« La vie, elle, s’écrit directement au propre. Ni gomme, ni rature, ni page arrachée, recommencée, recopiée ne lui sont accordées. »
Marie France Versailles

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Romans traduits par Santiago Artozqui

Caleb Azumah NELSON

Nos petits mondes
Denoël

3 | 340 pages | 14-07-2024 | 22€

Stephen est un jeune membre de la communauté ghanéenne exilée à Londres et nous fait partager trois de ses étés depuis l’enfance, une mère tendre et aimante, un père avec qui les relations seront tendues puis distendues, un frère aîné toujours présent. Face aux soubresauts de la vie, aux difficultés de l’exil, au racisme ordinaire, Stephen (comme son entourage proche) devra trouver comment se construire des « petits mondes », faire discrètement un pas de côté pour vivre. Et pour lui, cela ne passera pas par les études mais parfois par la cuisine puis par la danse et surtout la musique. Trompettiste, la musique le passionne, son pouvoir, sa capacité à nous aider à surmonter les épreuves (« Je ne me suis jamais trouvé que dans les chansons, entre les notes, dans ce lieu où la langue ne suffit pas… »), son universalité. Un superbe et attachant portrait d’un jeune homme discret porté par la musique, de sa vie, ses espoirs, ses tourments, ses déceptions, ses amitiés et amours. A noter le style de Caleb Azumah Nelson en parfaite adéquation avec les rythmes musicaux et les refrains adulés par Stephen.

« Alors la langue m’a toujours semblé un fardeau plutôt qu’un outil. Elle est toujours coincée quelque part, on perd toujours quelque chose entre l’émotion et l’expression. C’est la raison pour laquelle je me suis constamment tourné vers le son ; la façon dont une petite mélodie évoque un cœur brisé, dont un cri parle à notre euphorie, ou un gémissement à notre chagrin. La musique, le rythme, irréfutables. Le son nous aide à être plus proches de ce que nous ressentons. »

Ecouter la lecture de la première page de "Nos petits mondes"

Fiche #3197
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Santiago Artozqui


Marsha MEHRAN

Eau de rose et Soda bread
Philippe Picquier

2 | 375 pages | 16-08-2023 | 22€

Certains lecteurs avaient déjà poussé avec bonheur la porte du Babylon Café dans Une soupe à la grenade : on retrouve en effet les trois sœurs iraniennes Marjan l’ainée, Leila et Bahar exilées et on continue de suivre leur nouvelle vie irlandaise sous toutes ses facettes. Elles ont toutes souffert en Iran et ces souffrances continuent d’avoir des conséquences sur leur comportement, leur vie au jour le jour, surtout qu'elles ne partagent guère leurs tourments. Marjan assume tout, prend tout en charge, sa santé, leurs santés, le restau, leurs peurs, leurs peines... Mais il est peut-être temps qu’elle se réserve un espace de liberté avec une rencontre amoureuse... On retrouve également Estelle Delmonico, veuve italienne d’un pâtissier, qui les avait aidées à ouvrir leur restaurant, comme ceux qui les acceptent, qui acceptent la différence et les autres notamment les vieilles rombières catholiques et autres commères qui n’hésitent pas à passer l’action... Estelle découvre sur la plage une jeune femme très jeune, très belle, des mains singulières et merveilleuses, presque morte, une vraie sirène. Elle l’emmène chez elle et appelle le médecin (pakistanais) qui dresse le diagnostic. Estelle refuse de la juger et préfère coûte que coûte la sauver et l’aider. Elle met Marjan dans la confidence. Le trio emmène la belle inconnue mystérieuse à l’hôpital avec un retour rapide à la maison. Ils vont alors rechercher l’identité de cette jeune femme qui à son réveil ne les aidera pas en gardant le silence. Une vraie enquête qui les éclairera sur l’identité de cette femme, son histoire et les causes de sa disparition. Un récit enlevé avec des personnages attachants et à nouveau la cuisine iranienne au centre du récit (avec des recettes à la fin du récit) pour notre plus grand plaisir, les épices, les odeurs, les herbes, les plantes et la conviction que la cuisine reste essentielle en aidant, rapprochant, et soignant.

Ecouter la lecture de la première page de "Eau de rose et Soda bread"

Fiche #3074
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Santiago Artozqui


Marsha MEHRAN

Une soupe à la grenade
Philippe Picquier

1 | 295 pages | 27-09-2021 | 21€

Trois sœurs ont suivi le chemin de l’exil dans les années 80. Elles ont fui l’Iran et se retrouvent dans un petit village d’Irlande où elles ouvrent rapidement le Babylon Café. Et les odeurs, goûts, parfums et mets préparés vont conquérir avec quelques hésitations voire réticences la majorité des autochtones. Il faut dire que les odeurs et les mets semblent irrésistibles et peu pourront résister. Les sœurs savent bien que partager un repas n’est pas seulement une affaire alimentaire, bien plus se retrouve sur et autour de la table avec ces plats préparés avec amour : partage et plaisir ouvrent parfois des portes inattendues. La préparation de ces plats est aussi à l’image des relations, des liens noués autour du Babylon Café, tout prend sens, comme le recours à la grenade, « le fruit de l’espoir ». Tout en développant leur nouvelle activité, il leur faudra aussi tenter de faire la paix avec leur passé douloureux et les évènements violents vécus qu’elles nous feront connaître. Vous partagerez avec grand plaisir ce destin de trois sœurs sur le chemin de l’exil bien décidées à prendre en main leur destin, laissez-vous envoûter par les odeurs sensuelles de la cuisine iranienne que vous pourrez même éprouver avec les recettes introduisant chaque chapitre.

Ecouter la lecture de la première page de "Une soupe à la grenade"

Fiche #2773
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Santiago Artozqui