« Les bonnes relations de familles sont proportionnelles au carré de la distance. »
Andrée Chédid

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Lenka Hornakova-Civade

Lenka HORNÁKOVÁ-CIVADE

Un regard bleu
Alma

4 | 225 pages | 23-01-2022 | 18€

Amsterdam, 1656, Rembrandt vit des moments compliqués puisque ses créanciers sont en train de la dépouiller mais c’est dans un instant qu’il croise le regard bleu du philosophe tchèque Comenius. Une rencontre fugace qui marquera néanmoins le début d’une amitié étoffée par de longues discussions que Lenka Hornáková-Civade imagine. Réflexions sur l’art, la peinture, la vie, Dieu étant souvent en arrière plan, l’enseignement au gré du portrait de Comenius que Rembrandt peint. Mise en avant de deux passions, passion de Rembrandt pour son art, enseigner à tous pour émanciper, pour rendre libre pour Comenius. L’un manie la pensée, les idées, l’autre la matière, mais les deux dans un même but et « Ce que le philosophe n’arrive pas à exprimer, le peintre parvient à le faire. ». Quatrième roman de Lenka Hornáková-Civade, « Un regard bleu » nous plonge dans les lumières du XVIIème par le portrait d’une relation entre deux génies.

« La guerre est facile. Radicale et tranchante. La paix est difficile à établir , fastidieuse à cultiver et épuisante à maintenir. »

« Regarder, c’est se retirer du monde, s’enfermer dans la passivité et la docilité, poser ses yeux un peu partout sans faire de choix, mais aussi sans rien oublier. Alors que voir c’est choisir. L’intention du regard, la capacité de voir passe par la volonté. »

Ecouter la lecture de la première page de "Un regard bleu"

Fiche #2796
Thème(s) : Littérature française


Lenka HORNÁKOVÁ-CIVADE

La symphonie du nouveau monde
Alma

3 | 290 pages | 08-09-2019 | 18€

en stock

1938 fut un année charnière, bouleversement collectif ou individuel et intime, nombre de destins ont été alors ébranlés. Dans ce troisième roman, Lenka Horňáková-Civade confirme sa maîtrise absolue à assembler ou entremêler l’histoire intime et universelle, la petite et la grande histoire et à s’attacher à des destins modestes froissés par l’histoire mais épris de liberté et souhaitant simplement, tout simplement vivre. Le témoin principal est cette fois une poupée, témoin candide du drame de cette période et de la vie des femmes qu’elle accompagnera. Elle est l’amie de Josefa, une petite fille juive. Néanmoins sa mère Bojena ne l’est pas. En effet, Bojena fuyant la Tchécoslovaquie vers le Nouveau Monde a accouché à Strasbourg le même jour que la mère biologique de Josefa morte en couches alors que le bébé de Bojena mourrait à son tour. Elle partira avec Josefa et la poupée lien emblématique avec cette journée particulière et sa double famille. Mais rapidement elles seront contraintes de fuir vers le sud, rejoindront Marseille où elles rencontreront Vladimir (double de Vladimír Vochoč), jeune consul de la Tchécoslovaquie : un homme libre et humaniste bien décidé à sauver tous ceux qui le demandent, juifs ou non, avant la débâcle et la fin de son pays. L’Europe abandonnera certains pays dont la Tchécoslovaquie pour préserver la paix, échouera lamentablement et ce sera le guerre. Elles la vivront dans le danger en Provence avant de repartir vers Prague à l’issue du conflit. Troisième opus, troisième réussite, à nouveau au cœur de l’Europe, entre la Tchécoslovaquie et la France, Lenka Horňáková-Civade revient avec bonheur sur ses thèmes favoris l’art, la musique, le chant comme outil de transmission, les femmes éprises de liberté mais broyées par l’Histoire.

Ecouter la lecture de la première page de "La symphonie du nouveau monde"

Fiche #2415
Thème(s) : Littérature française


Lenka HORNÁKOVÁ-CIVADE

Une verrière sous le ciel
Alma

2 | 252 pages | 27-02-2018 | 18.5€

En 1988, à Paris, Ana, une jeune fille tchèque à peine sortie de l’adolescence participe à une colonie de vacances organisée par le Parti. Au moment de repartir et de monter dans le train à la gare de l’Est, sa vie bascule. Elle décide de dire non, de ne pas monter dans le train pour rester à Paris. Après quelques vagabondages, elle trouve refuge au fond d’un café, « La joie du peuple », où une tribu bigarrée et bienveillante l’accueille : des personnages aux caractères bien trempés qui vont l’épauler, l’aider, la protéger. Ce conte délicat et lumineux décrypte sa seconde naissance finalement d’une grande douceur, la découverte d’un nouveau monde, d’une nouvelle culture, de l’art et enfin d’une nouvelle langue. Une belle éclosion sur le chemin vers une liberté assumée qui nous parle également avec justesse d’identité, d’exil et de liberté. Après l’inoubliable « Giboulées de soleil », Lenka Horňáková-Civade continue à étoffer avec succès ses portraits féminins.

