« … l’homme est un animal comme les autres sinon qu’il est le seul à ne plus en avoir conscience. »
Violaine Bérot
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Un dimanche à l’automne de l’an 1685, le royaume du Kongo alors sous occupation portugaise voit une triple naissance : Kimpa Vita et/ou Dona Béatrice aux yeux de lune, sa sœur jumelle morte née et une utopie. Sa naissance est le début de ses épreuves. Kimpa Vita guidée par son accoucheuse Appolonia Mafuta saura rapidement qu’elle est singulière, un destin particulier, des capacités extraordinaires, un lien particulier avec l’au-delà et les esprits, une intelligence et une témérité hors pair. Un passage chez les Portugais qui espère la former pour évangéliser ses compatriotes et Kimpa Vita détecte les mensonges, les incohérences, l’hypocrisie de leur religion et ne peut se taire. Elle devient rapidement un espoir pour son peuple : elle sera la reine désignée du royaume, un royaume réunifié avec une reine dévouée, désintéressée, attentive au bonheur de son peuple, bien loin de ses prédécesseurs plutôt préoccupés par leur enrichissement et l’extension de leur royaume. Kimpa Vita se glisse parfaitement dans le rôle. Mais évidemment, une telle ambition suscite doute, haine, jalousie et peur et le destin de Kimpa Vita risque d’en pâtir... Un réel plaisir de retrouver ce nouveau personnage historique, une femme mystique qui ne pourra résister à la folie des hommes, au cœur d’un conte mené tambour battant par Wilfried N’Sondé.
Ecouter la lecture de la première page de "La reine aux yeux de lune"Fiche #3053
Thème(s) : Littérature française
Noum, un chaman de la tribu des Nenets, dans la lointaine péninsule de Yamal, a découvert une sépulture singulière : une reine à la peau noire l’attendait depuis plus de dix mille ans. Peuples de Sibérie et africains seraient-ils liés ? Dans le même temps, la société moderne continue son extension partout et ici en particulier : l’inauguration d’une nouvelle exploitation gazière mortifère pour l’environnement est imminente. Noum saisit l’opportunité, et appelle à l’aide son ami scientifique français : venir sur place, reconnaître cette découverte exceptionnelle, en avertir le monde entier suffira peut-être à mettre en échec ce projet derrière lequel se cache la mafia russe prête à tout... Laurent Joubert monte en catastrophe une expédition avec Cosima une jeune docteure en médecine légale pour qui il a toujours des sentiments et Silvère un anthropologue d’origine congolaise sensible à tous les signes invisibles qui accompagnent (voire expliquent) nos existences. Le trio se lance dans une aventure extrêmement périlleuse espérant sauver Noum et son espace naturel et faire une découverte exceptionnelle qui révolutionnera l’histoire de l’humanité. Dans ce palpitant roman d’aventure dans le froid extrême du Grand Nord, Wilfried N’Sondé place la nature et l’environnement au cœur de notre avenir, rend un hommage vibrant et émouvant à notre Terre, Terre mère ou Gaïa, « ... la Terre était féminine, nourricière et protectrice, elle seule enfantait, animait et protégeait l’esprit présent en tout ce qui existait. », aux forces qui l’animent et nous rappelle discrètement, avec sagesse, sans donner de leçon ni culpabiliser, sa force, la place essentielle qu’elle occupe dans notre présent et notre futur et surtout à un peu de modestie, d’écoute et de respect.
