« Etre pauvre, c’est savoir se jeter sans état d’âme dans un ailleurs. Plier sa vie dans une valise en carton bouilli, entre quelques vêtements et des rêves de second choix. »
Paola Pigani
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Un homme meurt bizarrement sur son vélo, deux physiciens amis, Sebastian et Oskar, s’affrontent devant leur divergence théorique. Oskar provoque Sebastian dans un duel télévisé pour régler leur désaccord : Qu’est-ce la réalité ? Est-elle unique ? Existe-t-elle en dehors de notre perception ? Mais cette soirée ne peut que marquer un tournant dans la relation de ces deux amis et Maïke, la femme de Sebastian, le pressent. Sebastian suite à un odieux chantage enfile la peau d’un meurtrier et lui, l’adepte des mondes multiples, doute que cet homme continue de vivre dans un monde parallèle. Un officier de police malade et amoureux vient participer aux débats… Julie Zeh continue sa route avec un nouveau roman ambitieux mêlant métaphysique et physique quantique face à la grande question du réel et de sa perception.
Fiche #465
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Brigitte Hébert,
Jean-Claude Colbus
L’héroïne Ada de Juli Zeh est élève dans un lycée privé fréquenté par des jeunes fortunés. Ada est quelque peu en marge et intrigue voire effraie les autres élèves : sa réputation s’est établie quand elle tint tête avec ses réparties froides et directes à un professeur réputé pour sa sévérité. Elle est froide, directe, surdouée, sans espoir mais pas totalement nihiliste, animée de pulsions destructrices, parfois cynique, souvent violente et sans scrupule ni artifice. Elle rencontre Alev de trois ans son aîné démoniaque et manipulateur. Elle le sonde et mesure sa puissance : "Elle voyait trop bien pourquoi Alev s'intéressait à elle. C'était le même intérêt que celui du joueur d'échecs ambitieux pour un cavalier bien placé". Lentement, Juli Zeh décrit l’engrenage qui amènera Ada et Alev à exercer un chantage sordide sur un professeur admirateur de Musil (comme J. Zeh) vite repéré par le lecteur et Ada pour sa vulnérabilité. La douceur de l’écriture tranche avec les violences des sentiments et des situations.
« A la différence de la machine, l’homme est capable d’inconséquence, il a le don d’esquiver une difficulté quand il pressent d’instinct qu’il lui faudrait s’attaquer à l’infini. Alors que l’ordinateur décroche, l’homme se contente de hocher la tête, de rire ou de pleurer avant de poursuivre tranquillement son chemin. »
« Teuter parlait du merveilleux système démocratique dans lequel ils vivaient tous et auquel il convenait d’acclimater les jeunes gens comme on acclimate les animaux aux conditions d’une petite réserve naturelle bien confortable. »
« Aucun philosophe n’écrirait un gros livre s’il savait d’avance comment on va le citer plus tard. Quand on a interdit à l’homme de connaître l’avenir, on ne voulait que son bien. »
« Au fond, Smutek voulait leur raconter la blague la plus brève qui soit : Deux hommes se rencontrent. Il y en a un qui dit : je suis heureux. »
« Aucun évènement n’est aussi grave que la peur qu’il vous inspire d’avance. Et elle compléta la formule : « Rien n’est pire que de rester indemne, car on est livré sans recours à sa peur. »
Fiche #220
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Brigitte Hébert,
Jean-Claude Colbus