« La solitude engendre la connerie. »

« Qui possède la langue possède une partie de l’âme de l’autre, peut saisir ses pensées, comprendre ses désirs, dévoiler ses besoins. »

« Et si l’essentiel c’était la beauté ? »

« En tout cas, ce qui compte, c’est la capacité de voir. Tout le monde ne l’a pas. »

« Devient-on adulte quand on cesse de croire aux contes de fées ? Il y a toujours une fable à laquelle on croit et c’est tant mieux. »

Ecouter la lecture de la première page de "Une verrière sous le ciel"

Fiche #2104
Thème(s) : Littérature française


Lenka HORNÁKOVÁ-CIVADE

Giboulées de soleil
Alma

1 | 298 pages | 12-01-2017 | 18€

en stock

« Giboulées de soleil » donne la parole à trois femmes d’une même lignée, trois femmes tchèques gigognes, Magdalena, Liba et Eva qui donneront naissance à leur premier enfant hors mariage, une famille de bâtardes (« ... on est des bâtardes de mère en fille, comme certains sont boulangers ou roi. »), avec au-dessus d’elles l’ombre du pilier de la lignée, Marie, elle-même fille-mère et qui, comme un pied de nez, est devenue sage-femme dans la campagne de Moravie où elle s’est exilée. En effet, au début du XXème, un enfant sans père reste un bâtard même si ce père a souvent lâchement fui, et le mépris, voire la haine, ébranle leur enfance comme leur vie adulte, la ligne du père sur les papiers d’identité restera vide à jamais. Mais ces quatre femmes de caractère reliées par le fil de la broderie qu’elles pratiquent avec art conservent la tête haute, fières, courageuses, elles affrontent le regard des autres (« Je n’ai pas honte de toi, ma fille. Ce n’est pas à nous d’avoir honte, sache-le.), se construisent avec cette différence et non contre, mais néanmoins face aux autres, en luttant en permanence pour dégager quelques espaces de liberté (« Tu n’appartiens à personne. Tu es libre. Il n’y a que ça qui compte. Ne l’oublie jamais. »). Leurs vies s’entremêlent, Elles deviennent expertes en adaptation, goûtent chaque petit éclat de bonheur, rai de soleil au cœur de la giboulée : « Les moments de grâce sont de cette nature, furtifs, insaisissables. » Leurs existences sont aussi inscrites dans l’Histoire de leur pays, la proximité attirante de l’Autriche, le nazisme, la montée du communisme et l’arrivée des soldats russes installant l’autorité soviétique. Lenka Horňáková-Civade trouve le ton juste et l’équilibre parfait entre l’histoire personnelle, individuelle et la grande Histoire qui est évoquée et rappelée subrepticement, sans lourdeur. Un superbe premier roman qui fourmille d’idées lumineuses malgré l’âpreté des destins, trois portraits émouvants de femmes inoubliables, « à l'instinct de survie très développé », dignes et passionnées qui passeront leur existence à tenter d’inventer leurs vies et à se battre face aux regards accusateurs du quidam qui, définitivement, n’apprécie pas la différence. Ouvrez ce livre et vous serez immanquablement emporté par son souffle franco-tchèque !

Premier roman

« Prends la vie comme elle vient mais ne baisse jamais la tête, surtout devant ce petite monde-là ! Tu ne peux pas fuir ce que tu es, mais il y a différentes façons de s'y prendre. Ne laisse jamais les gens avoir pitié de toi ; la pitié c'est ce qui se change en haine le plus rapidement. Après l'amour. »

« On peut pleurer lorsqu'on rencontre la beauté. Le jour où tu pleureras pour ça, tes larmes auront de l'importance. Tu verras. »

« On cesse d'être innocent et ignorant quand on s'aperçoit qu'on ne sait rien. Et c'est déjà trop tard. »

Ecouter la lecture de la première page de "Giboulées de soleil"

Fiche #1891
Thème(s) : Littérature française