« ... avant d’être un Nenets, il appartenait à l’immuable peuple de la Terre, d’hier, d’aujourd’hui et de demain, éparpillé sur toute la planète. »
« ... l’action de la nature s’inscrivait sur des temporalités très longues, elle triompherait des présomptueux aveuglés par l’illusion de la posséder ou par la volonté de l’asservir. »
« ...après la secousse, les constructions les plus solides s’étaient effondrées en quelques secondes, et qu’en revanche, les tiges de fleur avaient fléchi, puis retrouvé leur forme initiale sans se briser. »
Fiche #2721
Thème(s) : Littérature française
Il est différent et ils le remarquent. Alors, invariablement, à chaque nouvelle rencontre, à chaque soirée, revient inexorablement la même question qui exclut, qui stigmatise, mais « d’où tu viens toi ? », « t’es originaire d’où ? » Mais cette fois, c’est la fois de trop ! Il en a marre d’encaisser, de se taire, de s’effacer, il s’énerve, claque la porte et s’en va et s'interroge. Il en a marre de ces sempiternelles racines, lui qui a deux jambes, qui marche, bouge, qui s’épanouit dans la culture environnante, sorte d’éponge qui croît là où il est à cet instant précis, lui qui habite ce quartier depuis si longtemps. Seul l’amour pourra lui permettre de passer outre. Un court texte percutant qui aborde frontalement les sentiments d’un adolescent face à l’identité, aux racines, à la différence et au racisme.
Fiche #2409
Thème(s) : Jeunesse
Nsaku Ne Vunda naquit vers 1583 sur les rives du Kongo. L’enfant, attachant, sage et doué apprenait vite, et orphelin, les missionnaires s’occupèrent de lui. Il devint Dom Antonio Manuel le jour de son ordination. Dévoué, bienveillant, intègre, modeste, attentif à ses ouailles, il continue d’étudier les textes dans une zone reculée du Kongo. Dans le même temps, le roi, qui s’est laissé entraîner sur les pentes dangereuses du pouvoir, refuse de penser que le Pape cautionne le marché des esclaves et le charge d’alerter le pontife. Un long voyage attend le prêtre avec de belles rencontres comme Martin le mousse et d’autres plus périlleuses ! Il va en effet parcourir les mers et les océans du globe sur divers navires transportant marchandises et esclaves, ses frères, au fond de leurs cales, découvrir le Nouveau Monde, revenir vers le Portugal et l’Espagne en pleine Inquisition… Parcours initiatique d’un homme seul dans l’adversité absolue : comment survivra-t-il ? comment résistera-t-il ? Ce Candide africain (un buste de marbre noir est érigé dans la basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome) confronté aux horreurs de l’époque s’interrogera sur sa croyance en un Dieu dogmatique mais ne renoncera jamais à sa foi en l’homme. Un roman puissant, prenant, rythmé, qui a évidemment des résonances dans tous les évènements d'hier ou d'aujourd'hui où l’homme s'applique allègrement à opprimer son prochain.
« Les dresser à implorer. Transformer les bourreaux en maîtres, afin que dans l’horreur les otages apprennent à accepter leur condition. »
« Le temps ne va pas nulle part, il ne s’arrête pas. Le présent reste un instant qui s’échappe, un point en mouvement continu, à la fois éphémère, minuscule et immense qui charrie avec lui tout le passé de l’univers. Chaque évènement et toutes les vies antérieures trouvent leur place dans la lancée infinie des siècles et n’en sortent plus. »
Fiche #2074
Thème(s) : Littérature française
Rosa Maria est encore lycéenne. D’origine sicilienne, elle vit dans la cité des 6000, cosmopolite à souhaits avec sa famille. Son père est au chômage depuis peu et le supporte mal, sa grande sœur pour aider la famille a quitté l’école et est devenue caissière, sa mère s’occupe du foyer et de sa dernière petite sœur. Le présent est gris mais Rosa Maria, née dans cet univers bétonné, rêve de soleil, de sable, de mer et d’amour. Depuis toujours, elle aime le beau Jason, beau gosse que toutes les filles admirent en cachette, « playboy des halls d’immeubles, mais elle, c’est différent, un jour, il la regardera, elle en est certaine. Pourtant, la cité tremble et gronde. C’est d’abord son frère, figure emblématique et respectée qui est retrouvé mort dans un coin sombre de la cité sans qu’aucun coupable ne soit identifié. Puis la police décide d’interdire une soirée et la révolte éclate, les évènements s’enchaînent, irrémédiablement, le passé et le présent s’entrechoquent, la rage retenue explose. Entre violence et innocence, rêve et oppression du présent, Wilfried N’Sondé et son écriture chantante au travers d'une famille représentative au quotidien fragile et décrit la réalité branlante d'une cité et nous offre un roman puissant, sans manichéisme ni misérabilisme, vibrant d’émotion, quelque peu désespéré mais hélas si réaliste et contemporain.
