« Les ethnologues sont des gens qui racontent des choses au sujet des mœurs des autres hommes qu’ils considèrent comme des curiosités par rapport à leur propre culture. »
Alain Mabanckou
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Ellen est somnologue (« Viens, doux sommeil, ou je meurs à jamais, Viens à présent ou ne viens plus jamais. »), elle continue d’aider ses patients face à leurs problèmes de sommeil (« C’est un lieu vers lequel on descend, une utopie de la profondeur. ») alors qu’elle-même commence de le perdre et que sa mère est plongée depuis longtemps dans un long sommeil. Après un épisode irlandais, Ellen est revenue en Allemagne et vit près du vieux Rhin dans un paysage touffu peuplé de nombreux animaux. Elle n’a jamais réellement accepté le départ de son amant alors qu’elle était enceinte. Autour d’elle gravitent une série de personnages participant à une chorale mais liés pour une autre raison sans le savoir, pour la plupart tout du moins (« Ce soir-là à Grund, Marthe m’a rencontrée, Andreas a rencontré Marthe et Orla a renconté Andreas. »). Son récit est croisé avec les pensées de Marthe qui espère toujours retrouver son fils disparu des années plus tôt. Andreas, son ami d’enfance, est devenu un personnage singulier solitaire. Dès les premières pages, le lecteur sent le malaise et la douleur qui unissent ces personnages hantés par la disparition, mais ressent aussi la densité du propos par la multiplicité des thèmes au centre desquels le sommeil, la vie et la mort, le récit mérite toute son attention et parsemé de questionnements, il l’implique fortement. Une fois ce roman refermé, le lecteur n’a qu’une envie, le reprendre, et il le mérite !
« Les merles chantent-ils de joie ou de désespoir ? »
Fiche #1330
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Corinna Gepner
A onze ans, après un drame aussi subit que terrifiant, Rachel Morse se retrouve seule et s’installe chez sa grand-mère paternelle. Son père est un G.I. noir américain et sa mère danoise. Le récit dépeint le destin de cette petite, née entre deux mondes, chacun lui rappelant constamment qu’elle n'appartient pas à aucun des deux (« Il y a quinze élèves noirs dans la classe, et sept blancs. Et il y a moi »), mais aussi une enfance gâchée. Elle doit repartir, comme neuve : « J’apprends que les Noirs n’ont pas les yeux bleus. J’apprends que je suis noire. J’ai les yeux bleus. Je stocke toutes ces nouvelles données à l’intérieur de la-fille-toute-neuve. ». Rachel n’avait pas conscience de sa soi-disant différence, mais chaque jour, elle lui sera martelée. Sa mère ne s’était pas imaginé les difficultés que rencontreraient ses enfants métis à n’être ni noirs ni blancs (le racisme ordinaire se préoccupe de toutes les couleurs !) et sera vite désemparée et désespérée devant les réactions et comportements trop habituels. Rachel fera tout pour être ou devenir « comme les autres », double personnalité et façade douloureuse que peu sauront lever. Face à son histoire, son passé douloureux, le racisme quotidien des noirs et des blancs, Rachel devra faire face, seule, volontaire, prendre en main son destin, et écrire son avenir. Dans la lignée de l’inoubliable roman de Nelly Larsen, Heidi W. Durrow nous offre un superbe et émouvant portrait d’une jeune fille prête à se battre pour trouver sa place dans une société excluant. Chaque chapitre porte le prénom d’un personnage, pour Rachel la première personne est employée, portraits croisés, points de vue différents, renforcent les liens et l’émotion du lecteur devant l’envol initial et final de cette petite fille.
Premier roman
Fiche #1016
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Marie de Prémonville