« La rumeur est signe d’humanité. »
Michel Quint

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

110624371

Vous appréciez nos comptes-rendus, vous souhaitez nous soutenir mais vous n'avez pas la chance d'habiter aux alentours de Vaux-le-Pénil, tout n'est pas perdu ! Vous pouvez commander l'ouvrage de votre choix sur le site LesLibraires et choisir Vaux Livres comme librairie indépendante. Nous nous ferons un plaisir de vous livrer au plus vite. Nous comptons sur vous.

Jeanne Benameur

Jeanne BENAMEUR

La patience des traces
Actes Sud

4 | 200 pages | 13-02-2022 | 19.5€

Simon Lhumain est psychanalyste, écouter les autres et s’oublier, le métier d’une vie oubliée. Néanmoins, un fait anodin, un bol cassé et tout explose. Le passé nié jaillit violemment, une vieille trace enfouie se réveille, la colère l’accompagne. Le moment crucial d’une rupture, rupture d’amitié, rupture d’amour au cœur d’un jeune trio, il n’a jamais oublié Louise et Mathieu. Alors « Il a besoin de commencer un autre chemin » et achète un billet d’avion aller sans retour pour le Japon et les îles subtropicales à la végétation luxuriante de Yaeyama. Il y rencontre un vieux couple, Madame et Monsieur Itô. Une douce relation amicale se noue rapidement et « Ce couple veille sur lui et c’est une sensation qu’il n’a pas eu depuis longtemps. » Retrouver le silence (« Il va se mettre au silence. Et il a peur. »), entre ce silence, la nage, les bains dans les eaux très chaudes, les repas aux odeurs singulières, l’observation et l’attention portées à ce couple et leurs activités (la femme collectionne les tissus et kimonos anciens et l’homme pratique le kintsugi), sa colère va progressivement s’éloigner, il va apprendre à pardonner, accepter de ne pas comprendre, de ne pas tout maîtriser, d’avoir peur, un chemin apaisant pour se libérer, trouver la sérénité, une vraie renaissance réjouissante et réconfortante.

« Mais qui peut être à la hauteur des rêves de quelqu’un d’autre… »

« La rage c’est de ne pas réussir à aimer ce qu’on désire. »

Ecouter la lecture de la première page de "La patience des traces"

Fiche #2810
Thème(s) : Littérature française


Jeanne BENAMEUR

Otages intimes
Actes Sud

3 | 195 pages | 06-07-2015 | 18.8€

Etienne est photographe de guerre, un homme parmi d'autres. C'est lui et c'est nous. Et Jeanne Benameur a le don de placer dès les trois premières lignes le lecteur aux côtés d'Etienne. Immédiatement, les liens se tissent avec Etienne qui a toujours été au plus près du feu, du danger et cette fois, il s'est retrouvé prisonnier. Otage. Longtemps. Alors lorsqu'il est libéré, le gouffre de la vie l'étourdit et il part naturellement retrouver les lieux de son enfance, petit village sauvage perdu au milieu d'une campagne boisée, « Ouvrir les paupières. Retrouver le jour. Comme tout le monde ». Renouer avec l'image du passé dont il se souvient, sa mère et les deux petits égarés qu'elle avait accueillis, Enzo le taiseux, Jofranka la petite devenue avocate au tribunal de La Haye. Il estime alors que sa reconstruction passe par son enfance, mais ne risque-t-il pas de découvrir que l'on demeure aussi otage de notre enfance ? Jeanne Benameur réussit parfaitement à toucher tout autant l'intime que l'universel. Elle expose Etienne et en même temps elle nous incite à la réflexion, à l'interrogation et à l'introspection. Comme dans tout bon film, les personnages secondaires prennent une place importante et contribuent à renforcer la densité évidente au texte. Elle nous parle de prison, de captivité, de confinement, de peur, de silence et évidemment de liberté. Nous avons tous une partie de nous prise en otage, laquelle ? Qui est l'oppresseur ? Pourquoi et comment l'acceptons-nous ? Elle décrypte tranquillement la complexité de l'Homme, et sans aucune description, fait ressentir l'extrême violence de la guerre, de l'enfermement. Et pour cela elle joue avec les mots, la ponctuation, délivre les flots tendus de pensée d'Etienne, maîtrise le rythme et emmène le lecteur sur le chemin de l'espérance.

