« Les fous marchent sur la crête de la vie, un souffle les renverse. »
Marie Le Gall
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La Furieuse inonde le Jura et le Doubs de ses tourbillons, de son flux infini (« J’ai besoin de ce flux permanent qui me rassure, m’apaise et fait naître en moi de multiples envies d’évasion, de dérives. »), de sa colère, mais aussi de sa limpidité. Michèle Lesbre nous invite à un voyage pluriel, voyage dans l’espace, voyage dans le temps, voyage en mouvement, voyage immobile, voyage réel, voyage dans la littérature… Le récit est illuminé de douceur, de nature, de poésie, de souvenirs, de rêves. Dans l’ombre, toujours Léon, le grand-père, (« … j’étais sous le charme de cet homme à la dégaine un peu bohème… ») et Mathilde, la grand-mère (« Quel monde Mathilde avait-elle imaginé ? ») : « Quels voyages ont hanté les imaginaires de Léon et Mathilde ? » La pérégrination avance à son rythme, nous remontons pas à pas à la source et regardons passer le temps tranquillement, sans aigreur ni regrets : « La précipitation dans laquelle nous vivons n’aurait pas été de son goût, il s’en tiendrait à l’écart comme je le tente moi-même. » Alors, prenez votre temps pour déguster et apprécier ce court récit splendide et érudit.
« Il me semble alors qu'il n'y a pas d'autre vie que le passé. Je me ressaisis, mais le pense à nouveau. »
« C’est ça qui est effrayant. Une mémoire et pas de souvenirs. »
« Ecrire… c’est au contraire tenter d’atteindre une cohérence sur la durée, de porter jusqu’au bout les images qui ne s’effacent pas, les chagrins, mais aussi les éblouissements, les désirs, ce qui pour moi est la fidélité. »
Fiche #2987
Thème(s) : Littérature française
Michèle Lesbre dans ce court texte ou cette longue lettre s’adresse voire se confie à Marion du Faouët, une femme rebelle, fougueuse, libre (« Ta liberté est ta force »), refusant l’ordre établi et insolente donc définitivement à la marge et elle le paiera cher. C’est un regard, une difficulté à créer un lien, une relation (« Elle me refusait le confort de la bonne conscience… la dignité de cette femme était inflexible. »), avec Marion, une jeune SDF aux cheveux roux qui déclenche cette rencontre avec Marion du Faouët mais aussi un jaillissement de ses souvenirs et engagements de jeunesse. Michèle Lesbre en écrivant son désarroi face au monde actuel met clairement en évidence une large passerelle entre les deux époques et hélas, certains points communs comme l’injustice, la pauvreté, la violence de la majorité pensante… Marion était aussi une femme et elle mourut sur le gibet. Un court texte débordant d’humanité et qui nous rappelle que rien n'est acquis, que le "progrès" reste infime et que les luttes pour les libertés restent cruciales et vitales !
« J’ai voulu l’océan. Je l’ai voulu comme une caresse. »
« J’ai d’autres frontières, une autre patrie, celles des belles utopies auxquelles je n’ai pas renoncé et qui excluent le racisme, la xénophobie, la violence, l’irrespect de tout être humain. »
« Tu n’étais pas un ange, mais les anges n’existent pas. »
Fiche #1895
Thème(s) : Littérature française
L’auteur remonte le temps et part à la rencontre de son père, un « corps immense » qui, un jour dans l’année de ses trois ans, s’imposa à elle et à sa mère. Le couple est alors loin de partager une vie harmonieuse, « …leur couple n’était qu’un pur et malheureux hasard. » Le père est mort jeune, trop jeune et une distance a toujours existé entre eux. Elle aimerait comprendre, comprendre les silences, les non-dits, rencontrer vraiment cet « intime étranger ». Elle revient, sans se presser, sur ses souvenirs, sur les lieux qui réveillent et stimulent sa mémoire. Comme une péniche qui remonte tranquillement un canal, « Chemins » est une balade à l’atmosphère feutrée, tendre et douce, débordant d’images et d’odeurs, au cœur d’une nature apaisée. Superbe escapade poétique !
« Ce jardin me parlait de ça, de ce qui se transforme, de ce qui se perd, de ce qui manque sans que nous y prêtions attention, ou alors trop tard. »
Fiche #1601
Thème(s) : Littérature française
Une jeune femme s’apprête à rejoindre son amant dans un hôtel du bord de mer. Encore sur le quai de métro, rêveuse, elle y est déjà. C’est alors qu’un vieil homme la fixe un bref moment, interrogatif et serein, il lui sourit, se retourne et se jette sur la voie. Le choc est immense, bouleversée, elle se lance dans une errance sans fin dans les rues de Paris par cette nuit d’orage et de pluie. Enfermée dans ses interrogations le temps de l’explosion de cette orage, elle revient sur son histoire mais aussi sur celui de cet anonyme : pourquoi a-t-il croisé sa route, par hasard, vraiment ? Pour le savoir, elle se retourne sur son passé, sur notre passé, pour tenter d’identifier les évènements historiques ou intimes qui ont influé sur leur existence, qui les ont amenés sur ce quai, à cet instant précis. Saura-t-elle abandonner cet homme et s’affranchir de cette rencontre ? En un instant la mort et l’amour se sont heurtés, et l’auteur revient sur ses rencontres amoureuses. Elle ne pourra pourtant trouver les mots pour expliquer à son amant, photographe de l’éphèmère, les raisons de son retard et de son absence à leur rendez-vous. Un roman aussi dense que succinct avec l’écriture minimaliste et précise de Michèle Lesbre, son extrême justesse dans les descriptions, son art de décrire un monde qui bouge et qui gronde tout en donnant l’impression de calme et d’immobilisme mais aussi son extrême aptitude à installer une atmosphère très personnelle que l’on retrouve avec tant de plaisir de livres en livres.
Ecouter la lecture de la première page de "Ecoute la pluie"Fiche #1284
Thème(s) : Littérature française
Modiano a laissé quelques traces sur une plage du sud-ouest que Michèle Lesbre empreinte dans ce court roman avec sa prose toujours aussi travaillée et dans une ambiance plus « modianesque » que jamais. Un homme est assis sur une dune et regarde le feu, un feu qui embrase une maison, qui pourrait être « la Villa triste ». Une femme passe par là et intriguée, elle s’assoit à côté de l’homme. Entre la mer et le feu, les mémoires ne peuvent que s’épanouir. Chacun expose son passé, ses rencontres, ses rêves (« Si les rêves ne s’étaient pas réalisés, ils n’en étaient pas moins, comme l’enfance, plus grands que la réalité »), sans retenue. Les fantômes de l’un appellent les fantômes de l’autre dans une conversation éternelle : « Les fantômes ne meurent jamais ».
« On croit que les histoires se déroulent avec une sorte de logique, un début et une fin, on fait semblant de ne pas savoir qu’elles sont là toutes entières depuis le début, avec le commencement et leur chute ».
Fiche #558
Thème(s) : Littérature française