« La folie temporaire permet d’oublier les balles. La folie temporaire est la sœur du courage à la guerre. »
David Diop
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Adrian Herzog et Martijn Van Vliet font connaissance par hasard à la terrasse d’un café provençal. Originaires de Bern, ils décident de faire le chemin du retour ensemble. Instantanément complices, Adrian découvre l’histoire de Léa et de son père, il devient le confident, le regard extérieur à cette tragédie. Après la mort de sa mère, Léa s’isole jour après jour alors que Martijn l’observe sans savoir comment la soutenir. Jusqu’au jour où, revenant de l’école, elle tombe en admiration devant une violoniste. Coup de foudre, elle veut, elle doit apprendre le violon. Martijn voit enfin Léa montrer du désir, se sent utile et soutient aveuglément sa nouvelle passion. Léa se donne corps et âme à son nouveau compagnon, talent et travail la mènent au devant de la scène alors que cette monomanie précipite son père dans une solitude désespérée et impuissante sans empêcher la folie de l’asphyxier. Il sent cette passion étouffer sa fille, mais incapable de communiquer, il ne sait comment réagir et quand il agit, avec émotion et attention, il ne fait qu’accroître la catastrophe… jusqu’à l’issue fatale. Léa et son père ont pris place sur deux toboggans qui s’éloignent progressivement l’un de l’autre et descendant de plus en plus vite vers l’enfer. Tel un violon qui pleure, ce drame inexorable et incontrôlable vous envoûtera irrésistiblement.
« La confiance en soi : pourquoi est-elle si capricieuse ? Pourquoi reste-t-elle aveugle en face des faits ? Une vie entière, nous nous sommes efforcés de la construire, de la protéger, de la consolider, sachant que c’est le plus précieux des biens, indispensable au bonheur. Ensuite, brusquement et dans un silence sournois, une trappe s’ouvre et nous tombons dans un abîme sans fond : tout ce qui était n’est plus qu’un mirage. »
« Qu’avait-il mal fait ? Que devait-il se reprocher ? D’avoir mal agi ? D’avoir mal senti ? Pouvait-on même sentir bien ou mal ? Les sentiments – n’étaient-ils pas tout simplement qu’il’étaient – un point c’est tout ? »
Article paru dans la revue "Page des Libraires"
Fiche #803
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Carole Nasser
Lors d’une représentation de Tosca de Puccini à la Scala de Milan, le célèbre ténor Antonio di Malfitano s’écroule. Il vient d’être abattu d’un coup de pistolet par l’un des spectateurs. L’assassin, accordeur de pianos exceptionnel mais compositeur raté, est dans la salle. Sa femme très malade l’accompagne. Le roman est double et débute après la mort de ces deux personnages : enquête autour de ce meurtre et quête des jumeaux de l’assassin présumé pour comprendre leur famille marquée par la musique, mais aussi pour se découvrir. Anéantis par la vie, par leur proximité, les jumeaux ne se voyaient plus et cet évènement les rapproche un instant. Ils décident d’écrire leur histoire et d’échanger leurs cahiers (7 cahiers rouges, 7 cahiers bleus) lorsqu’elle sera achevée. Le roman est constitué par la succession des cahiers, alternativement du frère et de la sœur. Progressivement, le lecteur les découvre comme eux-mêmes découvrent leurs parents. Les relations de chaque couple (fils-mère, fille-père, père-mère, frère-sœur) sont décortiquées, explorées et les ambigüités, failles, faiblesses sortent du non-dit et les mots, la langue permettront peut-être aux jumeaux d’accepter leur histoire, leur passé (« L’exploration du passé a-t-elle tant de pouvoir sur le présent ? »). Quant à l’enquête concernant les motivations ayant provoqué ce geste fatal, elle ne restera pas sans surprise ! Les jumeaux en apprendront beaucoup plus que ce à quoi ils s’attendaient… Pascal Mercier entretient ce double suspense avec une grande maitrise. Un livre dense, souvent noir, aux thèmes multiples (famille, rapports humains, amour, intimité, silence, langage, art, musique, création, ambition…), éclairé par une écriture précise à la langue riche et délicate à la fois.
Fiche #458
Thème(s) : Littérature étrangère