« Un ami, c'est à la fois nous-même et l'autre, l'autre en qui nous cherchons le meilleur de nous-même, mais également ce qui est meilleur que nous. »
Joseph Kessel
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Jawad est le fils cadet d’une famille chiite de Bagdad en plein règne de Saddam Hussein. Son père exerce un métier primordial pour la communauté, il lave et purifie les morts, les prépare avant de les remettre aux familles pour l’enterrement. Jawad aimerait échapper à son destin sur les traces de son père, et ainsi repousser quelques instants la mort : il espère devenir sculpteur au désespoir de son paternel, faire le choix de l’art qui « … permet à l’enfant enfoui dans l’adulte de s’épanouir. Il lui donne la liberté de jouer et de célébrer le monde et sa beauté. ». Au cœur de la guerre, les morts s’enchaînent, la mort étend son linceul et peu à peu rattrape Jawad et l’étreint, l’étouffe : « Mais, à l’époque, la mort était plutôt pudique et réservée, tandis que celle d’aujourd’hui ne nous lâche plus, elle s’est éprise de nous jusqu’à l’obsession. ». Les rêves disparaissent, ses études ne sont plus qu’un lointain souvenir, et le départ impossible, son destin comme le grenadier est au cœur de ce pays, Jawad prendra la succession de son père à sa mort. Il vit alors dans une grande solitude tandis que la frontière entre la vie et la mort s’estompe. Quotidien et chronologie d’une ville ravagée par les combats et les haines, d’un pays qui s’efface progressivement et douloureusement et des hommes qui l’habitent : éprouvant et hélas toujours d’actualité !
« Tous ces termes m’étouffaient, comme si c’étaient des clous rouillés dans mes poumons : chiite, sunnite, chrétien, juif, mandéen, yazidi, kitabi, rafidite, nasibite, athée. Si seulement je pouvais les effacer ou enterrer des mines dans la langue et les faire exploser pour qu’on ne puisse plus les employer. Mais encore, cela ne changerait pas le sens que portent les mots et les idées qu’ils symbolisent. Me voilà qui utilise, à mon tour, la langue du massacre et de la destruction. »
Fiche #1925
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Leyla Mansour