« Parce qu'elle est bien là, la différence entre corps et chair. Les corps peuvent bien retourner à la liberté. La chair, elle, qui la délivre ? Il n'y a que la parole pour ça. »

« Oh Etienne non l'enfance et le monde ne se rejoignent pas. Et personne n'y peut rien. On peut juste faire en sorte que vivre soit encore possible. Malgré tout. Avec les mots. C'est pauvre, les mots. Mais c'est tout ce qu'on a. »

Ecouter la lecture de la première page de "Otages intimes"

Fiche #1651
Thème(s) : Littérature française


Jeanne BENAMEUR

Profanes
Actes Sud

2 | 277 pages | 06-02-2013 | 20€

A quatre-vingt-dix ans, Octave Lassalle, ancien chirurgien, ne répare plus les cœurs depuis longtemps. Il vit seul dans sa maison avec toujours le désir de vivre (« C’est l’arrêt du désir qui fait le nid à tout ce qui crève. Plus d’élan, plus de vie. Et moi je veux vivre. Pas en attendant. Pleinement. »). Sa vie a continué après la mort de sa fille même si ses circonstances l’interrogent encore, la vieillesse l’a rattrapé, les questions aussi. Pour préparer ses dernières années, Octave réunit quatre personnes, trois femmes et un homme, il partage son temps, se frotte à d’autres vies, d’autres avis, quatre destins accompagnés de blessures bien évidemment, mais une foi partagée en l’homme et en la vie intacte, loin de toute religion. Ces cinq voix humbles, qui continuent de tenter de vivre, de douter et de se questionner, toujours respectueuses de l’Autre entretiennent et attisent le vif de la Vie, elles se mêlent, s’écoutent, s’éloignent, se rejoignent, se répondent. Un livre apaisant, lumineux et superbement humain.

« Il est ce profane. Ils sont ces profanes. Au cœur de chacune de leurs vie, le temple. Vif. Le seul sacré qu’il connaisse. Cette vie qui vibre et échappe à chaque pas. »

Ecouter la lecture de la première page de "Profanes"

Fiche #1240
Thème(s) : Littérature française


Jeanne BENAMEUR

Laver les ombres
Actes Sud

1 | 159 pages | 13-07-2008 | 15.3€

Lea est une danseuse. Perfectionniste à l’extrême, maîtrise constante et totale de ses déplacements, sentiments… même l’immobilité est un mouvement réfléchi chez elle (« Elle ne sait offrir au regard que le corps conscient »). Lea et son métier ne font qu’un et peut-être est-ce pour cela qu’elle ne peut s’abandonner, se confier aveuglement, et même aimer. Cette obsession entrave sa liberté, elle n’est libre qu’en spectacle. Ou alors, les raisons sont plus profondes, plus intimes et elle porte en elle à son insu les stigmates d’une histoire familiale. Alors qu’elle conçoit un nouveau spectacle, l’intuition salvatrice lui vient d’y incorporer sa mère qui vit en Bretagne. Une mère à l’histoire tragique : italienne, elle quitta ses parents pour se marier avec le « bel ami français » qui la vendit dans une grande maison. Ils s’exilèrent à la fin de la guerre en France et donnèrent naissance à Lea. Lea part à la rencontre de sa mère et de ses confidences à propos de son ou plutôt de leurs passés. Jour de tempête où, par tableaux alternant entre présent et passé, les propos maternels l’éclaireront puissamment et efficacement sur son passé, sur son père et sa mère elle-même mais surtout la relanceront comme un ressort vers une vie plus accomplie.. Entre mélancolie et tristesse, sans jamais tomber dans le désespoir, Jeanne Benameur vous emportera à pas chassés, retenus et maîtrisés, telle son héroïne, dans cette histoire où le poids familial ne pourra être dépassé que par la vérité.

Fiche #414
Thème(s) : Littérature française