqué, grimaces, tête inclinée... ("Style, en effet, impossible... A se demander comment se débrouille Emile"). Emile Zatopek s’imposera dans le monde entier mais non sans mal. Il habite un pays qui fait partie du bloc soviétique et sport et politique sont plus que jamais imbriqués. A chaque ligne, on sent toute l’affection de Jean Echenoz pour ce phénomène qu’était la locomotive, un homme avant tout, et il établit une véritable proximité entre le lecteur et Emile. Beau portrait d’un homme singulier par sa simplicité, sa modestie, son calme, et sa réussite et Jean Echenoz rend cet Emile très attachant.
"Je n'ai pas assez de talent pour courir et sourire en même temps, reconnaît Emile en levant aussi la sienne. Je courrai dans un style parfait quand on jugera de la beauté d'une course sur un barème, comme en patinage artistique. Mais moi, pour le moment, il faut juste que j'aille le plus vite possible."
Fiche #456
Thème(s) : Littérature française