« Mais ce qui est frappant lorsque l’on revient à la vie parmi les morts, c’est le silence qu’ils sont capables de faire, tous ensemble. »
Gildas Guyot
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La jeune Elba est née dans un lieu particulier où sa mère était enfermée, le monde-à-moitié, une maison pour les fous, les fêlés (« … ici, on est peut-être zinzins, mais pas crétins. »). Elle observe depuis son enfance, avec sa naïveté, son innocence et son humour, les différents fous et les différentes folies qui l’occupent, les soignants et leurs méthodes souvent archaïques alors que la loi Basaglia qui prévoit le démantèlement de ces asiles peine à s’appliquer. Néanmoins, un nouveau jeune psy, Fausto Meraviglia, viendra bouleverser les habitudes des soignants, des malades et d’Elba. Un psy attaché à ses malades que l’on va voir vieillir et que l’on suit avec intérêt avec parfois le sourire aux lèvres. Impossible de rester insensible à Elba, un roman qui touche sur la folie, le soin, la liberté, l’enfermement et la vieillesse.
« La poésie, c’est la liberté, on ne peut pas l’enfermer derrière des barreaux. »
« Devenir fou, c’est parfois une consolation, pour ceux qui n’ont rien de mieux. »
« C’est la seule différence avec les pas-mabouls : nous, on se promène nues avec notre souffrance bien en vue. La folie, c’est une sorte de vérité. »
« Une bonne loi, c’est comme un parapluie qui protège tout le monde, pas seulement ceux qui sont sous la pluie. »
« La souffrance se développe en cachette et elle explose quand on s’y attend le moins. »
« Tu sais à quoi on se rend compte qu’on vieillit ? A la perte. D’abord de la vue, puis des objets, puis de la santé, du sommeil, des amis, des cheveux, des amours. Et pour finir, à celle de son temps. »
« La vérité est une hypothèse, et une vie entière ne suffit pas à la vérifier. »
Fiche #3256
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Laura Brignon
Oliva Denaro (anagramme de Viola Ardone...) vit ses quinze ans et ses rêves à Martorana, petit village sicilien, dans les années 60. A cette époque, « Les règles de la femme, c’est : marie-toi, fais des enfants et entretiens ta maison... » et Oliva a déjà d’autres ambitions et désirs. Elle aime apprendre, elle aime les mots, les découvrir, les comprendre, en jouer, raisonner. Elle aime la vie simple, avec sa grande soeur, son frère jumeau, sa mère et son père, un père légèrement en retrait, mais discret, attentionné, aimant, protecteur et sachant prendre les décisions quand il le faut pour que sa fille soit heureuse et libre indépendamment des croyances et coutumes (un père en voie de disparition dans cette rentrée 2022 !). Mais elle a l’âge où les hommes commencent à la regarder, à l'envier, et l’honneur passe aussi par la chair, par la puissance et la domination sexuelles, ils pensent pouvoir décider, posséder, « Ici, le garçon est un brigand et la fille c’est comme une carafe : qui la casse la ramasse. ». Oliva est une rebelle (comme sa meilleure amie Julia, future députée, qui s'engagera politiquement pour défendre la cause des femmes) et même cassée à jamais, elle ne se laissera pas recoller par n’importe qui, c’est elle qui décidera. Un personnage attachant et impressionnant qui nous plonge dans le quotidien des femmes des années 60 en Sicile, dans le combat des femmes pour qu’elles se détachent du pouvoir ancestral des hommes en rappelant le rôle essentiel des mères (« Si les mères expliquaient le respect de la femme et la parité à leurs garçons, si elles permettaient à leurs filles de vivre librement, sans restrictions, si elles les laissaient suivre des études... Moi, je pense que le changement doit venir des femmes ! ») et un personnage qui aura pris sa part pour que les petites filles arrêtent de penser « J’aurais été plus heureuse si j’étais née garçon... »
« La loi, c’est pour les gens qui ont de l’argent... »
« Tout est politique : nos choix, ce que nous sommes prêts ou pas à faire pour nous et pour les autres... »
« Dire oui, même un âne sait le faire, alors que dire non est difficile, mais une fois qu’on a commencé on n’arrête plus. »
« N’aie donc pas peur, quand on dit la vérité on ne se trompe jamais. »
Fiche #2897
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Laura Brignon