« Les habitudes sont tenaces mais on n’est pas obligé de vivre, on peut se contenter d’être en vie. »
Marcus Malte
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Ryû Murakami évoque le Japon moderne dans une fable noire digne des meilleurs mangas. Des héros et héroïnes, sans limites, sans but et désoeuvrés, peu de sentiments, vivent les uns à côté des autres mais sans réellement se connaître, ni se prêter attention (« … ce qui les réunissait était le fait d’avoir renoncé à s’impliquer positivement dans la vie, sous quelle que forme que ce fût… Ce n’était d’ailleurs pas à proprement parler une tendance générale mais plutôt l’expression d’un oppressant système de valeurs reposant sur l’idée que rien de nouveau ne se produirait jamais sous le soleil. »). Chacun parle, personne n’écoute, tout est ramené à sa petite expérience personnelle. Six jeunes paumés, étranges, « légèrement » fêlés se confronteront à six femmes trentenaires se prénommant Midori en mal d’amour et sans hommes. Le combat et la violence iront crescendo et leurs folies se nourrissant les unes des autres seront sans limite. Murakami dépeint sans retenue une société malade de solitude, sans projet, où la violence s’immisce progressivement dans chaque geste du quotidien.
« Le pire est déjà un premier pas vers des temps meilleurs. »
« Ils n’avaient jamais vraiment connus d’épreuves dans leur vie et ils étaient absolument dépourvus de la capacité d’imaginer ce que les autres pouvaient ressentir ou désirer et il ne leur venait pas à l’idée de faire un geste pour autrui. »
« Il y a un certain endroit sur la Terre, dit Suzuki Midori en se remémorant le passage d’un livre, où vous finissez par comprendre que ce n’est pas la nuit qui tombe mais la nuit qui vient. Ce n’est pas que la nuit succède simplement au jour mais tel un être vivant elle vient recouvrir le jour en l’avalant… »
Fiche #1005
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Sylvain Cardonnel