Ecouter la lecture de la première page de "Fleur de béton"Fiche #1117
Thème(s) : Littérature française
Clovis Nzila échappe de peu à un contrôle de routine (…) de la police sur les quais de la gare de Lyon. Apeuré, tremblant, il monte au hasard dans un train en partance pour la banlieue. Il prend place dans un wagon en cherchant à devenir invisible malgré son état de terreur et sa piètre apparence. Pourtant, peu à peu, il relève la tête et observe la femme assise en face de lui. Il sent la détresse, elle sent la solitude, les regards s’accrochent et ils descendront ensemble. Protectrice, Christelle le fait rentrer chez elle et dans un état second, ils vont peu à peu se dévoiler, ouvrir le passé pour mieux renaître. Mais ne naît-on pas qu’une seule fois… Wilfried N’Sonde, romancier et musicien, nous offre un second roman qui continue de dresser des ponts entre l’Afrique et le France et oscille cette fois, tant dans le rythme que dans les thèmes, entre berceuse ou chanson d’amour et le plus violent des hard-rocks !
Ecouter la lecture de la première page de "Le silence des esprits"Fiche #733
Thème(s) : Littérature française
Un jeune homme noir abandonné par son premier amour, s’enivre, croise une patrouille de police et commet l’irréparable. Commence alors son introspection depuis sa cellule entre les interrogatoires plus que musclés. Ce dialogue rythmé avec lui-même, avec ses anciens compagnons Mireille et Drissa, et avec l’Ancêtre et les esprits des défunts, révèle le parcours d’un enfant arrivé en France rempli d’espoir et qui s’installe en banlieue puis tente de vivre et d’accepter sa double identité (« Tu seras un funambule au-dessus des continents, des mondes et du temps. Regarde droit, fier, souris et chéris la vie, c’est ton seul trésor. Sois l’artisan de la mutation sans laquelle nous risquons de n’être plus rien demain, puisqu’il s’agit de devenir ce que nous fûmes »). Le récit oscille avec réussite entre souvenirs, rêves et réalité. Drissa choisira un autre chemin (« Attention Drissa, les mots mauvais que tu envoies pour blesser pourrissent avant tout ton propre sang… D’où vient cette cécité qui t’empêche de réaliser que tu es déjà partie intégrante de ce monde »). Mireille l’épaulera, le protègera, l’aimera puis le quittera. Histoire d’un premier amour, d’un parcours chaotique d’exilés entre deux mondes. Histoire non larmoyante, réaliste, balançant entre optimisme et pessimisme, sans agressivité gratuite, sans compassion ni haine, sans slogan, discours idéologique ni grandes vérités péremptoires, un simple cri humain, terriblement humain.
« Le malheur est maladie contagieuse, son odeur est tenace… »
« Je souris de ma peur d’antan des yeux clairs, ils rappelaient les chairs à vifs, sans parler de ces nez, avec leurs narines serrées comme les pointes de flèches des guerriers lors des parades, le jour anniversaire de l’indépendance. Mon cœur de gamin ressentait une peine immense pour ce peuple condamné à souffrir un martyre sans fin pour respirer convenablement à chaque instant. »
« Avec nos gueules à ne pas être comme les autres, Drissa et moi resterons debout ! Ensemble, nous continuerons à nous étirer, toujours plus grands et agiles, merveilleux, étranges, extraordinaires. Je lui prendrai la main pour parfaire le grand écart, celui que nous tissons entre les continents, les mondes et aussi le temps. C’est le grand art de demain. »
Fiche #216
Thème(s) : Littérature française