« Voilà pourquoi nous sommes si dépendants de la dame au pelvis. Un poulain marche dès la naissance, un babouin sait s’arrimer au dos de sa génitrice : très vite les bêtes oublient leurs mères. Il n’y a que nous qui nous y accrochons tels des vampires. Les bébés sont des monstres prématurés dans lesquels rien ne fonctionne, des ni-faits-ni-à-faire, dont la totale absence de défense vis-à-vis de l’extérieur est effrayante. Un bébé n’a rien d’admirable, un bébé est une erreur que l’on veut bien corriger. »
François Beaune
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Le souffle médiatique est puissant et étouffant et Gary Montaigu va l’apprendre à ses dépens. Au sommet de son art, cet auteur populaire reconnu de tous vient d’obtenir le prestigieux et estimé Booker Prize. Pourtant la célébrité aveugle, et il accepte de participer à une émission de téléréalité « Un écrivain, un vrai ». Les caméras s’installent à son domicile et filment sans discontinuité, rien ne leur échappe, sa femme, attirée par les lumières étoilées, est aux anges… Peu à peu, l’extérieur s’installe, exprime son avis. Son écriture devient prisonnière, sa liberté disparaît, les téléspectateurs interviennent, guident, font pression, une écriture participative s’élabore. L’écrivain résiste, plie, la toile est en effet tissée, un contrat signé ne peut être rompu, sa femme véritable araignée venimeuse et le producteur veillent. Mais reste-t-on écrivain en acceptant de devenir star et en répondant aux exigences de tout un chacun, star également, nécessairement ! Gary saura-t-il s’échapper, briser la toile et retrouver une liberté perdue ? Pia Petersen continue l’œil pétillant de titiller le lecteur avec un ton aussi réfléchi que grinçant et moqueur.
Ecouter la lecture de la première page de "Un écrivain, un vrai"Fiche #1316
Thème(s) : Littérature étrangère
Hugo est l’homme à tout faire et surtout à tuer d’Esteban, un patron véreux et violent propriétaire d’une multitude de sociétés, proche du pouvoir et surtout prêt à tout pour accroître sa richesse et son influence sur la société et ses acteurs. Pourtant Hugo rencontre par hasard un prêtre en perdition imbibé d’alcool qui lui donne un livre et lui conseille une lecture attentive. Le livre (mais quel livre ?) bouleverse la destinée d’Hugo : le bien l’obsède, il veut faire le bien et part à sa conquête, arrêter ces boucheries sans fin, ces meurtres inutiles. Lors du contrat suivant, attendri, il recueille même un chiot qui l’accompagnera ensuite partout, pour son plus grand bonheur mais aussi son plus grand malheur : « …et c’est ainsi que tout commença, avec un livre et un chiot… ». Mais vouloir le bien lorsqu'un groupe de jeunes hackers se prenant pour Robin des Bois dérobe argent et papiers compromettants à Esteban, est-ce envisageable et réaliste ? Pia Petersen réussit pleinement une belle galerie de portraits et à rendre compte d’une tension extrême et étouffante dans les moments cruciaux de l’affrontement.
Ecouter la lecture de la première page de "Le chien de Don Quichotte"Fiche #1132
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Iouri est un brillant artiste plasticien reconnu par le milieu de l’art. Il partage sa vie avec Max la narratrice qui l’aime plus que tout, l’artiste, l’homme, l’œuvre. Pourtant Iouri devient franchement hostile aux mesures sécuritaires de plus en plus contraignantes qui gèrent et encadrent son quotidien. Il estime également que l'art est devenu trop consensuel alors qu'il doit toujours bousculer, être subversif, dangereux, voire violent. En réaction, il s’engage en solitaire dans une démarche artistique radicale, peut-être ultime. Max assiste impuissante, avec une certaine incompréhension, à son changement de comportement et se morfond d’être mise à l’écart de ce terrifiant projet (« Je lui en veux parce qu’il ne m’a pas impliquée mais m’a tenue à l’écart et il aurait pu faire de moi sa complice, mais il ne l’a pas fait et je lui en veux, à lui et à son art »). Iouri a un secret et elle croit ou craint de le deviner. Sans être définitivement certaine des conséquences de ce projet, elle oscille entre adhésion et terreur et nous livre ses observations et ses interrogations les plus intimes. Elle n’en aura la certitude qu’à la fin du roman et seulement à cet instant, elle pourra choisir et figer son jugement devant la dernière « œuvre » de Iouri… Un roman obsédant et lancinant, troublant et dérangeant sur les limites de l’art et de l’amour.
« Il me dit qu’il faut trouver comment préserver son droit à la liberté et que c’est absurde mais c’est comme ça, il faut revendiquer le droit au crime pour se réapproprier sa liberté et c’est là tout le problème »
« Quand je regarde Iouri, je me dis qu’entre artiste et criminel, il n’y a pas tant de différence, ils contournent ou détournent ce qui est donné pour vrai et ils vivent selon d’autres normes parce qu’ils ont une vision différente de la société... »
« J’ai encore un choix à faire. Je me demande si j’ai encore un sens moral et si cela veut dire quelque chose. Quand je regarde le monde, je me dis que le sens moral est une idée dépassée, qu’elle n’a plus de sens, que le sens moral se maintient pour des raisons de nostalgie et que la nostalgie tue le monde et j’aurais bien voulu que les choses se passent autrement. »
Fiche #510
Thème(s) : Littérature étrangère
En attendant Nathan au musée Victor Hugo de Paris, Kara se remémore sa rencontre avec cet homme dont elle ne peut se détacher. Peu avant leur rencontre, elle reçut un courrier qui lui apprenait son licenciement, premier coup dur. Souhaitant des explications, son patron lui assura que ce licenciement était souhaité par l’ensemble de ses collègues, seconde nouvelle, terrible qui la plongea dans un profond désarroi. Les sentiments d’inutilité, de solitude, d’humiliation l’envahirent et dans cette mauvaise passe, sa vulnérabilité fut extrême. Un ancien camarade de classe lui proposa alors de rencontrer Nathan dont elle deviendra immédiatement dépendante. Le magnétisme de Nathan l’aveugle. Sous influence, elle intègre une petite communauté aux services de Nathan et ne pourra plus se passer de lui. La pression psychologique ira croissante. Pia Petersen décortique avec précision les méthodes appliquées par Nathan pour maintenir les membres de son groupe sous pression et sous dépendance et montre comment il réussit finalement à ce qu’ils nient eux-mêmes leur propre identité et leur existence. Kara épaulée par un ami prendra conscience de son enfermement psychologique mais pourra-t-elle aller jusqu’à rompre cet attachement ?
Fiche #300
Thème(s) : Littérature étrangère