« Renoncer n’était jamais au fond qu’une affaire d’habitude. Comme tout le reste. »
Clélia Anfray
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Faire partie d’une famille où les suicides ne sont pas rares aurait pu entraîner Valérie Manteau du « mauvais » côté du balcon. Et dans chaque suicide, il y a souvent une zone qui reste insondable, une part d’incompréhension. Comme dans cette journée que personne n’a oubliée où nos piliers ont été ébranlés, où des hommes libres, exigeants, moqueurs et engagés, enfants terribles pour certains, frères adulés pour d’autres, sont tombés sous les balles dans les locaux de Charlie. Elle aurait dû être présente, ce jour, à cette heure, elle était absente. Alors évidemment il est question de mort, de violence, de souvenirs, de souffrance, de culpabilité, d’interrogation mais également et surtout de résistance et de vie, d’amour. Valérie Manteau nous raconte aussi bien les morts que les survivants, le passé, la déconnade et les fous rires, les blagues continuelles, les réactions qui heurtent comme celles qui soutiennent, la recherche de réponses dans la littérature, la quête absolue d’une vie totale et libre pour se reconstruire. Le style est vif, le rythme étudié, les mots précis, un livre bien loin d’un témoignage larmoyant qu’on ne quitte pas et qui nous habite longtemps, très longtemps. Un émouvant cri de vie à lire et relire pour faire soi la citation de Sony Labou Tansi , « J’exige le courage tragique de se marrer en connaissance de cause. » et espérer être à nouveau un jour calme et tranquille sans rien oublier ni personne.
« Six pieds sous terre camarade, tu n’es pas mort. Comme le prédisait Rimbaud, viendront d’autres horribles travailleurs. Et ils commenceront par les horizons où tu t’es effondré. »
« Il faut vous dire qu’ils sont morts comme ils ont voulu vivre, libres… »
Fiche #1907
Thème(s) : Littérature française