« Peut-on apprendre par cœur un paysage ? »
Cécile Reyboz
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Rosie, cinquante-cinq ans, célibataire, sans enfant, est Irlandaise et a parcouru le monde depuis de nombreuses années (« Ce que je cherchais dans le voyage, c’était le mouvement lui-même. Il s’agissait d’avancer, envers et contre tout, vers des abris temporaires où le bonheur est possible ») mais elle ressent aujourd’hui le besoin de revenir sur les lieux de son enfance (Kilbride) où elle retrouve son univers inchangé et Min et ses amis avec quelques années en plus. Min, sa vieille tante (70 ans), l’a élevée avec son père à la mort de sa mère. Rosie ne connaît pas grand-chose de son histoire familiale. Min est également vieille fille et sans enfant. Elle se laisse un peu aller, est quelque peu dépressive et alcoolique. En parcourant des ouvrages pour tenter de l’aider, Rosie découvre des livres concernant le développement personnel, se dit qu’elle connaît bien les questionnements des cinquantenaires et envisage d’éditer un livre sur le sujet. Pour cela, elle contacte un ami irlandais émigré aux Etats-Unis impliqué dans le monde de l’édition. Pour aller le voir, elle se voit obliger de laisser Min dans une maison de repos. Mais Min ne supportant pas cette nouvelle vie rejoint Rosie aux Etats-Unis et c’est une révélation. Min revit, a des projets, des amis, retravaille et décide de rester aux Etats-Unis. Rosie s’en inquiète mais repart en Irlande où elle prend possession d’une vieille maison familiale isolée sur la côte irlandaise dont elle tombe amoureuse. Epaulée par ses amis, elle la remet en ordre et s’y installe. Mais même si elle tente d’y retrouver ses racines (sa mère et sa tante alors enfants ont vécu dans ce lieu), il est aussi particulièrement propice aux diverses interrogations qu’une femme de 55 ans célibataire et sans enfant peut se poser… Les personnages de Nuala O’Faolain sont terriblement attachants et les thèmes abordés sont multiples, toujours traités avec humanité (le ton est souvent joyeux malgré les doutes existentiels des personnages) et certainement proches de l’auteur (décédée à 68 ans en mai 2008) : le temps, vieillir et l’acceptation de son âge, la solitude, l’enfantement, la filiation, l’amour, la séduction, la famille, l’amitié, les rapports intergénérationnels, et non le moindre le bonheur ! Rosie et Min forment vraiment un couple singulier, très vivant et particulièrement attachant.
« De toute façon, je ne vois vraiment pas pourquoi on se donne tant de peine. On déploie mille ruses pour affronter le vieillissement, et quel est le résultat ? On meurt, c’est tout »
« Mais qu’est-ce que tu fais de l’amour ? n’ai-je pas pu m’empêcher de crier. Qu’est-ce que tu fais du désir ? Je n’arrive pas – j’ai beau essayer, Peg, je n’arrive pas à admettre que le monde me considère comme finie alors que je me sens encore en pleine vie. »
Fiche #450
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Judith Roze