« Pour moi, la première violence est de s’arroger le droit de disposer de l’autre. Du corps de l’autre. Au nom d’une supériorité légitimée par la naissance, le sexe, l’argent, la position sociale ou encore par des lois humaines ou divines. »
Maïssa Bey

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Dominique Celis

Dominique CELIS

Ainsi pleurent nos hommes
Philippe Rey

1 | 288 pages | 06-08-2022 | 20€

en stock

« Lâche prise et arrête de vouloir le posséder ! ». Cette injonction plonge Erika dans une longue confession sous forme de lettres à sa sœur pour tenter de s’extraire de son amour pour Vincent qui l’habite encore malgré leur rupture. Erika nous plonge dans son quotidien en 2018 à Kigali au Rwanda le pays aux milles collines, près de vingt cinq ans après le génocide. Elle nous pousse les portes de sa colocation, avec deux autres femmes, d’horizons et d’origines très différents mais « une solide petite famille », un point d’ancrage essentiel pour Erika. Entourée et épaulée par sa famille second hand, sa vie amoureuse riche et chaotique ne l’empêche pas de continuer de vivre l’immense douleur du passé. « Le prix à payer, caché cash, pour tous redevenir des Rwandais, dèh, c’est d’atrophier la sensibilité. De séquestrer l’émotion. », mais pour Erika, l’émotion et la sensibilité restent à fleur de peau : comment faire quand on croise dans la rue un bourreau qui a révélé ou pas ses terrifiantes exactions ? Comment oublier ses trois tantes assassinées atrocement dans un sommet de déshumanisation ? Dominique Celis nous ravit avec un premier roman vif et envoûtant aux styles affirmés, singuliers et variés, qui nous parle d’amour, de désir, d’amitié, de joie, de corps mais aussi d’un pays traumatisé où futur et passé, vivre et survivre deviennent unis (à jamais ?) par ce génocide.

Premier roman

« Le néant. Ce chef d’œuvre des assassins. »

« Chercher à appréhender la vie, c’est la névrose des Blancs. La vie, faut la vivre. C’est tout. »

« Etre vulnérable, c’est pas un vice, une perversion ! C’est la condition humaine, non ? »

« Toutes les femmes habitent la frontière entre la vie et l’agonie. Celle du sang menstruel ou de la mise au monde. Dans la hantise des vivres et du couvert. Toutes ! A devoir, en plus, vous protéger, vous rassurer, vous soigner, vous ménager ! »

Ecouter la lecture de la première page de "Ainsi pleurent nos hommes"

Fiche #2894
Thème(s) : Littérature étrangère