« Le produit c’est l’homme. Un sac de viande avec une connexion Internet. Bourré de frustrations. »
Hector Mathis
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Le lecteur ne connaîtra pratiquement rien de la jeunesse de Delphine mais saura rapidement qu’elle a détecté les failles et envies des humains comme leurs béquilles pour tenter de vivre. Suite à sa rencontre avec une vieille femme attentionnée, elle crée son entreprise « Pour Vous » à qui les clients peuvent tout demander enfin presque, elle a sa morale tout de même (« … il n’est rien en effet dont nous ne fassions commerce, la vie, l’amour, la mort. »). « Pour Vous » est là pour apporter satisfaction, combler manques et désirs : « Parce que c’est mon métier de rendre les gens heureux ». Dur labeur auquel elle se consacre corps et âme (au sens propre comme au sens figuré…) empêchant toute véritable vie intime, mais d’ailleurs en a-t-elle le désir ? Delphine nous emmène à la rencontre de ses principaux clients : la vieille femme attentionnée qu’elle se plait à désigner comme sa première cliente puisque, sans le savoir, elle lui indiquera les fondements de sa future activité, un adolescent autiste aspiré par les mondes virtuels et un homosexuel malade sur le point de mourir. Pour chacun, par professionnalisme, elle adopte une identité singulière. Les sentiments doivent disparaître. Un service demandé, un service rendu, une facture, de la distance, ne rien devoir à personne, s’interdire de juger (« Mais je gardais le silence car je n’étais pas payée pour lui dire cela, et, en outre, qui étais-je pour le juger, moi qui ne vendais justement que des illusions ? »). Mais peut-on vivre sous une multitude d’identités sans risque ? Delphine pourra-t-elle fixer la sienne, trouver son chemin parmi tous ces personnages en quête d’identité, d’amour ou de vie ? Les romans de Dominique Mainard sont toujours intrigants et elle sait parfaitement tenir en haleine le lecteur par ses personnages aux destins tortueux qui restent inoubliables. Un auteur à ne pas manquer et à suivre de roman en roman. On n’est jamais déçu !
« Je n’ai jamais fait autre chose qu’exaucer les désirs d’autrui, que ce soit pour le meilleur ou pour le pire, et qui peut se permettre de juger ? »
« Je m’appelle Delphine M., ai-je dit. J’ai trente cinq ans. J’ai passé presque toute ma jeunesse dans une maison d’accueil parce que ma mère n’avait pas le temps de s’occuper de moi. Les employées étaient gentilles, elles chantaient des comptines… On avait le droit de les appeler nounou, nanny ou par d’autres petits noms, mais elles nous reprenaient si on les appelait maman. Je crois qu’elles auraient pu nous laisser faire, où était le problème, je vous le demande ? »
Fiche #442
Thème(s) : Littérature française
Une jeune adolescente est retrouvée étranglée dans un parc. Arnaud auteur en manque d'inspiration sur les conseils de son ami journaliste se lance dans une enquête qui l'amène à rencontrer un vieil homme habitant dans l'immeuble voisin... Dominique Mainard nous emmène encore avec talent à la rencontre d'une jeune adolescente fragile qui "peinera" à accepter son quotidien.
Ce livre fait partie de la collection à deux voix des Editions du Chemin de Fer qui consacre la rencontre inédite entre un auteur et un artiste.
Fiche #238
Thème(s) : Littérature française
Je voudrais tant que tu te souviennes
Joëlle Losfeld
1 | 248 pages | 14-05-2007 | 18.2€
Histoire de trois femmes, de rencontres, d’amitiés et d’amour. Julide a quinze ans, est la plus jeune et attend un mariage promis et organisé par sa famille. Albanala sa tante étrangère et cartomancienne lui présente son amie Mado. Les deux amies sont isolées et exclues : Nala par son statut d'étrangère et Mado ayant été atteinte par la poliomyélite a honte de sa jambe et peur des gens. Mado sort le matin très tôt pour photographier l’invisible, le petit ou le minuscule à même le sol. Nala par son métier a compris que les destins de Mado et Julide seront liés, elle sera « la passeuse » en confiant Mado à sa nièce avant de disparaître (« elle aura besoin de toi… Elle est comme un verre qui se vide, tu comprends ? Par une brèche minuscule, une toute petite fêlure, et si tu ne prends pas soin de la remplir elle disparaîtra tout à fait »). Puis arrive un homme, « l’Indien », un couvreur qui va bouleverser ce petit monde. Rencontre d’abord furtive du ciel (le couvreur) et de la terre (Mado) puis le ciel rencontrera violemment la terre... Mais Mado est vieille et elle saura s’effacer et la prédiction de Nala se réalisera… Dominique Mainard toujours avec une extrême pudeur nous ravit encore avec ce nouveau roman (voir la fiche du livre du mois) et retrouve tous ses thèmes favoris : la mémoire, les rencontres impossibles, les secrets, la mélancolie, la solitude… Une écriture superbe au service de personnages émouvants qui évoluent par petites touches et bouleversent le lecteur.
« Oh, je voudrais tant que tu te souviennes
Des jours heureux où nous étions amis
En ce temps-là la vie était plus belle
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle
Tu vois, je n'ai pas oublié
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle
Les souvenirs et les regrets aussi... »
Fiche #235
Thème(s) : Littérature française