« L'Histoire, c'est la passion des fils qui voudraient comprendre les pères. »
Pier Paolo Pasolini
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« Un été sans les hommes » confronte le lecteur à quatre générations de femmes en suivant leurs destins de l’adolescence à la vieillesse et la mort. Les personnages sont marquants, souvent fragiles, et les sentiments et caractéristiques de chaque âge sont dépeints avec justesse comme leur évolution au cours du temps. Mia, la narratrice, 55 ans, a sombré dans la folie lorsque son mari lui a proposé de faire une parenthèse dans leur vie de couple, pause due à une belle et jeune collègue française qu’elle surnommera d’ailleurs « La Pause ». Internée, elle se retrouva au milieu de lourds cas psychiatriques qu’elle quittera pour sa région natale, le Minnesota, où elle tente depuis de se reconstruire en revivant sa vie de petite fille, de jeune femme, de femme et de poète. Elle retrouve sa mère qui vit dans une résidence entourée de veuves joyeuses (les Cygnes), pleines de vie et d’humour sans pourtant oublier que la fin approche. Elle se lie d’amitié avec sa jeune voisine, mère délaissée et brisée par son mari hurleur. Elle anime enfin un atelier d’initiation à la poésie pour sept adolescentes (les sorcières) que la cruauté et la perversité animent parfois à l'orée de leurs vies d’adultes. Quatre générations de femmes sans hommes, sorte de bilan d’une vie de femme voire de la vie de la Femme. Siri Hustvedt avec une écriture irréprochable et accomplie réussit à chaque livre à happer le lecteur dans son univers, dans le monde de ses personnages, mais ici, en le prenant à témoin, elle renforce encore sa proximité avec ces quatre générations de femmes. Siri Hustvedt un auteur à ne pas manquer (cf. livre du mois de janvier-mars 2011).
« L’enchantement réside dans le sentiment et dans la façon de raconter, voilà tout »
Fiche #949
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Christine Le Boeuf
Après la mort de leur père, dans une Amérique encore et toujours traumatisée par les événements du 11 septembre, une famille d’exilés norvégiens est en deuil. Erik Davidsen, psychiatre divorcé et sa sœur, Inga, jeune veuve dévastée d'un écrivain célèbre, découvrent une lettre qui leur apprend un pan inconnu de leur père et un secret passé. Pas à pas, les personnages vont se lancer dans leurs souvenirs et leurs rêves pourront aussi les épauler dans cette enquête qui est une enquête à la fois sur leur identité profonde et singulière comme sur leur pays et ses fondements, pays en dépression (« On aurait dit que la Dépression ne finirait jamais ») et en interrogation. Roman psychologique profond, puissant et dense.
“Nous sommes des créatures fragmentées que nous cimentons comme nous pouvons, mais il y a toujours des fissures. Vivre avec les fissures, ça fait partie d’une vie, mettons, relativement saine.”
“En même temps, réalité est devenue en Amérique synonyme d’ignoble et de sordide. Nous pratiquons le culte de l’histoire vraie, de la confession intégrale, de la téléréalité, des gens réels dans leur vie réelle, les mariages de célébrités, leurs divorces, leurs vices, l’humiliation offerte en spectacle – notre version des pendaisons en publics.”
“Il est aussi blanc que vous, mais ses origines sont mêlées. Sa grand-mère était à moitié noire, avec un peu de sang cherokee, ce qui faisait de lui un Noir dissimulé, comme il disait. Vous savez, une seule goutte de sang. Miranda me lança un coup d’œil ironique. C’est ça l’Amérique.”
Fiche #396
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Christine Le Boeuf